M Y L A
J'ai à nouveau eu envie de pleurer. De le secouer lui, jusqu'à ce que ses os me supplient d'arrêter. Jusqu'à ce que Adam cesse de fumer la mort en espérant l'attraper.
-Pourquoi as-tu pleuré ? chuchote-t-il dans la nuit qui aspire toutes nos facettes humaines.
La gorge serrée, je sors mon portable et tappe sur un bloc note électronique. Mes mains tremblent.
_Pourquoi es-tu en colère, toi ?_
Il hausse un sourcil en se rassayant contre le mur, ravalant ainsi la colère que son paquet de cigarettes volé lui a momentanément provoqué. Mon manteau tombe soudain de ses épaules. Il le repositionne dans un geste inconscient. Il ferme les yeux, comme tout à l'heure avant de les rouvrir laborieusement. La lune éclaire son visage si pâle dans ce monde soudain si sombre.
Il allume son portable, tape quelques mots volatiles avant de me le tendre. Il m'offre un sourire qui présente une douleur au fond de ses yeux noyés dans une profonde colère impunie.
-Tu n'as pas répondu à ma question.-
_Toi non plus._
-C'est moi qui ai commencé les questions, c'est à toi de commencer à répondre.-
J'aime soudain cet échange silencieux qui s'imprime sur nos portables et nos esprits. Cet échange même, créant un nouveau souvenir. Comme refermant une plaie vivante.
_J'ai pleuré pour l'incompréhension des gens. Je pleure à l'idée qu'ils ne me voient pas comme je suis véritablement_
-Et comment es-tu ? Véritablement.-
Je le regarde doucement et m'étonne de ce que je vois. C'est un petit garçon qui a tapoté ces paroles sur le téléphone. Un fragment d'enfance qui s'est enfermé en lui et qui résonne quand la douleur ressurgie dans les flots de son esprit à la dérive.
C'est drôle tu sais. Parce que sa colère flamboie. C'est une flamme amère qui rougoie dans la braise, et pourtant... Pourtant son esprit semble s'être noyé dans des eaux sans fond.
J'inspire puis écris.
_Je ne sais pas. Tout ? Rien ? Mais jamais ce qu'ils pensent sans arrêt._
Après avoir écrit ces paroles dépourvues de réponses exactes, Adam pose son regard un instant sur moi. Ses yeux sombres brillent dans le néant des choses qui s'amusent à disparaître.
-Les gens sont de gros connards, ils ne savent plus regarder et voir la vérité, tellement ils sont habitués à mentir et à croire le mensonge.-
Je me rassois à ses côtés et je contemple dans l'obscurité et les ombres qui dansent, le mur en face de celui contre lequel nous sommes appuyés. Le monde ne m'a soudain jamais paru plus doux, mélancolique et réconfortant à la fois. L'eau claque sous nos corps, contre les rochers pointus qui vacillent dans le courant et l'écume.
_Pourquoi es-tu en colère, Adam ? _
Il lâche un sourire malicieux. Je le sens soudainement joueur. Il ne veut pas me répondre, je le vois bien. Mais je suis prête à lui arracher le moindre fragment de mot, pouvant éventuellement sortir de sa bouche. Le voir expulser la rage qui le tue un peu plus chaque fois qu'il l'étouffe. J'insiste alors :
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L'être de l'Aube
Dla nastolatkówIl s'est tellement voilé la face qu'il ne sais plus ce qu'il est. Il a cherché, encore et encore ce que les autres lui cachaient, mais tellement, qu'il en a oublié de se trouver. Il n'est plus rien qu'une enveloppe vide qui résonne, seule, per...