Entre tes Griffes 1 (Publié Aux Éditions HLab)

22. Démentiel

On dirait que toute la fac s'est donnée le mot. Il y a un monde fou. La maison déborde de fêtards jusque sur les pelouses alentours.

—     Ça promet, commente Helen en claquant la portière.

Je demande à June si Kim est en route avant de sortir à mon tour.

—     Elle prend son temps. Elle n'est même pas encore partie.

Les portes grandes ouvertes de la maison laissent entrevoir une fête déjà bien entamée. Tout le monde danse et boit avec l'envie évidente de lâcher prise et de se défouler.

—     On va danser ! dis-je.

Les garçons préfèrent aller chercher à boire. Enveloppées par la chaleur moite des corps, on se faufile entre les danseurs en nous tenant par la main afin d'éviter d'être entraînée par la foule, loin les unes des autres.

—     On ne se lâche pas, ok, dis-je.

—     Aucun risque, crie June.

Les filles autour de nous miment les chorégraphies aguicheuses des clips de rap. Je reconnais certaines fans du ballon. Le parquet sous nos pieds est déjà collant. La piste est pleine à craquer. J'adore sentir l'énergie de la foule autour de moi. Je me fonds dans la masse et me sens libre. La musique pénètre chaque pore de ma peau et je me laisse posséder par son rythme.

Avec les filles, on danse collées serrées. Le DJ mixe du rap et de l'électro en glissant aussi quelques tubes pop. Les bras en l'air croisés au-dessus de ma tête, je descends en ondulant le long du dos d'Helen. June me pince les fesses quand la chanson the Hills de the weeknd commence. On adore danser dessus.

J'ouvre les yeux amusés pour la fesser à son tour lorsque je l'aperçois.

Mon cœur rate un battement avant de se remettre à battre, plus vite. Appuyé à la balustrade, X surplombe la piste de danse et me regarde. Je ne détache pas mes yeux de lui. Sourire en coin, il soulève un sourcil. Comme je le prévoyais, il est entouré d'un cheptel de filles. Il en tient une par la taille et se penche vers une autre tout en ne me lâchant pas des yeux. Je me retourne brusquement pour faire face à June et Helen.

—     Je meurs de soif. Vous voulez qu'on aille boire un verre ?

—     Après ce morceau, répond June.

Légèrement mal à l'aise à l'idée de danser sachant qu'X m'observe, je regarde autour de moi et remarque qu'il y a nettement plus d'espace sur la piste. Un joueur de l'équipe s'approche d'Helen. Je le reconnais. Ils commencent à danser ensemble. Edi a du soucis à se faire. Helen est plutôt réceptive à ses avances. Je les regarde danser langoureusement ensemble et sens tout à coup une main glisser dans mon dos. Je l'enlève d'un coup sec et en me retournant tord le bras d'un mec aux yeux vitreux. Il est bourré et titube sur ses jambes.

Soudain Zane fait son entrée et l'empoigne brusquement par le cou avant de l'éloigner. Encore surprise par cette scène qui n'a duré que quelques secondes, mais contente d'avoir bien intégré les gestes d'autodéfense, j'entends le flirt d'Helen beugler un truc qui sonne étrangement à mes oreilles.

—     Il doit être suicidaire ce type pour toucher à la meuf d'X.

Il parle de moi quand il parle de meuf d'X ? Il est sérieux ? Je l'interpelle.

—     Mais de quoi tu parles ?

—     Quoi ? Il faut être vraiment déchiré pour s'approcher de toi. Je n'ai même pas osé enfreindre ta zone de sécurité.

Je comprends mieux l'espace qui s'est formé autour de nous. Personne n'ose s'approcher. X a pissé autour de moi pour marquer son territoire.

—     Bruce a failli se prendre un crochet du droit la dernière fois dans les vestiaires pour t'avoir mal parlé, ajoute-t-il.

Bruce étant certainement un des abrutis qui s'est moqué de ma réaction « un peu vive » à l'entraînement. J'en reste sans voix.