Le retour de la campagne se déroulait après trois mois de boucherie. Le régiment entier traversaient en sens inverse les champs de bataille ensablés qui avaient vu cette chasse à l'homme commencée. Dans une file indienne plus ou moins régulière nous maintenions le pas de course.
Nous avions tous hâte d'atteindre CrossStones. Bien-sûr la rétribution monétaire qui nous était due n'y demeurait pas étrangère. Mais l'alcool, les prostitués, la famille parfois ou simplement quitter le désert Symerien, les arguments ne manquaient pas pour presser le pas du bataillon.Pour ma part c'était différent. Je ne voulais qu'une chose. Une dernière marque. Rien qu'une, c'est tout ce dont j'avais besoin. Cette pensée m'avait fait tenir cette campagne et continuait de motiver chacun de mes pas. Cela faisait déjà deux jours que le bataillon réduisait la distance avec la ville. Archers, piquiers, épéistes, pas moins de vingt mille preneurs d'âmes défilaient sur le désert de roches. Ma nausée tournait aux courbatures à mesure que l'on quittait cet enfer.
Avancer sous la chaleur des terres du sud relevait du défi. La campagne avait été commencée en milieu d'hiver et les températures ne faisaient que se réchauffer depuis. À subir la sécheresse au printemps, on se demandait à quel point l'été pouvait être terrible. En queue de file, la main sur ma monture, je jettais un œil aux paysages rocailleux que j'espérais ne jamais revoir.Un semblant de végétation nous entourait depuis le matin. Rien de plus qu'un mélange de broussailles sèches. Bonnes qu'à faire de l'ombre aux lézards, aux blattes et aux serpents. Depuis le début du retour, aucun chant de victoire n'avait percé les rangs. Il fallait de toute façon être tordu, pour avoir même envie de célébrer la barbarie qui s'était déroulé sur ces terres.
Il n'y avait que le bruit sourd de nos pas accompagné des claquement métalliques des gourdes s'ouvrir et se fermer, parfois le hennissement fatigués des chevaux tirant les carrioles. Ils recevaient l'aide de quelques chameaux récupérés au passage qui remplaçait ceux finis en brochette. Ce n'était que lorsque les rares vents du nord se levait que le bruit des grains de sables contres les armures rappelaient celui d'une pluie battante.Il était dur de concevoir, pour ceux qui s'y intéressait, comment avaient survécus ici les Symeriens. Ce peuple demeurait bien plus doué pour la survie que pour la guerre. Ce qui n'était pas notre cas aux vues des épées pleines de sang et des quelques cadavres tombés de chaleur durant la route.
Le camp fut monté dès que les premiers similis de forêt furent atteints. Près d'un millier de tentes s'érigèrent en moins de temps qu'il n'en fallait pour le dire parmis les acacias. Ici le soleil couchant emmenait avec lui sa chaleur. Bien vite le blanc des toiles devînt gris. En réponse au froid naissant des feux de camps au bois d'acacia par centaines vinrent illuminer le campement.La campagne était finie. Les restrictions sur l'alcool n'étaient plus de rigueur. Et avec l'avance sur le planning il y avait de quoi voir venir. L'ivresse et les cris envahissait le campements.
- Merde! laissais-je m'échapper.
La tête ailleurs, je venais de faire brûler une partie de mon repas. Un serpent que j'avais attrapé la journée..
« Après leurs habitants, je m'occupais de la faune » ironisais-je tristement en me rappelant que ma tolérance pour les galettes de millet était arrivée à son terme.
- Ne devient jamais cuisiner Mav, ria Nathanael en me rejoignant autour du feu.
Il était le seul du bataillon dont j'appréciais qu'il brise la solitude que j'affectionnais.
- Tu n'étais pas obligé, lui répondis-je en lui tendant un morceau du reptile qui ressemblait moins que les autres à un morceau de charbon.
Nath se posa à mes côtés près du feu, l'air pensif.
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Jusqu'à l'os
ParanormalLa campagne Symerienne se termine sur une note sanglante. Nul chant de victoire ne perce les rangs. Autour d'un feux de camps, Mav, comme toujours assez silencieux, ne porte d'intérêt qu'aux paroles de Nathanael et n'écoute que d'une oreille les pal...