Prologue

15 0 0
                                    

Je retenais ma respiration et rentrais le ventre. Ma servante, madame Grey, essayait tant bien que mal de fermer mon corset.

- Encore un petit effort mademoiselle, m'encouragea-t-elle.

Quand elle réussit enfin, je pris une grande inspiration et dégageais mes cheveux bouclés de mes épaules.

- Je regrette que tu ne puisses venir avec moi.

Madame Grey afficha un sourire triste.

- Vous allez beaucoup me manquer mademoiselle.

Quand elle eut terminé d'attacher ma robe, je descendais du petit tabouret sur lequel je me tenais. Je passais les mains sur le textile soyeux du vêtement et m'asseyais devant ma coiffeuse. Dans le miroir, je vis madame Grey attraper un peigne et des pinces.

- Comment penses-tu que c'est ?

Elle m'interrogea du regard.

- Le Nouveau Monde.

Elle fronçait les sourcils, peignant quelques mèches de ma crinière.

- Je ne sais pas vraiment mademoiselle. Je sais juste ce que tout le monde sait. Il y fait chaud et humide. En-dehors des colonies, c'est très dangereux car c'est une terre sauvage.

Mes yeux verts s'embuaient de larmes et je reniflais pour les retenir. Je ne voulais pas me rendre aux Amériques. Quelques semaines auparavant, la Reine a donné l'ordre d'établir une nouvelle colonie en Virginie. Une centaine d'hommes, de femmes et d'enfants y sont expédiés. Mon père, John White, est le dirigeant de ce groupe. Ma mère et moi sommes donc tenues de l'accompagner. Il a déjà trouvé un nom pour cette colonie, qui sonne à la fois sauvage et poétique : Roanoke.

Quand madame Grey eut terminé de me coiffer, je la congédiais rapidement. Je détestais les adieux.

Ma mère m'attendait sur le porche de notre maison. Même avec quelques cheveux gris, elle était toujours aussi jolie. De longues boucles noires, comme les miennes, retombaient de sa coiffe.

- Ana ! Dépêches-toi donc ! Le bateau va partir sans nous.

Je levais les yeux au ciel et lançais un regard vert mon père, déjà installé dans la calèche qui nous menait au port.

- Personne n'osera partir sans papa.

Elle arqua un sourcil.

- Tu as sans doute raison. Mais ce n'est pas digne d'une famille de haute noblesse !

Ne voulant pas créer une dispute avec ma mère, je rentrais dans la calèche.

Je lançai un dernier regard vers ce qui fut ma maison pendant 18 ans, la boule au ventre.


                                                                 ***

Bonjour ! Cette histoire est un roman historique et j'ai alors essayé de me rapprocher le plus possible de la réalité.

Le père d'Ana a donc réellement existé ainsi que l'héroïne principale mais j'ai décidé de changer son prénom. Si jamais des erreurs au niveau de l'historicité surviennent, n'hésitez pas à m'en faire part ! :)

J'espère sincèrement que ça va vous plaire ! :)

LA COLONIE PERDUEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant