Снαριτπε 11 : Accusation alarmante

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Quelques jours plus tard passés dans le silence des soldats occupés à panser leurs blessures, je me rendais dans la tente d'Eren pour m'assurer de son bon rétablissement et l'informer que nous lèverions le camp en fin de journée quand un étrange frisson d'appréhension me parcouru la colonne vertébrale. Un pressentiment habituel, le murmure d'un instinct exercé par mes nombreuses années de lutte contre les ennemis de l'Empire du milieu.

Je pressai alors le pas vers mon objectif et découvris un Eren à l'air à peine sorti de son lit, torse-nu dans la neige et une pauvre couverture recouvrant son corps blessé. Une troupe conséquente de mes soldats entourait le jeune homme déboussolé, l'observant avec une haine, une déception ou un dégoût profond dans le regard.

- Qu'est-ce qu'il se passe ici, questionnai-je en me frayant facilement un chemin parmi la masse de jeunes gens pour me poster aux côtés d'Eren.

- Capitaine, Eren nous a tous trahis, commença l'un des membres de la petite troupe dans le brouhaha de la colère montante.

Mon coeur s'emballa doucement d'appréhension, connaissant parfaitement la raison de ces regards passés de l'admiration face à un héros à la peur aveuglante de se trouver devant un monstre.

- Oui capitaine, écartez-vous il risquerait de vous contaminer, continua un autre d'une voix tendue par la méfiance et la crainte.

- Les... les gars, tenta de riposter Eren alors que je lui lançai vivement un regard le suppliant de se taire.

- Je ne comprends rien à ce que vous jacassez, de quoi l'accusez-vous, aboyai-je aux idiots enragés devant moi.

- Il est gay capitaine, cria quelqu'un à l'arrière du groupe que j'avais l'impression de voir grossir sous mes yeux, prêt à charger Eren pour le mettre à mort dès maintenant.

- Et qu'est-ce qui vous fait dire ça, interrogeai-je d'un ton froid alors que je me sentais trembler de rage ou de peur, dans un mélange indéfinissable d'appréhension.

- Apparemment, il l'aurait avoué à quelqu'un sous le coup de la douleur, s'expliqua un autre les poings serrés.

Face à une simple rumeur, en somme, tous ces soldat qui avaient été ses camarades étaient prêts à tuer Eren. J'avais l'habitude de l'angoisse froide des champs de bataille, de la peur instinctive de mourir ou même celle, caractéristique des vieux soldats de retour en enfer, de vivre. Je connaissais l'horreur déchirante de perdre des gens qui me sont proches mais je n'avais jamais connu l'effroi douloureux et incontrôlé de l'impuissance. Eren était un héros, un soldat, qui avait risqué sa vie pour tous nous sauver dans la montagne mais sur cette simple accusation, sous la simple suspicion qu'il puisse préférer les hommes, il était devenu un monstre. Les raisonner ne me servirait à rien. C'était certain et clair dans mon esprit, ils avaient bien trop peur de finir contaminés par le vice que nous partagions secrètement Eren et moi.

- Capitaine il faut le tuer avant qu'il ne répande son mal, affirma fortement l'un des hommes, me sortant brusquement de mes pensées.

Je pourrais être l'homme le plus fort du monde, face à tant de bêtise mêlée de haine et de terreur, je ne faisais pas le poids. Et s'ils venaient à me soupçonner à mon tour, je ne pourrais nous protéger tous les deux dans mon état et encore moins fuir dans la neige vu celui de mon compagnon. Si même ils avaient trop de peur ou de respect pour m'attaquer ou m'accuser, ils trouveraient le moyen de régler son compte au monstre qui se trouvait dans leurs rangs et de faire disparaître Eren dans son sommeil.

Le coeur au bord des lèvres, j'attrapai brusquement une épée à la ceinture du premier homme qui nous encerclait, moi et Eren, et la retournai vers ce dernier, la plaçant à quelques centimètres de son beau visage déformé par la peur. L'habitude seulement permettait à ma main de ne pas trembler alors que l'air perdu et blessé du plus jeune me compressait la poitrine. Levant mon arme, je la plantai brutalement dans la neige, faisant redescendre subitement la soif de sang des hommes qui me faisaient maintenant dos, le vide d'un silence interloqué pesant sur mon être que je n'avais jamais senti si frêle.

- Jeager m'a sauvé la vie dans la montagne, tout comme à vous tous, dis-je en me tournant vers les soldats ivres de haine, le regard dur.

Je fis ensuite de nouveau face à Eren en tentant de m'excuser par le regard d'être si faible et inutile face à la nature humaine emplie de peurs, de haines et d'amours insensés. Je m'excusais de ne pas avoir contrôlé mon coeur d'une main plus ferme. Je m'excusais de m'être laissé aller à m'attacher à lui. Je m'excusais de l'avoir trop laissé se rapprocher de moi, assez pour le faire tomber amoureux. Je m'excusais de ne pouvoir tenir ma promesse.

- Une vie pour une vie, ma dette est payée, dis-je d'une voix nette et tranchante dans le vent glacé de cette montagne qui avait été témoin de tant de choses en quelques jours. Maintenant, vous autres, retournez tous dans vos tentes empaqueter vos affaires, nous partons.

Sur ces mots, je tournai les talons, traversant la foule de jeunes soldats pour rejoindre ma tente et suivre mes propres consignes de départ précipité, n'accordant plus aucuns regards au monde qui m'entourait.

Et quand l'heure du départ sonna, je dû user de toute ma volonté pour ne pas aller m'assurer de l'état d'Eren, pour ne pas courir dans sa tente lui souhaiter bonne chance, l'embrasser et lui promettre que nous nous reverions.

Je partis en direction de la cité impériale le visage éternellement impassible mais le coeur lourd car encore une fois tous mes soldats ne rentreraient pas avec moi.

L'apprenti soldat {Riren}Où les histoires vivent. Découvrez maintenant