Dans l'embrasure de la porte, Julie se tenait là. Et son regard agrandi par la stupéfaction, oscillait entre le prince et moi.Son visage trahissait son hésitation. Un peu comme si elle tentait de comprendre ce qu'elle venait de surprendre et que l'image devant ses yeux défiait toute logique.
Ses lèvres s'entrouvrirent légèrement pour parler mais aucun son ne franchit la barrière de son souffle.
Elle semblait chercher ses mots, lutter contre la vague soudaine d'interprétations qui, sans le moindre doute, assaillaient déjà son esprit.
L'espace d'un instant, le silence s'étira de manière suffocante.
Puis dans un réflexe instinctif, je reculai d'un pas dans le but de créer une distance entre le prince et moi, étant bien consciente en ce moment même de l'image équivoque que cette proximité pouvait projeter.
Mais c'était trop tard.
Julie: Je... Je suis désolée...
Balbutia Julie d'une voix inaudible.
Julie: Désolée...
Ses doigts tremblants se refermèrent avec précipitation sur le trousseau de clés qu'elle venait de laisser choir.
Dans un mouvement brusque, elle se redressa et s'éclipsa, laissant derrière elle un silence encore plus lourd que sa présence.
Je sentis mon visage pâlir.
Je savais que cette scène ne resterait pas anodine dans l'esprit de Julie.
Je savais qu'à cet instant précis, elle s'imaginait mille scénarios et que, parmi eux, le plus probable serait que le prince et moi entretenions une relation secrète.
Je jette un bref regard vers le prince.
Il demeurait impassible, comme si cette situation lui importait peu et que ce malentendu ne le concernait pas.
Mais moi, il me concernait.
Sans prendre le temps de réfléchir, je me précipitai à la suite de Julie alors que mon cœur battait à un rythme effréné.
Moi: Julie !
Appelai-je en accélérant le pas dans les couloirs menant à nos chambres.
Elle s'arrêta net.
Son dos était encore raide, son corps tendu sous l'effet de l'émotion, mais elle se retourna lentement vers moi.
Je ralentis à mon tour en essayant de reprendre difficilement mon souffle. Puis, m'approche d'elle.
Son regard était plein de suspicion. De cette lueur d'interrogation qui, déjà, cherchait à assembler les pièces d'un puzzle qu'elle pensait comprendre.
Je sentis une vague de nervosité m'envahir. Je ne savais même pas pourquoi je me sentais obligée de me justifier.
Je n'avais rien à me reprocher.
Le Divin m'en est témoin.
Et pourtant... Je le savais. Si je ne parlais pas, si je ne donnais pas ma version des faits, Julie s'accrocherait à ce qu'elle croyait avoir vu. Et ce qu'elle pensait avoir vu...
Un vertige me prit à cette seule idée.
Comme si le poids du scandale potentiel m'écrasait déjà.
Alex avait osé raconter à mes parents que lui et moi entretenions une relation. Une fausse allégation qui, à elle seule, me suffoquait.

VOUS LISEZ
LE PRINCE ET LA CHRÉTIENNE
RomanceTravailler au palais royal ? Ce n'était pas dans ses rêves. À vingt ans, Merveille n'avait qu'un seul objectif : réussir ses études en médecine , aider sa famille, et garder pour elle certaines blessures qu'on préfère ne pas nommer. Quand une oppor...