Les onze : Solaris

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Yutopia se réveilla lentement sous les premiers rayons naissants du soleil. En haut sur un balcon, un homme cheveux d'or tenait fermement un sceptre et semblait se concentrer. Élever l'astre du matin n'était pas une chose aussi facile à effectuer, même pour un dieu qui a exécuté cette tâche durant des milliers d'années. Quand celui-ci fut enfin levé, le jeune homme repartit à l'intérieur de ses appartements. Il mit beaucoup de temps à se préparer. Quelqu'un vint frapper à la porte de sa chambre.

– Eh la diva ! Dépêche-toi, on a un conseil ce matin !

– J'arrive... dans quelques secondes !

Solaris sortit de ses quartiers en ouvrant la porte par un grand coup de pied. Il se dirigea d'un pas confiant vers la salle à manger. Les autres Zodiaques, comme on les appelle, étaient déjà présents. Même Sélénia, déesse de la lune, qui semblait être extrêmement fatiguée, était venue. Solaris s'assit au fauteuil portant son emblème, le soleil. Solaris ne salua aucun d'entre eux et adressa un regard rempli de haine à ses petites sœurs, Sélénia et Ellipsa. Il commença à manger une figue séchée en les surveillant du coin de l'œil. Il grogna quand Ellipsa voulut prendre un morceau de pain pour se faire une tartine de fromage.

– Bon tu as terminé Solaris, dit Sélénia excédée, non seulement tu es en retard, mais en plus tu ne permets laisser la pauvre chou manger ?

– Arrête de m'appeler le pauvre chou. Je suis grande maintenant ! J'ai plus de 1000 ans.

Affligeant, pensa Solaris. Ellipsa se servit quand même malgré les grognements de son frère. La jeune déesse de l'éclipse semblait n'en faire qu'à sa tête, comme toujours.

– Bien, aujourd'hui nous avons une journée assez tranquille, commença Solaris. Les paysans et autres de nos larbins vont nous laisser en paix pendant que nous allons gouverner cette bande de débiles.

Les autres furent choqués par ces propos. Des Onze Dieux des Zodiaques, ce fut Mercurius, le dieu de la sagesse qui prit la parole.

– Solaris, notre peuple ne doit pas être traités comme des esclaves ou une bande d'imbéciles — bien que la majorité le soit particulièrement, mais ce n'est pas une raison valable !

– Mercurius... notre peuple est naît afin de nous servir et de nous obéir. En échange, je fais se lever le soleil, Sélénia lève la lune et on les protège derrière nos frontières. Alors tu te tais et tu te rassois.

– Mais ce n'est pas une raison de les traiter comme des chiens, défendit Sélénia.

– Silence ! Ce n'est pas une femme qui dit ce que je dois faire.

– Hey, les divins, vous avez fini de crier ? On ne peut même pas profiter du silence de la mort qui ne peut pas nous atteindre, dit Daku de son habituel ton las.

– OUAIS, FERMEZ LÀ, hurla Martis de manière pas très subtile. ON NE PEUT MÊME PLUS S'ENTENDRE PARLER ENTRE NOUS !

– Vous osez me couper la parole, rugit Solaris avec colère.

– Oui, alors maintenant, tais-toi et mange tes tartines, fit Saturnia.

Saturnia était la déesse du temps et avait un soupçon d'autorité sur le dieu du soleil depuis qu'elle l'avait changé plus ou moins accidentellement en vieillard. Elle lui avait rendu son apparence normale et depuis, Solaris semblait craindre sa colère. Il mangea donc ses tartines, marmonnant entre ses dents des choses incompréhensibles. Nepuchun et Uran, respectivement dieu de la mer et déesse du vent, semblaient pouffer de rire depuis leur coin de table.

Un jeune homme entra dans la pièce. Il portait une dizaine de parchemins dans ses bras qui ressemblaient plus à des pattes de chats. Des oreilles de chat dépassaient du crâne du jeune apprenti. Il distribua les parchemins entre les différents dieux. Solaris refusa de prendre le parchemin.

– Ne me touche pas, impur ! Même indirectement !

– Solaris... on en a déjà parlé. Maintenant, laisse Swirl faire son travail, fit Mercurius fatigué de l'attitude de Solaris.

– Mais ce n'est même pas un homme ! Il a des oreilles et une queue de chat !

– C'est un neko Solaris, tous les individus de son espèce ont ses caractéristiques. Ils ont aussi des griffes alors fait attention, dit Sélénia.

Solaris prit le parchemin à contrecœur. Encore des obligations royales... en plus, il allait devoir recevoir les paysans durant un après-midi entier. Un après-midi, un temps précieux gâché pour écouter des gueux et autres pauvres femmes qui se plaignaient comme quoi elles voudraient avoir le même salaire qu'un homme qui serait au même poste qu'elles. Déjà, il faudrait qu'elles travaillent, car beaucoup de femmes d'Yutopia étaient au foyer. Et de plus, Solaris ne voyait pas l'intérêt à ce que les femmes soient égales aux hommes. Qu'elles restent dans leurs cuisines et qu'elles s'occupent de leurs enfants, Solaris avait des choses plus importantes à penser que ça.

Les dieux sortirent de la salle à manger afin d'aller dans l'antichambre de conseil. Les ministres et toute l'administration royale étaient présentes. Quand Sélénia entra dans la pièce et partit s'asseoir à côté d'un homme du gouvernement, celui-ci décala sa chaise un peu sur le côté. Ce ministre fixait la belle déesse lunaire avec crainte. Il semblait longuement dévisager chaque partie de son corps, de ses cheveux argentés à sa magnifique poitrine. Alors que son regard s'attarda sur cette partie de l'anatomie de la jeune femme à la chevelure majestueuse, celle-ci le remarqua et le gifla très fort. Toute l'assemblée se retourna soudainement vers elle et fixait la souveraine. Apeurés, et choqués par la réaction qu'ils jugeaient excessive, les ministres décidèrent de repartir dans leurs petits documents avant d'avoir à faire à la divinité lunaire.

YutopiaWhere stories live. Discover now