PROLOGUE

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-Don't you know I'm dangerous?
Fire burning in my blood
I got this handled
I don't need rescuing
You can call me a princess all you like
'Cause you like to keep me helpless by your side
But it ain't what I want, I'ma show you
How to treat me like a queen-

Prologue: "L'eau à la bouche"

Décembre 2013

Vous ne le croiriez peut-être pas si je vous le disais aujourd'hui mais l'idée de fumer m'avait toujours répugnée. C'était toujours le cas d'ailleurs. Juste le fait de penser que je prenais le risque de m'abîmer la peau plus qu'elle ne l'était déjà ou même de bousiller ma dentition me donnait froid au dos. Pourtant toutes ces peurs ne m'empêchaient étrangement pas de continuer. Bien au contraire, j'avais l'impression d'en avoir de plus en plus envie tous les jours. Et cette seule envie suffisait à me faire oublier toutes les appréhensions que je pouvais avoir concernant l'altération de mon apparence physique.

Je passai mes bras autour de mon corps pour me protéger du froid, mon sweat n'étant pas assez épais pour me tenir chaud. J'aurais aimé avoir pris quelque chose de mieux adapté à l'air glacial du mois de décembre, mais la dispute que j'avais eu avec ma mère ce matin-là m'avait donné envie de m'échapper le plus vite possible. J'aurais peut-être dû contrôler le sentiment de révulsion que j'avais ressenti à son égard au moment où je l'avais découverte en train de fouiller dans mon tiroir. Enfin.

L'hiver était loin d'être ma saison préférée, je dois l'avouer. Elle annonçait les fêtes de fin d'année, mon pire cauchemar. Enfin, j'exagère. Ou peut-être pas. Quoi que je dise, vous me croiriez, n'est-ce pas ? Dans ce cas, je dirais que la vérité c'est que j'aimais bien l'esprit de fête qui régnait chez moi pendant cette période, l'odeur de la dinde qui cuisait dans le four, et puis la bûche qui se trouvait toutes les années au même endroit dans le réfrigérateur, la maison qui gazouillait des voix des différents membres de la famille qui nous rejoignaient pour Noël... tout pour passer une excellente fête, je vous l'assure. Je remontai ma capuche sur ma tête dans l'espoir de moins sentir le courant d'air. C'était déjà une chance qu'il n'avait pas neigé. L'arrêt de bus était quasiment vide. Je m'y appuyai et me relevai presque aussi vite car le métal était glacé. Qu'est-ce que je ne donnerais pas pour une cigarette là de tout de suite ! Je triturai le paquet dans la poche de mon sweat que j'avais arraché des mains de ma mère ce matin, juste avant que je n'eusse décidé de passer la journée chez mon amie. J'y serais bien restée pendant encore quelques jours si aujourd'hui n'était pas le jour du réveillon de Noël.

Je scannai mes alentours pour faire passer le temps, cela faisait dix minutes que le bus aurait dû avoir été là. Un homme de la quarantaine avec un sac de courses, le visage rougi par le froid parle frénétiquement au téléphone avec, je suppose, sa femme, un groupe de jeunes adolescents certainement pas plus vieux que moi parle à haute voix, rigolant presque toutes les trente secondes. L'un d'eux, cigarette à la main, était assis sur le muret à côté de l'abribus et parlait peu, trop concentré à savourer ce pur moment de bonheur. Je le comprenais, j'imaginai ressentir cela moi aussi, sentir la fumée s'imprégner de ma bouche, la laisser s'y installer, puis la laisser s'échapper et se dissiper dans l'air. J'observai la fumée onduler au-dessus de lui alors qu'il rejetait la tête en arrière, les yeux fermés. Ça me mettait l'eau à la bouche. C'est comme, lorsque je suis affamée et que je n'ai rien à manger, quand je passe devant la vitre d'une pâtisserie. C'était ça. J'avais faim. J'avais faim d'une cigarette, mon corps en réclamait.

Soudain, j'eus une idée. S'il avait une clope allumée, c'est qu'il avait un briquet n'est-ce pas ? Ma mère avait été beaucoup plus rapide que moi ce matin et me l'avait confisqué. Je ne l'avais jamais vue aussi fâchée de toute ma vie. Et puis de toute façon, pourquoi elle s'en mêlait ? C'était mon corps, et j'en faisais ce que je voulais ! Pour revenir à ma brillante idée, je ne savais pas comment j'avais réussi à aller vers cet inconnu avec l'intention de lui demander son briquet, peut-être que la façon qu'il avait de fumer comme si c'était la plus belle sensation au monde m'avait fait perdre mes sens et m'avait fait oublier toute ma timidité. Il fumait élégamment, si je puisse dire, comme si c'était un art qui devait être produit avec soin. On aurait dit qu'il avait pour unique but d'attirer des âmes faibles comme la mienne, des âmes qui avaient déjà goûtées à cette magnifique sensation qu'est de fumer. Je retirai ma capuche et m'avançai rapidement vers le groupe, les yeux fixés sur le jeune homme que je vis parler pour la première fois depuis toute à l'heure. Son attitude m'émerveilla tellement que je ne me rendis même pas compte lorsque j'arrivai devant eux, je crois que je m'étais juste immobilisée à quelques centimètres d'eux car ils s'arrêtèrent de parler et me fixèrent du regard. Ça n'avait rien d'un regard amical, ni méchant, non, juste un regard étonné, interrogateur.

Les Âmes Brûlées Où les histoires vivent. Découvrez maintenant