Le verre de trop. Mes habitudes de fêtarde m'ont permis d'apprendre à reconnaître ce verre qui fait basculer d'un état énergique rempli de rires et d'euphorie, vers des émotions plus négatives comme la tristesse ou la colère, le tout agrémenté d'insupportables vertiges et de fortes nausées. Ce fameux verre, j'en suis à mon quatrième. Au début, l'alcool m'a aidé à mettre ma souffrance de côté pour quelques instants. Malheureusement, la réalité a fini par rapidement refaire surface, décuplant mon mal au passage. Maintenant, je n'ai plus qu'une seule et unique envie : retrouver Ally pour rentrer chez moi et m'enfuir sous mes draps jusqu'au restant de mes jours. Seulement, je n'ai plus aperçue cette dernière depuis que nous sommes arrivées.
D'un geste décidé, je pose mon dernier shot de téquila, risquant de briser le verre au passage. Alors que je tente de me lever de mon tabouret, je perds l'équilibre et manque de m'écraser au sol. Heureusement, un garçon passant près de moi a le réflexe de me rattraper.
— Hé ça va mademoiselle ?
Tandis que j'essaye d'ignorer l'affreuse musique électro me perçant les tympans, j'acquiesce faiblement et commence à m'avancer. Je fais de mon mieux pour slalomer entre les fêtards mais ma tête tourne à n'en plus finir. Les idées totalement embrouillées, j'en viens même jusqu'à oublier ce que je fais ici. Mes jambes me guidant d'elles-mêmes, je finis par atterrir devant une toilette dans laquelle je déverse l'entièreté de mon dîner.
Malgré cela, je ne me sens pas mieux pas du tout. J'ai même l'impression que mon état ne fait qu'empirer, que mes idées ne cessent de s'assombrir. Etonnement, je parviens à me traîner dehors avec la fervente intention de trouver un moyen de rentrer chez moi. Une petite voix me souffle que je ne suis pas arrivée seule mais ma mémoire étant si floue, je n'y prête pas attention.
Malgré mes vertiges de plus en plus incontrôlables, je me dirige vers un taxi. Juste avant que je n'ouvre la portière, je réalise –malgré mon état– quelque chose d'assez contraignant : ayant tout dépensé dans l'alcool, je n'ai plus du tout d'argent. Désespérée et à nouveau prise de fortes nausées, je commence à reculer avant d'entrer en collision avec quelque chose. Ou plutôt quelqu'un. Je me retourne pour faire face à un homme blond de grande taille.
— Oh désolée, m'excusé-je avant de vomir un étrange liquide blanc à côté de ses élégantes chaussures.
Il fait trois pas en arrière, visiblement dégoûté.
— Mais faites attention ! Vous pourriez être arrêtée pour une chose pareille.
Je suppose que la Dahlia sobre aurait eu la même réaction que lui face à quelqu'un risquant de gros ennuis, comme moi à l'instant même. Effectivement, en Thalésia, on est facilement emprisonné pour cause d'état d'ivresse sur la voix public, surtout lorsque que l'on salît cette dernière. Mais la Dahlia bourrée n'a que faire de ce genre de détail.
— Je... je m'en fiche.
— C'est une erreur, rétorque-t-il sèchement.
Une erreur. Comme ma relation avec Ayden. Comme le fait de lui avoir fait confiance. De m'être laissée berner par ce personnage ignoble. Instantanément, ces pensées déclenchent une immense tristesse au fond de ma poitrine. Semblable à celle qui ne me quitte plus depuis trois jours, mais en mille fois pire. D'innombrables larmes commencent à couler le long de mes joues, sans que je ne puisse plus rien contrôler.
Mon interlocuteur, pris au dépourvu, s'approche de moi d'un pas hésitant.— Vous allez bien ?
— Pourquoi... pourquoi tout le monde se sent obligé de me demander si je vais bien ? j'arrive à enchaîner d'une voix pâteuse. Evidemment que non ! Ma vie... ma vie est un désastre. Un désastre désastreusement désastreux.
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L'éclat de l'Héliodore
RomanceDans un univers proche du nôtre, règne la dynastie des Solariens sur le royaume de Thalésia. Afin d'exercer un pouvoir absolu, ils imposent des lois strictes et appliquent des sanctions radicales. En raison de leur impopularité, la tradition veut q...