"Est-ce que tu réalises, en fait ? Je me le demande. Ça fait cinq jours que je suis ici. J'attends que tu te réveilles. Je sais que tu m'écoute. Je te ressens. Tu vas te réveiller. Tout le monde dit le contraire. Il ne te connaissent pas. Je suis la seule qui te connaisse réellement ici. Réveille toi."
J'ai entendu qu'elle commençait a pleurer. Mais je ne sais pas pourquoi. Je ne sais pas ou je suis. Je ne veux pas ouvrir les yeux. Si c'est pour qu'on me dise que je dois tout arrêter, alors autant ne pas me réveiller.
"Putain, arrêtes. Arrête bordel. Ouvre tes putain de yeux ! Tu continueras tout. S'il te plaît. Je te faisais confiance jusqu'ici. Et tu sais quoi si tu préfère mourir dis le moi tout de suite. Que je parte vite. Ou que je fasse un discours. Réveille toi."
Elle articula les deux derniers mots d'une façon très étrange et ça m'agaça. Parce que je ne comprenais pas ce ton qu'elle prenait. Jamais je ne l'avais vu comme ça. Si on m'a pris ce qu'elle était, alors je préfère ne pas me réveiller.
"Ça s'appelle de la peur. J'ai peur. J'ai peur pour toi. Imbécile. Réveille toi."
Pourquoi est-ce qu'elle a peur ? Elle n'a jamais eu peur lorsqu'elle était avec moi. Je sais qu'elle a eu peur de nombreuses fois avant. Mais quand je n'étais pas avec elle seulement. Je suis tellement bien ici. Je n'ai pas envie de sortir de cet endroit.
"T'es a trois mille bornes de ta maison, t'es dans un lit qui pue le désinfectant a trois kilomètres a la ronde, t'es habillé d'une robe de chambre en papier blanc et tu te sens bien ? Réveille toi."
Je ne me sens plus très bien.
"C'est pas trop tôt. Réveille toi."
J'aimerai bien mais je ne peux pas. Mes yeux sont tellement lourds. Je me demande bien ce qu'il s'est passé. J'ai peur, moi aussi.
"T'as atterri ici après ta chute. Réveille toi."
Est-ce que j'ai pleuré ? Parce que même si je n'ai pas de rocher sur la tête, j'en ai envie. Mes oreilles font un bruit inhabituel. Et j'ai l'impression que l'on a remplacé mes membres par des troncs d'arbre. C'est lourd. Continue a me parler s'il te plaît. Ça m'aide.
"Vas-y. Encore un effort. Réveille toi."
Agh. Je respire mieux. Mes poumons se remplissent plus vite mais, il y a toujours cette étrange atmosphère qui peux te rendre fou n'importe quel homme.
"Sers ma main trésor. Réveille toi."
Je presse mes doigts autour des siens, j'espère qu'elle a ressenti quelque chose, parce que c'était difficile. Fatiguant.
"Merci. C'est très bien. Réessaye."
Elle n'a rien ajouté.
"Oh. Réveille toi."
Ma bouche parvient a dessiner une légère commissure, et je crois que j'ai passé toute mon énergie musculaire dessus.
"Non, tu vas bien. Maintenant s'il te plaît relâche toi et réfléchis. Ou est-ce que tu as stocké ton énergie ? Je compte sur toi. Trouve la. Réveille toi."
Je lâche sa main, et mon sourire se retire brusquement de mon visage. Maintenant, je réfléchis. Enfin non. Je pense. Je m'imagine son visage. Mh non, pas celui qui pleure. Plutôt celui qui sourit. Ah. Mon sang circule mieux maintenant. J'arrive a contracter les muscles de mon dos. Et je sens que mes jambes sont engourdies.
"C'est très très bien. Si une personne arrive dans les minutes qui suivent, je ne veux pas que tu te laisse a moitié mort sur ce lit. Je sais que tu vas te réveiller. Tu as trouvé ton énergie. Réveille toi."
Mes nerfs créent du mouvement au niveau de mes jambes. Jésus Christ ça fait du bien. Je fais craquer mon cou en le contractant a son tour. J'espère qu'elle me regarde.
"Oui, je suis là. Je te vois. Continue. Réveille toi."
Je sens une légère pression sur mes lèvres. C'est elle. Je la reconnais. Mes lèvres se mettent a sourire sans effort de ma part. J'arrive à articuler un 'Merci' a peine audible. Je ne sais même pas si elle a entendu. Enfin, si je le sais mais c'était très bas.
"Tu es vivant. Et tu es bel et bien réveillé."
Mes yeux s'ouvrent difficilement et je me rends compte que je vois moins bien. Qu'est-ce qu'il se passe ?
"Tu es fatigué. Repose toi. Je vais chercher quelqu'un."
Puis sa silhouette s'en va hors de ma chambre. C'est elle qui m'a sauvé. Je sais qu'elle a pleuré pour moi. Et peut être que c'est ça qui m'a poussé à rester auprès d'elle.
J'essaye de toucher le bord du lit avec mes jambes ; j'y arrive sans difficulté. Qu'est-ce qu'il s'est donc passé pour que d'un seul coup je sois réveillé, et que je me sente bien ?
"Je t'ai dis qu'il s'est réveillé, connasse."
Ce doit la personne dont elle me parlait, la conasse.
"Oui c'est ça."
" Donnez lui votre main."
Je sens un contact froid et désagréable sur ma peau. C'est l'autre personne.
"Sers lui la main."
Je serre mes doigt autour de son grand poignet, qui se retire aussi vite qu'il était arrivé. J'entrouvre les yeux pour voir ce qu'il se passe. La personne me regarde avec de grands yeux.
-Il faut le débrancher.
J'entendis un fracas de verre. Puis des cris.
"Il est juste... Réveillé."
- Madame, vous hallucinez.
Non conasse, elle n'hallucine pas.
Mes yeux s'ouvrent de plus en plus grand, et je vois tout. Je la vois. La raison pour laquelle je suis réveillé. Elle est tellement belle. La dame blanche, elle, est hideuse. Elle est d'ailleurs en train d'acquiescer gentiment.
Elle me saute dans les bras et je parviens a la rattraper. Ma respiration devient pénible, et une tâche grise apparaît dans mes yeux. Je me sens si faible d'un coup.
"Ça va aller. Tu t'es levé trop brusquement."
'Je t'aime.'
"Je t'aime aussi. Tellement. "
Puis tout mon corps fut prit par un énorme courant électrique, qui avait fait le tour de mes vaisseaux sanguins en moins d'une seconde.
Je ne parvins plus a contrôler mon corps, qui se relâcha d'un coup. J'étais tellement faible. Tellement inoffensif. J'entendais sa voix. Elle criait. Je ne l'entendais plus très bien. C'était comme si j'étais sous l'eau. Maintenant, elle pleurait. Puis beaucoup de personnes sont entrées dans la chambre. Elle, elle ne me lâchait pas. Tant mieux. J'avais besoin de son contact. Je ne sentais plus non plus très bien lorsque l'on me touchait. Mais je la sentais elle. Je la voyais sourire sauf qu'aujourd'hui elle ne ressemblait pas a mes souvenirs. Son sourire s'était effacé. Elle était recroquevillée à côté de moi en criant. Je la sentais.
Puis je n'ai plus rien senti, plus rien entendu.
Sauf une seule phrase. Et je partis en souriant.
" Wake up. "
Mais je ne me suis jamais réveillé.
VOUS LISEZ
Wake Up - Nouvelle
Short StoryUn jour, j'ai écris quelque chose d'étrange et de court. Alors je l'ai posté.