Loin

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Je passe une main dans mes cheveux et pousse un soupir. Que ce passe-t-il Thomas ? Que t'arrives-t-il ? Pourquoi toute trace de joie a-t-elle disparue de ton visage ?

Tu devrais pourtant être heureux ; nous avons vaincu WICKED, l'homme-rat est mort, ainsi que Teresa. C'est peut-être ça qui te met dans cet état. Tu l'aimais n'est-ce pas ? Mais elle nous a trahis. Je ne te comprends pas, Thomas. Tu passes ton temps au bord de la falaise, le regard dans le vague, les pensées autre part que sur Terre.

C'est le fait d'être retourné dans le Labyrinthe ? D'avoir vu toutes ces vies enlevées ? Ou alors c'est quelque chose en plus.

Je sais ce qui te fait de la peine. Tu n'as pas pu trouver de remède pour Newt. Mais tu ne dois pas t'inquiéter. Au moins, il est en vie. En tant que fondu, devenu cinglé, à dévorer des petits enfants, mais vivant. Vous ne vous êtes pas quitté en excellent termes mais il doit être heureux là où il vagabonde.

Je te vois serrer la main, puis déplier un petit papier avant de réitérer le geste. Tu fais souvent ça depuis ton retour de Denver. J'aimerai bien voir ce qui est inscrit sur ce petit billet mais tu ne laisses personne l'approcher. Ce qui est noté dessus est si important que ça ?

Saches, Thomas, que tu n'es pas seul. Si tu as besoin de parler, je suis là. C'est à ça que sert un ami, même si notre blondinet n'est plus là pour tenir ce rôle. L'aurais-tu écouté, lui plutôt que moi ?

Tu me manques, Tom. Tu ne t'en rends pas compte mais tu me manques. J'aimerai revoir l'éclat de bonheur dans tes yeux et la consonance joyeuse dans ta voix. Mais tout ça a disparu. Depuis Denver. Et même avant. Depuis l'hôtel des fondus ou même depuis l'annonce de l'homme-rat. C'est donc ça le problème. Tout ramène à lui. Newt.

Brenda ne comble-t-elle pas le vide en toi, elle qui est si attentionnée ? Apparemment non. Tu ne la cajole pas comme elle le fait, comme tu devrais le faire. Est-ce le fait de fonder une famille qui te fait peur ? Ou celui d'oublier ?

Dis-toi que la Braise ne rentrera jamais entre les murs du Refuge, que tu ne reverras jamais les ravages qu'elle cause. Dis-toi que tu as survécu à tout ça. Que tu es en vie. Avec moi, avec Brenda. Avec tous les autres.

Raconte-moi, Tom. S'il te plait. J'ai besoin de savoir ce qui te fait tant de peine. J'ai besoin d'être là pour toi. Et toi, tu as besoin de moi pour te libérer. Pour te soulager de tout ça. Pour chasser un instant tous ces mauvais souvenirs.

Une bourrasque de vent arrive alors que tu as la main ouverte. Ton précieux papier s'envole et, comme un signe, se pose devant moi. Le doute me travaille. Devrais-je trahir ta confiance et lire ce qui est marqué ? J'en meurs d'envie.

Rassemblant mon courage, j'attrape le coupon et le place devant moi. L'atrocité de ces mots me saute aux yeux.

Tue-moi. Si tu es vraiment mon ami, tue-moi.

Je relève le regard et croise le tien. De petites larmes perlent aux coins de chaque œil. Soudain, je comprends. Je sais pourquoi tu passes rageusement ta main sur ton visage chaque matin. Je sais pourquoi tu passes tes journées au bord de la falaise à te morfondre. Je sais pourquoi tu fais le même geste depuis des semaines. Je sais pourquoi toute trace de bonheur a déserté de ton être. Je sais pourquoi le soleil a disparu de ton horizon.

Tu l'as tué.

Je m'approche de toi et m'assois à tes côtés. Je te rends ces mots et passe une main autour de tes épaules. Un seul mot passe la barrière de mes lèvres alors que j'observe le vide :

- Comment ?

Tu m'explique donc tout ce qui avait été dit, les mots laissés au vent, que seuls Newt et toi connaissez. Tu m'explique dans ton langage, bafouillant dans les moments tristes et souriant aux bons souvenirs. Tu m'explique la lettre, les écarts de Newt, le berg, l'hôtel. Et surtout, tu m'explique Denver. Je ne te t'ai pas demandé mais tu y mis du cœur a raconter ça. Tu y mets tous les détails. Tu me décris la ville, détruite, la révolution des fondus, les morts jonchant le sol, le sang sur tes vêtements et l'odeur de folie dans l'air. Et surtout, tu me décris Newt. Ses touffes de cheveux disparus, ses yeux noirs, son humanité ayant déserté. Tu évoques les paroles qu'il avait utilisé pour te parler de sa tentative de suicide. Tu évoques les injures employées pour te faire du mal, pour te faire culpabiliser. Tu révèle sa supplication et comment tu avait pressé la détente. Tu pleures tout le long, comme si cela était trop dur a accepter mais comme si cela te libère.

Je me relève et t'aide à faire de même. Et, sans que je m'y attende, tu attrapes le billet toujours dans ma main et, sans une once d'hésitation, tu le déchires et le laisse se perdre dans le vent, tes larmes l'accompagnant. Tu te tourne ensuite vers moi et me dis dans un sourire :

- Au revoir Minho.

- Tom ? te demandé-je, paniquant. Que fais-tu ?

- Je m'en vais.

Puis, tu ajoutes en me voyant s'approcher de toi :

- Seul.

- Dis-moi au moins où tu va, tenté-je.

Tu tourne la tête comme pour éviter mon regard et une petite brise fait bouger tes mèches d'ébène.

- Loin.

- Que veux-tu dire, Thomas ? Je ne comprends pas.

Je reste là où je suis, de peur de te voir t'envoler.

- Merci Minho. Merci de m'avoir soutenu. Merci d'avoir toujours été là pour moi. Merci pour tout.

Tu t'approche du bord de la falaise, le bout des pieds hors de la terre.

- Merci, rajoutes-tu d'une voix étouffée par les pleurs. Merci de m'avoir aimé.

Et tu bascule dans le gouffre.

Le temps semble se stopper. Tu viens de sauter.

Je vois comme une ombre autour de toi alors que tu tombe.

Newt.

Il est là pour toi. Il veille sur ta personne. Il est là pour te rattraper.

Vous êtes partis, tous les deux. Vous m'avez laissé là, vivant, mais seul. Je ne vous en veux pas. C'est probablement votre destinée, même si elle laisse à désirer.

Au moins vous êtes ensemble.

Loin.

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Hello !

Comme une imbécile j'ai relu le chapitre 55 du Remède Mortel donc voilà ce que ça donne. Prenez ça comme un cadeau de rentrée et c'est aussi pour vous faire patientez sur Meteorite.

/!\ Autopub /!\

N'hésitez pas à aller lire ma Newtmas Meteorite ou mes deux autres OS Today is not your day et Tu n'es plus là.

J'espère que ça vous a plu.

A plus sur une autre histoire !

LoinOù les histoires vivent. Découvrez maintenant