Le désastre

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J'étais en croisade avec ma mère... Oui, je me rappelle maintenant. Sur un beau bateau blanc, je regardais le large.
« tu vas adorer ou nous allons ! »
Oh , j'aurais sûrement adoré...
la mer était bleue foncée , les gens parlaient et riaient. Un brouhaha agréable, qui sentait les vacances.

Je n'ai jamais comprit pourquoi le bateau à coulé.
Je n'ai jamais comprit pourquoi je me suis retrouvée à l'eau, agrippée par des gens qui tentaient de respirer et,qui , dans la panique, nous coulaient vers le fond, moi et les autres. Comment est-ce arrivé ? Pourquoi moi ? Je tentais de respirer, je ne comprenais pas. J'étais dans l'eau , je regardais au dessus de moi et je voyais des pieds, des chaussures, des morceaux de métaux passer,tout allait très vite et très lentement à la fois. J'étais comme dans une bulle, en train d'observer, oubliée par le monde. Que se passait-il ? Pourquoi n'étais-je plus sur le bateau, en train de fermer les yeux et de me laisser bercer par le vent ?
Je réussis à sortir ma tête de l'eau et à respirer. Je m'éloignai des gens qui hurlaient, la peur au ventre mais étrangement calme. Je ne réalisais toujours pas. Nous avions coulé. Nous étions loin, extrêmement loin de tout port , et si les secours devaient arriver, beaucoup d'entre nous seraient morts noyés entre temps. Quand soudain, je vis au loin une plage. Je poussai un hurlement avant d'être frappée par une morceau de bois à la tête. Je me sentis perdre connaissance et je me débattais avec cette douleur qui m'endormissait et m'ahurissait à la fois. Si fermais les yeux, c'était fini. Je me concentrai sur ma douleur et essayai de l'oublier. Je nageai en fermant les yeux et en heurtant des gens, des débris , je savais qu'en bougeant mes jambes, je poussais près de moi pleins d'objets , je me sentais compressée. Le bruit me rendait confuse, tout ces hurlements, ces cris, ces voix... je ne pensais qu'à ma survie. J'ai toujours détesté les voyage en bateaux. Je criai à ceux qui voulaient entendre qu'une plage était visible plus loin. Mais certains aveuglés par la peur ne ressemblaient plus à des êtres humains. Le visage déformé par la peur, crispé, rouge, regardant partout sans chercher à comprendre ce qu'ils voyaient , me firent prendre conscience que l'Humain n'était pas si intelligent. Certains me suivirent quand même. Je criai les mêmes mots clefs « Plage, sauvés. Plage, Sauvés. Venez. ». j'entendis mon nom , à plusieurs reprises. Je pris le temps de me retourner et vit ma mère , rouge écarlate en faisant de grand gestes. Je hurlai en sa direction et elle nagea vers moi à toute vitesse.
« Lubna ! Tu vas bien ?! »
« Oui , maman ! Maman... ! » la voir paniquer me fit paniquer à mon tour. Je n'aurais jamais du la regarder. Je me sentais à présent comme une petite chose fragile qui dépendait de sa mère. Tout reposait à présent sur ce que ferait celle qui m'a mise au monde, par instinct.
Elle nagea en direction de la plage, et , rassurée, je fis de même.
Les cris s'éloignaient, un groupe d'une quinzaines de personnes nous suivaient dans le silence, certains pleuraient ou gémissaient parce qu'ils avaient été blessés, choqués. Ma blessure à la tête me piquait , c'était comme une pression sur mon crâne. Ma mère était à la tête de ce groupe. Moi je ne disais rien, je ne pensais à rien . Je n'avais toujours pas prit conscience de ce qui venait de nous arriver et plus le bruit s'éloignait, plus je me perdais dans ce vide calme et stressant. Au bout de vingt minutes de nage, les gens qui n'avaient pas l'habitude de nager commencèrent à suffoquer, à se plaindre. Nous ne pouvions répondre que par des « on y est presque ! » « tenez bon ! » Alors qu'au fond, on savait. Au bout de quarante minutes de nages, certains hurlèrent de panique à cause de crampes, certains se mirent à essayer de monter sur d'autres en les suppliants de les porter quelques instants. Je commençai à avoir peur quand un homme âgé d'une quarantaine d'année s'approcha de moi l'air suppliant. Je nageai plus vite en criant « Lisa ! Lisa ! ». Ma mère se retournai et hurla sur l'homme.
-Je vous préviens ! Vous approchez ma fille et je vous assure que je vous coule. C'est la survie, et entre un homme que je ne connais pas et la vie de ma fille je n'hésite pas une seule seconde.
Il gémit et tenta de rester à la surface, il attrapa son pied et essaya de faire disparaître la crampe. Il n'y arrivait pas. Il commença à se fatiguer et à avaler de l'eau. Son regard devenait fou et il commençait à comprendre qu'il n'y arriverait pas.
- Lubna, viens... il faut avancer, se dépêcher.
- Maman, cet homme va mourir !
Ma phrase était idiote. Beaucoup devaient être déjà morts à l'heure qu'il était. Mais je ne comprenais que ce que je voyais. Ma vision de penser était limitée par la peur et j'étais dépassée par l'es événements
-chérie, viens...
Sa réponse me suffit. Je continuai et les autres nagèrent plus vite, comme si aller plus vite allait les sauver.
Au bout d'une heure de nage, tout le monde économisait son énergie comme ils pouvaient. Nous avions perdu 4 personnes, on les entendait derrière supplier de revenir, de les aider, mais on ne pouvait pas, sinon nous allions mourir nous aussi. Je pense que ces cris resteront longtemps dans mes souvenirs. J'avais l'impression qu'ils m'étaient destinés à moi plus qu'aux autres. À côté de moi nageait une petite fille. Son visage était très fermé, très sérieux. Elle avait l'air courageuse et son endurance m'impressionnait. Ses parents étaient ils près d'elle ? Comprenait-elle ce qu'il se passait ? Elle saignait au bras, et ne disait rien. Les yeux fixés sur la plage, elle avançait dans un seul but. Au bout d'une heure et demi de nage, nous arrivions enfin près de la plage, certains crièrent de joie, d'autres ne disaient rien et avançaient dans le but d'enfin pouvoir se reposer. Nous étions 9 à présent. Ma mère me jeta un regard fatigué et rassuré. Dans quelques secondes, nous pourrions nous écrouler sur la plage, fermer les yeux, dormir. Penser à survivre après. Il commençait à faire noir, à faire froid. On ne distinguait que du sable, des palmiers , et un début de végétation plus loin. J'eus pied. Je me redressai lentement, sentant tout le poids de mon corps se répartir dans chacun de mes membres, comme si on me mettait un énorme sac à dos. Des larmes coulèrent sur un visage pourtant de marbre et fatigué. Je ne voulais que dormir, me reposer, être près de ma mère. Je me retournai. Les autres se redressaient aussi, et la petite fille s'avança en souriant doucement. Elle courut vers la plage et cria ;
       - Du sable ! Du sable ! Du Sa...
Sa voix se mourût. Comme si on lui avait arraché les mots de la bouche, comme si un marteau lui avait atterrit dans le ventre. Tout le monde se retourna pour regarder ce qui lui avait ôté sa joie. Devant nous , en ligne sur la plage se dressaient des ombres. Encore aujourd'hui je ne saurais décrire ce que j'ai aperçu. Ils étaient plusieurs. Si je devais donner un nombre, je dirais six... ou sept , peut-être. Quoi qu'il en soit, ces ombres étaient en mouvements, en ligne et poussaient des cris étrangement stridents, étrangement inquiétants... la petite blonde fit demi tour et couru vers moi , me prenant la main en gémissant. Ma mère m'attrapa par l'épaule et me recula vers le reste du groupe.
- C'est quoi , ça ?!
- Mon dieu ! Des animaux sauvages ! Nous allons mourir !
- Non ! Je n'ai pas nagé autant pour mourir bêtement à présent !
Nous exposions à tout le monde notre inquiétude, nous parlions fort en reculant, en ne lâchant pas du regard ces animaux qui restaient calme et menaçantes à la fois. Plus rien ne ressemblait à quelque chose de normal . Nous étions une bande d'humains criants et regroupés par la peur dont l'eau nous montait jusqu'au ventre,reculant vers d'ou nous venions, et en face de nous se dressaient des êtres vivants es et sûrement dangereux en ligne, comme si ils avaient une stratégie. L'obscurité m'empêchait de les décrire . Je ne saurai que par la suite que nous avions en face de nous les pires créatures de l'île.

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⏰ Dernière mise à jour : Aug 28, 2018 ⏰

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