31/08/2018

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Salut, ou Bonjour, ou Bonsoir, ou je ne sais pas quoi,

On va dire Salut.

Salut, moi c'est Edgar. Je ne sais pas vraiment comment faire mais ça fait des semaines et ma mère m'a un peu obligé à écrire. Alors si ce que j'écris est débile ou décousue c'est normal. Comme je l'ai déjà écrit moi c'est Edgar. Je n'avais pas vraiment l'intention de fouiller dans ses affaires mais Anne-Marie n'était pas du tout en état de vider sa chambre. Et comme la maison de retraite est dirigée par des êtres dénué de tout sentiments j'ai décidée de le faire moi. J'avais pas du tout envie que les maigres choses qui lui restaient soit balancées à la poubelle. Enfin je ne sais pas vraiment si ce genre de détail à de l'importance. On va simplifier et dire que je vais juste écrire ce qui me passe pars la tête. Enfin bref. C'était donc à moi de vider sa chambre. Je ne vais pas faire le mec fort qui n'a rien ressentie. Non. C'était dur, très dur. De mémoire j'ai dû réussir à tout empaqueter en un peu moins de six heures. Il ne possédait plus énormément de chose. La pièce était étrange une fois vidée. Les murs étaient blancs, les draps du lit étaient blancs, les rideaux étaient blancs, exactement comme à l'époque où il était encore en vie. Comme si son absence ne changeait rien.  J'ai de nouveau la chair de poule. C'est moi qui l'ai trouvé. Je ne l'avais pas vue au petit déjeuner. Maman m'a dit qu'il devait encore être au lit et d'aller le réveiller. En général c'est elle qui s'en occupe mais elle n'avait pas le temps. Et ça ne me dérangeais pas. D'abord je n'ai pas compris. Quand je suis entrée dans la chambre, et que je l'ai vue, j'ai crue qu'il dormait. Je l'ai appelé, il n'a rien répondue. Je l'ai secoué, il n'a pas réagi.  C'est à ce moment que la panique est arrivée. C'est à ce moment que j'ai remarqué qu'il ne respirait pas, qu'il ne respirait plus. Je me suis mis à le secouer en criant. Il n'était pas mort, ce n'était pas possible, puis des infirmières sont arrivées. Ensuite tout c'est passé très vite. Elles m'ont séparé de lui. Ce sont misent autour du lit. L'ont regardé. Ont pris son pouls. Ont secoué la tête. M'ont sortie de la chambre. Ma mère est arrivée en courant. Elle m'a regardé. Ma posé des questions que je n'entendais pas. A regarder la chambre. A compris. Ma pris dans ses bras. Et c'était fini. Tout était finis. L'enterrement est arrivé très vite. C'était la première fois que je m'étais un costume. Ma mère disait toujours que la première fois que j'en mettrai un se serai pour mon mariage, elle se trompait. Je ne garde aucuns souvenirs de la cérémonie. Je crois y avoir assisté sans vraiment en avoir eu conscience. Je sais juste que je n'ai pas pleuré. Tout le monde pleurait, tous sauf moi. Je n'ai pas versé une seule larme pour mon ami, alors que tous ceux qui l'avaient abandonné, qui n'étaient jamais venu le voir, tous ceux qui n'en avaient clairement rien à faire de lui, tout ceux-là pleuraient. Et à chaudes larmes en plus. Ma mère disait que c'était normal. Mais j'avais vraiment l'impression que quelque chose clochait avec moi. C'est au moment de vider sa chambre que les premières larmes sont apparues. Je ne serai pas expliqué pourquoi, mais à cet instant j'ai réalisé que je ne le reverrai plus. Que tout était réellement terminé. Je ne le reverrai plus jamais. On ne discutera plus jamais ensemble. Et c'est en larmes que je t'ai trouvé. C'est étrange de te tutoyer, mais c'est plus simple comme ça. Tu étais dans un tiroir, seul. Au début je n'ai pas compris ce que tu étais, puis je t'ai ouvert et j'ai compris. Je ne t'ai pas lue, pars respect pour sa vie privée. A la base je voulais te rendre à Anne-Marie mais elle m'a dit de te garder, je crois qu'elle pense que tu peux m'aider, ou alors elle n'avait pas la force de te garder. Je n'ai pas envie d'écrire un truc interminable alors je vais finir par te dire qu'il me manque, que mon ami me manque, que Charles me manque. Et à toi aussi j'en suis sûr.

Adieu mon cher ami Où les histoires vivent. Découvrez maintenant