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La bande.

La bande sur le côté de nos boîtes d'allumettes.

            Ça avait commencé sur un coup de tête. Quelque chose de comparable à une obsession morbide. C'était fascinant, de voir ce petit bâtonnet de bois se craquer et laisser jaillir de son creux des flammes qui certes, sont petites, mais ô combien dévastatrices. C'est drôle, comme une simple petite chose d'apparence fragile et temporaire, peut être autant destructrice, peut causer autant de dégâts si mal surveillée. C'est un peu comme nos mots. D'apparence insignifiants et futiles, ils peuvent s'avérer violents et destructeurs. Et une chose en entraînant une autre, ça peut aller très vite. Effet boule de neige il se peut. 
D'aussi loin que j'me souvienne, tu me parlais toujours de cette impression d'infini, de vie éternelle, lorsque l'on voyait les flammes prendre vie. Tu disais que la seule chose qui fasse que le feu meurt, c'est qu'on l'éteigne. Et que sinon, il continuerait à jamais ; à bruler et tout dévaster. Tu faisais le parallèle à l'échelle humaine en disant que c'était un peu comme nos âmes dans nos corps, si on ne venait pas les récupérer, l'Homme aurait pu les garder égoïstement éternellement. Tu insistais toujours sur ce principe que la vie n'est qu'éphémère et qu'on choisissait de rendre celle des flammes comparable à la nôtre. Je ne comprenais pas réellement où tu voulais en venir, mais c'était beau quand tu en parlais, et tu avais l'air apaisée si ce n'est rassurée. Ouais, c'était beau et on avait besoin de plus de belles choses dans ce monde.   

              Souvent tu disais que l'odeur de soufre, âcre et prenante mais chaleureuse, te rappelait ton enfance, ton grand père et l'impression d'être chez toi. La première, parce que tu avais grandi dans une maison ou le seul chauffage existant était celui de la cheminée et que le fait de craquer ces allumettes te rappelait la façon dont ton père le faisait pour abraser les buches. Ton grand père parce qu'avec ce dernier, vous alliez toujours camper les soirs de pleines lunes dans la forêt qui était près de la rivière à la frontière de la ville. Et dès que tu prenais peur, ton grand père allumait une allumette pour te rappeler que, qu'importe si la vie devient effrayante et sombre, il y aura toujours une petite lumière quelque part pour nous guider et nous éclairer. L'impression d'être chez toi, car elles te faisaient penser à moi. Tu m'avais dit ça un jour et j'avais oublié. Ou plutôt, je n'avais pas compris. Je n'avais pas compris que le fait que j'allume des allumettes pour allumer ma cigarette est une odeur que tu assimiles au fait d'être avec moi, et mieux encore ; de te sentir chez toi. Car être chez soi au final, ça ne veut pas vraiment dire être chez soi, dans sa maison. Mais être chez soi, se sentir chez soi, comme on est dans le cœur de ceux que l'on aime. J'aurais pu être dans les plus beaux endroit de cette terre, ce n'est qu'à tes côtés que je me sentais chez moi, à l'aise, et en paix. Et tu m'as dit que pour toi, c'était pareil. Qu'est-ce qu'on attendait alors ? Allons n'importe où, tant qu'on était ensemble, on sera toujours chez nous. 

            Mais j'aimais particulièrement cet éclat de lumière qui brillait d'un coup la nuit et s'éteignait en quelque seconde, un peu comme lorsque les phares d'une voiture éclairent les bandes fluorescentes des trottoirs. C'était éphémère et c'est peut-être pourquoi j'en restais amer. Je voulais que ça dure. Je voulais qu'elles continuent à éclairer ton visage pour qu'à jamais je puisses l'admirer. Mais ça allait, il y avait la lune à cet effet. Et j'ai toujours aimé la lune, elle me fascinait. Mais comparé à toi, elle n'était qu'une étoile lointaine de la galaxie. Peut-être celle dans tes yeux. Celle où je me perdais. Et c'est par ton éclat céleste que sur le bon chemin j'arrivais à me retrouver. 


                Et les flammes engloutissaient tout sur leur passage et quand je voyais tes yeux aussi captivés, c'est eux qui m'engloutissaient. J'en restais prisonnié. Et j'aurais aimé pouvoir y baigner pour l'éternité. 



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 Causeries minimes. 

J'ai toujours aimé craquer des allumettes. Tout en ce processus me fascinait : comment ce petit bout de bois à la tête rouge pouvait, après qu'on l'ai violemment et rugueusement râpé contre le coté de la boite qui était si âpre, laisser quelque chose de si fragile et délicat à la fois s'en échapper. Mais qui pouvait vite devenir dangereux au fil du temps. nombreuses sont les fois ou j'ai failli me bruler les doigts hah. J'me suis longtemps demandé si j'étais pas pyromane parce que vraiment, des que je pouvais bruler un truc je le faisais, et j'aimais bien brûler différents trucs juste pour voir la façon dont chaque chose se consumait sous les flammes. c'était intéressant. ma famille pensait sûrement que y'avait un truc qui clochait chez moi je crois psk ma mère après m'en avoir parlé avait exprès arrêté d'acheter des allumettes pTDRRR. non sans dec, même si je trouve toujours ça aussi fun et intéressant d'en craquer, je sais que finalement c'était juste une phase de jeunesse commune à tous les enfants, enfin je pense (rassurez moi, tout le monde aimait allumer des allumettes sans but précis non ? j'espère en tous cas haha). Enfin bref, même si ce chapitre m'a donné du mal, bah le voilà enfin. et la suite devrait pas vrm tarder hehe :)

J'espère que cela vous a plu, prenez soin de vous et à la prochaine, je le souhaite. 

@bngtanbuddies

🄻🄰 🄱🄰🄽🄳🄴 | jjkOù les histoires vivent. Découvrez maintenant