Chapitre 1

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Prise de nausée, je me retenais tant bien que mal à la couchette. Le bateau avait été prit dans une tempête et avait été secoué par les vagues durant toute la nuit.

- Quand cela va-t-il cesser ? grognais-je.

Allongée sur son lit, ma mère soupira paisiblement. Je ne sais comment, elle avait réussi à s'endormir. Mon père, lui, avait passé toute la nuit sur le pont, aidant les marins à braver la tempête.

Après un certain temps, et quand je sentis la mer se calmer, je décidais de sortir de notre chambre de fortune et de me rendre sur le pont afin de prendre un peu l'air. Sur le chemin, j'en profitais pour me recoiffer comme je le pouvais. Je regrettai tellement madame Grey.

La pluie avait laissé petit à petit place au soleil. La chaleur aurait été insupportable si nous ne bénéficions pas du vent de l'océan. En fermant les yeux, je m'appuyai au rebord du bateau.

- Terre en vue ! cria un matelot.

En effet, nous pouvions voir un minuscule point noir se détacher de l'horizon. Une boule me comprima le ventre. Toute ma vie se trouvait de l'autre côté de l'océan et je venais de l'abandonner. Ici, je n'avais aucune amie, aucun repère.

Soudain, alors que je savourai les premiers rayons de soleil sur mon visage, une ombre imposante vint les effacer.

- Ne vous penchez pas trop mademoiselle, vous pourriez tomber.

Je me tournais vers mon interlocuteur, prête à le sermonner pour m'avoir gâché le seul moment de plaisir que j'avais eu durant ce voyage. J'entendais déjà la voix de ma mère dans ma tête, me disant que ce n'était pas digne d'une jeune fille de mon rang. Mais je n'en avais que faire.

L'homme qui me parlait était grand, peut-être deux têtes de plus que moi. L'exaspération qu'il avait provoqué quelques secondes plus tôt s'évanouit tandis que mes yeux parcouraient son visage. Quelques mèches de ses cheveux noirs retombaient sur son front et ses yeux verts me fixaient intensément.

Me rendant compte que je le regardais un peu trop, je me raclais la gorge et détournais le regard sur le côté.

- Quand bien même je tomberai, je suis une très bonne nageuse.

Il rigola doucement.

- Je n'en doute pas chérie.

Les sourcils relevé et faisant mine d'être choquée, je regardais de nouveau mon interlocuteur.

- Comment osez-vous vous adresser à moi de cette façon ? Savez-vous seulement qui je suis ?

Un rictus se dessina au coin de ses lèvres.

- Vous m'avez l'air d'une jeune fille bien débauchée.

Furieuse, je m'apprêtai à répliquer lorsque mon père vint se placer à côté de moi.

- Comment vas-tu ma chérie ? Ta mère dort encore ?

Le visage du jeune homme se décomposa lorsqu'il reconnu mon père. Il s'inclina respectueusement et s'éloigna à grand pas.

Un sourire vainqueur sur le visage, je me tournais vers mon père.

- J'ai passé une nuit des plus horribles, père. Allons-nous bientôt toucher terre ?

- D'ici la fin de la nuit prochaine, nous serons sur l'île de Raonoke. On retrouvera les hommes de la première expédition et on établira les camps.

LA COLONIE PERDUEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant