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__Cette journée, je n'ose le dire, est sans égale, une véritable merveille !

S'écria Mélissa tout en se laissant tomber sur le lit avec un soupir de contentement, avec l'esprit manifestement en pleine ivresse de rêve, tandis que Julie et moi échangions un regard amusé.

Je refermai mon cahier puis posai mon coude sur la table et y déposai délicatement ma tête pour observer cette scène avec une attention presque bienveillante.

Mélissa : J'ai eu l'honneur de le contempler de loin, bien que, je l'admets sans détour, cette vision ne m'ait nullement satisfait. Cela demeure un privilège, certes, mais bien trop partiel pour apaiser le tourment de mon cœur.

Julie : C'est là un comportement des plus risibles, Mélissa. Te perdre dans de telles effusions pour un homme qui, de toute évidence, ne t'a même pas remarquée... C'est une illusion que tu nourris là, rien de plus.

Mélissa : Mais c'est toujours au terme de l'effort que l'on touche à l'essence même de l'étoile. Ce n'est pas dans la facilité que se trouve la récompense, mais dans la persévérance et l'attente.

Julie : Pourtant, je dois te faire remarquer, non sans une certaine réserve, que tu parais plus âgée que lui. Le jeune prince n'a que 22 ans. Tu oses vraiment penser qu'il puisse accorder la moindre attention à une femme de 25 ans, telle que toi ?

Mélissa dont le visage se fermait légèrement sous l'effet de la remarque de Julie, fronça les sourcils avec l'expression qui trahissait déjà un mélange de défi et de vexation.

Une lueur d'indignation s'alluma dans ses yeux, mais elle demeura calme, comme si elle cherchait à masquer sa contrariété sous une façade de sérénité.

Julie : Permets-moi de te rappeler la dureté de la réalité, ma chère. Je n'ai aucune intention de briser tes illusions, mais il me semble de mon devoir de t'avertir que, parfois, il est préférable de ne pas s'engager dans une quête vouée à l'échec. L'amour n'est pas toujours une fable douce et bienveillante, et il peut décevoir avec une cruauté inattendue.

Mélissa : Deux années de différence, ma chère, ne sont nullement un obstacle lorsqu'il s'agit de véritables sentiments. Ne me dirais-tu donc pas, avec une telle assurance, que l'amour, ce sentiment intangible et mystérieux, se trouve soumis à la loi de l'âge ? Si tel est ton raisonnement, l'amour serait une entité bien étriquée et bien faible.

Je ne dis rien, mais au fond, j'étais en parfait accord avec Mélissa. Je trouvais Julie bien trop pétrie de scepticisme. Pourquoi donc s'obstinait-elle à voir le monde sous un prisme si morose ?

Elle semblait refuser d'admettre que l'existence pouvait surprendre, que parfois, les songes les plus insensés prenaient corps avec une magnificence inespérée.

Ce que l'on qualifiait d'irréalisable, ce que l'on reléguait au rang de chimère, se révélait parfois avec une intensité bouleversante.

Julie poussa un soupir las avant de déclarer d'un ton désabusé :

Julie: De toute manière, l'amour n'existe pas. Ce n'est qu'un mirage insidieux, une illusion qui nous enivre, nous fait espérer, puis nous consume jusqu'à nous laisser exsangues.

Elle s'allongea sur son lit, les yeux perdus dans le vide, comme si elle se replongeait dans des souvenirs qu'elle seule pouvait discerner. Mélissa et moi échangeâmes un regard intrigué.

LE PRINCE ET LA CHRÉTIENNEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant