Épilogue

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Je suis une âme seule, perdue qui est là, sans être vue. Je me promène dans les ruelles, sous la pluie. Tu peux me croiser la nuit, les jours d'orages, lorsque le ciel se déchaîne et pleure. Des cheveux longs, beaucoup trop longs, victime de tout ce temps à errer, des yeux vert vides et un corps plein de cicatrices, victime de la vie. Les gens me surnomme la « femme grise ». Les hommes me prennent pour une prostituée, à sortir seulement le soir. La lune est seule témoins de mes galères. Je suis encore jeune, mais les gens me donne le triple de mon âge. Le jour, personne ne peut me trouver, je m'efface et je disparais, la nuit, on peut souvent voir mes yeux émeraudes vides regarder le ciel, les larmes brouillant ma vision. Mon nom, j'ai préféré l'oublié, même si je sais qu'il est caché dans les replis de ma mémoire, si je m'y aventure je le trouverai, mais je ne veux pas me connecter avec le passé. Je m'appelle Eden, fille de la Lune. Je ne sais pas ce à quoi je sers, je n'ai pas de passé ni de futur, destiné a une vie morne. Je suis spectatrice de ma propre vie. Je survis grâce à mon boulot, je n'ai aucune possession et aucun désir, autre celui de trouver ma place dans ce monde. Je suis éteinte. J'ai offert mon âme au diable et je me compte pas la reprendre, ma place en enfer je vais l'avoir cherchée et méritée, peut-être que Satan sera compréhensif envers moi, deux êtres sans cœur destinés à semer l'horreur et la douleur dans le cœur des gens. Encore une fois en cette douce nuit, ces couloirs sombres de bétons m'ouvrent les bras et m'étreignent, comme pour me dire qu'ils ne me laisseront pas, peut importe le nombre d'atrocités que je commet. La résonance de mes pas sur le sol de pierre et l'humidité me collant à la peau ne devrait pas m'être autant familière, même si elle l'est malheureusement. Une seule porte défraîchie de sa peinture orange brunâtre se tenait face à moi, bien que je sache que cette dernière n'était qu'un stratagème, une illusion. Je toquais plutôt 4 coups brefs et un coup plus posé sur le mur dur et froid à un mètre de la porte inutile. Un grincement et un léger bruit de mécanisme se fit entendre au travers du mur pendant qu'un fin bout de cloison de 15 centimètres coulissa pour me laisser entrer. On aurait dit un film d'espion, hors de la réalité, un film qui pourrait nous faire rêver, avec une fin heureuse, des larmes aux yeux et des sourires resplendissants. Mais un film est un film, un ramassis de mensonge assaisonné de faux et de fabulation. La réalité me rattrapa, rester perdue dans ses pensées peut vous trahir, j'écrasai mentalement ces pensées futiles et ennuyantes. Le présent est la seule chose sur laquelle on peut compter, le passé est traitre et le futur inexistant. J'avançai dans la pièce dissimulée au public, refermant l'ouverture sur mon passage d'une simple pression vers la droite pour la faire coulisser. Je soupirai. 687 jours dans cet enfer et ce trafic douteux. L'obscurité de la pièce me collait à la peau, apaisant mon esprit pendant quelques courtes minutes, me laissant agréablement penser à une autre réalité, même si je sais très bien que c'est impossible, seul les gens riches peuvent vivre une belle vie. La lumière s'ouvrit brusquement, m'aveuglant. Léonie se tenait devant moi dans une tenue de cuir, tenue encore plus révélatrice que d'habitude, juste quelque morceau noir lustré cachait sa poitrine et son entre-jambe.
-T'as plus assez d'argent tu commences prostituée? Lançai-Je à la jeune femme de 2 ans mon aînée.
Elle éclata d'un rire cristallin, la main devant sa bouche, comme dans un dessin animé.
-Tu ne me trouve pas alléchante ? Répondit-elle en me faisant un clin d'œil et en roulant des hanches.
Je levai les yeux au ciel, dire que cette fille de 19 ans était déjà dans une situation plus que favorable et qu'elle était mon boss, n'importe qui aurait éclaté de rire.
-Bon, commença t'elle en reprenant un air sérieux, la victime de ce soir s'appelle Marius Leth, 1560 rue Faubourg, aucune directive, juste le minimum.
-Compris
J'attachai mes cheveux ternes en queue de cheval haute avant d'attraper mon sac contre le mur n'étant utile que le nuit. Je sortis par une autre cavité cachée dans le mur et j'étais repartie.
Je m'appelle Eden, j'ai 17 ans, et je suis tueuse à gage.

Munitions d'amour et de haineOù les histoires vivent. Découvrez maintenant