Défis d'écriture

1 : Parfum

(Thème : Parfum, Genre : Romance, Contrainte : 2eP sg, Mots imposés : "apaiser, châtaigne et salvateur")

Tu la regardes... Elle ne le sait pas, mais tu la regardes. Depuis un certain temps déjà, tu ne parviens plus à détacher ton regard de son visage quand tu la vois. Elle entre dans ton champ de vision et tu ne peux plus la quitter. Ton cœur bat, tu trembles, tu l'admires, mais... Mais tu sais que elle, ne t'aimera jamais.

Cela fait maintenant deux ans que tu la connais, que tu tentes de t'approcher d'elle, que tu essayes d'être naturel avec elle pour qu'elle puisse te connaître et t'apprécier à ta juste valeur. Mais aussi ardent que soit ton Amour, tu sais qu'elle ne t'appréciera pas aussi fort que tu le désires.

Pourquoi ? Parce qu'après deux ans, tu vois que ça n'a toujours rien donné, qu'il y a constamment quelqu'un pour se mettre entre toi et elle, que jamais tu ne pourras être heureux. Tu te demandes si tu déprime, si tu deviens parano au point d'en vouloir au monde entier, de rejeter ta propre incapacité sur les autres ? Tu as raison de te le demander, parce que c'est le cas... Ou alors tu es mort d'amour pour elle, et tu sombres dans le désespoirs...

Mais dans ce même désespoir, tu tombes davantage dans les ténèbres, en comprenant que tu as des sentiments que RIEN au monde ne pourrait apaiser excepté une chose, et que comble du désespoirs, cette chose est un baiser qu'elle pourrait t'offrir, et son regard scrutant tes yeux.

Mais ce même baiser tu l'attends depuis plus d'un an, un an !! Mais tu es fou, comment as-tu pu attendre un an, patienter un an, alors que tu ne parviens même pas à la lâcher des yeux ne serait-ce que cinq minutes ? Tu ne comprends pas comment tes sentiments ne t'ont pas forcer à lui poser la question qui te hante, toi qui l'aime tellement...

Tu es en train de te faire ces réflexions lorsqu'elle tourne la tête vers toi, et tu te rends compte que tu étais camouflé derrière un lampadaire, comme un stalker (ce que tu n'es bien évidemment pas), et tu décides de rapidement sortir de ta cachette pour avoir l'air naturel. HAHAHA, imbécile ! Tu la prends donc pour une idiote... EVIDEMMENT qu'elle t'a vu la fixer, la mater comme un salaud derrière ta cachette en carton !! Elle se tourne vers ses amies et rigole gentiment.

A la vue de son sourire si épanoui, de ses dents blanches, de ses yeux... Ses yeux... Si beaux, si...éclatants !! Deux saphirs merveilleux, brillant à la lumière d'un feu doux, celui de ton cœur qui brûle pour elle. A la vue de tant de beauté et  d'innocence, ton cœur fond, et tu ne peux t'empêcher de sourire toi aussi. Mais est-ce réellement de l'"innocence" ?

Tu as un doute quand à sa gentillesse en cet instant même... Non, elle se moque de toi, bien évidemment ! Tu es STUPIDE, tu as osé imaginer, croire, qu'elle éprouvait la moindre bienveillance pour toi ? Que ses sentiments étaient aussi ENORMES que les tiens ?? Tu t'en souviens soudainement : elle ne pourra jamais te rendre l'Amour que tu veux lui offrir... Tu baisses la tête en cessant de sourire et t'en vas, déçu de ta propre naïveté et mécontent. Et triste, triste à en mourir...

Ton cœur est déchiré, car tu savais que tu la voyais pour la dernière fois et que ta lâcheté t'aura amené à cette situation. Ton âme est mutilée, détruite par un simple rire, celui que tu as entendu durant deux ans et que tu n'entendras plus jamais. Ce rire que...tu n'entends plus ? Tu te dis que tu es trop loin et que tu ne peux plus les entendre se moquer.

Puis tu sursautes !! Une main s'est posée sur ton épaule et tu l'as ressentie comme une brûlure de braise ! Tu ne t'y attendais pas et tu te demande : qui est l'imbécile qui... ??

Mais ? C'est elle ? Elle est là, devant toi ! Elle ne bouge pas, te regarde dans les yeux, scrute ton visage... Elle a l'air malheureuse, bien plus que toi. Tu as l'impression que toute la tristesse du monde est concentrée dans ces yeux qui, il y a à peine quelques secondes, riaient et brillaient. Tu n'as jamais été aussi près d'elle, et tu prends conscience que tu ne l'avais jamais VUE... Tu la regardais, mais sans la voir... Tu la regardais pour toi. Mais elle est là à présent, ton cœur ne bat plus, le temps est figé tandis qu'elle regarde ton visage, les sourcils froncés, les lèvres entrouvertes. Lèvres qui se tendent maladroitement en un sourire doux et salvateur. Un sourire qui rassure et calme.

Tu désires que les secondes deviennent des heures, et qu'elle te contemple ainsi pendant plus de temps. Ses lèvres bougent, elle parle... Ce mouvement te sort de ta torpeur et redémarre le temps. Elle te parle, mais tu ne la comprends pas. C'est assez embêtant et tu te contentes d'acquiescer. Ton cœur bat au rythme de ses lèvres, tu n'entends plus, ne vois plus. Elle a posé sa main sur ta joue, et l'autre derrière ta nuque... Tu ne t'y attendais pas et a un léger mouvement de recul, mais tu forces tes jambes à ne pas bouger. Elle se sert contre toi et tu sens ses lèvres se poser sur les tiennes.

Tu as perdu tous tes sens, ton cerveau ne répond plus. Il perçoit un unique signal. Une odeur plus précisément. La châtaigne... Son parfum sent si bon... Jamais encore tu ne l'avais senti, mais tu sais qu'aucun parfum n'aurait mieux accompagné ce moment. Il trône dans ton esprit, lui et la sensation de ses lèvres contre les tiennes. Tu la sers contre toi... Tu l'Aime, tu l'Aime et tu ne la quitteras jamais ! Tu ne la laisseras jamais, parce que tu l'Aime !

Et pendant que tu te fais cette réflexion, tu ne sens plus la sensation de ses lèvres... Ses mains t'abandonnent, libèrent leur emprise que tu ne voulais pourtant pas quitter. Tu rouvres les yeux et poses un regard doux, apaisant, sur ces magnifiques saphirs. Ses yeux brillent à nouveau, mais d'un éclat triste accompagné de larmes aux commissures des ses yeux bleus.

Tu lui avoues tout ce que tu avais sur le cœur depuis trop longtemps et elle baisse les yeux. Elle le savait, elle s'en doutait, mais avait préféré laisser le temps faire et avait désiré que tu fasses le premier pas. Mais jusqu'au bout tu as manqué de courage, et tu te sens lâche... C'est si soudain... Lâche de n'avoir rien fait, rien avoué, et d'avoir abandonné avant la fin, de ne pas avoir saisi toi-même TA dernière chance, et d'avoir sombré dans le désespoir. Elle glisse un papier dans ta poche, te dit au revoir et se précipite. Tu respirais de la lumière, voilà qu'elle se change en fumée, et tu retombes sur tes pieds.

Tu saisis le papier dans le creux de ta main. Il brille sous tes yeux et tu te souviens de son parfum. Tu fermes les yeux, respire avec profondeur... Tu la revois, son sourire, son visage éclairé et lumineux, ... et son parfum...