Unique Partie

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Avant, ça me répugnait. Et je me répugnais. Comment pouvais-je apprécier cette sensation à la vue d'un homme ? Comment pouvais-je expliquer ce sentiment si profond, si sincère qui m'habitait parfois quand je le voyais ?

A la télévision, à table, à l'école. Un sentiment si tabou.

J'étais différent. Je me voyais autrement, presque inhumain. Comment pourriez-vous définir cette force qui vous envahit à la vue de celui ou de celle que vous aimez ? C'était si particulier, si unique.

J'ai mis du temps à accepter, du temps à comprendre. Je l'observais, derrière mes petites lunettes rondes. J'étais jeune, insouciant et peureux. J'avais entendu tant de mots haineux à ce sujet.

Alors je me suis caché. Et puis un jour, il m'a trouvé. Un cache-cache intense sur de si longues années que j'ai cru que jamais il ne gagnerait. Tout était si clair, si limpide. Tout ce temps à se voiler la face, à le rejeter lui et à me rejeter moi. Que pouvais-je faire d'autre ?

Une fois repéré, tous les regards changeraient. Je ne serai plus le jeune homme séduisant de la promo, je serai la lopette, la tarlouze. L'inconnu. A cette idée, je me suis refusé à accepter ce sentiment si poignant qui me faisait vivre. Et j'ai reculé, plus profond encore, dans ma coquille, plus loin dans le déni.

Pourquoi ?

Sa voix, ses paroles, son regard. J'aurai pu me baigner dedans à l'infini, j'aurai pu nager pour l'éternité dans ses mots. Mais cette peur, toujours, me tiraillait l'estomac. J'y pensais jour et nuit en refusant d'accepter. Je voulais être comme les autres.

Mais tu es comme les autres.

Non. J'aime un homme. Je rêve de sa peau contre la mienne, de lui faire l'amour, de lier mes lèvres aux siennes. Je désire tout son être. Lui et lui seul. Mais les autres, qu'en penseraient-ils ?

Je m'en fiche.

Et puis, l'animal a surgi. Il n'y a pas eu d'explications. Le désir avait pris le dessus sur la honte, la peur et l'inconnu. Quand sa main a frôlé la mienne, j'ai compris. Je ne pouvais lutter contre une si grande force. Sa force à lui mais aussi celle de la vie.

Accepte-toi.

C'est si dur. Après tout ce temps, accepter. Aimer un homme. Aimer une femme. Quelle différence ?

L'Homme a régi la loi comme la majorité le voulait. Un homme et une femme et rien d'autre. Les autres, ils ne devaient pas exister. Je voulais vivre, je voulais être moi avant de n'être rien. Il me l'a dit. Ses paroles aussi dures que vraies ont raisonné dans mon esprit.

Tu sais, tu n'es pas un monstre. Tu n'es pas différent. Tu es toi. Tu m'aimes, moi, un homme et tu me désires comme n'importe qui. Il n'y a pas de loi pour diriger ce sentiment. Il n'appartient à personne, il vole et se pose comme un oiseau où il le désire.

C'était si juste. J'étais moi. Un homme qui voulait vivre pour un homme. Rien n'y personne ne pouvait me faire changer. Il n'y avait aucune maladie, aucune folie. Mon humanité m'en donnait le droit, celui d'être libre de vivre comme je le désirai.

Alors j'allais vivre. Que je sois gay, que je sois lesbienne, que je sois transgenre, que je sois bisexuel ou n'importe qui, j'étais moi. J'étais libre. Et les autres pouvaient bien aller se faire voir.

J'étais la voix de tous ceux qui se cherchaient, qui refusaient de s'accepter, de trouvaient leur voix, enfermer dans la solitude, à défaut des autres.

Sois toi-même, qui que tu sois, quoi que tu sois.Deviens qui tu veux    

Qui suis-je ?Where stories live. Discover now