III - Une simple Histoire de cul

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Aucun mot ne fut échangé avant le levé du soleil jaune.

 Apres une nuit de chevauchée Nath et moi firent halte près d'un ruisseau d'eau claire courant sur un lit de gravier. Moins d'une dizaine de lieux nous séparaient encore de la province de CrosStones. Epuisés les chevaux s'étalèrent sur le sol caillouteux encore couvert de la rosé du matin et nous firent de même. Je serrait machinalement l'une de pierre sous ma main a en faire rougir mes doigts comme pour vérifier que tout ceci n'était pas un énième cauchemar.
A peine convaincu je m'eclaboussait le visage de l'eau fraiche ruisselante et y remplissait ma gourde. Cela faisait des mois que je n'avais pas bu une eau si claire. On ne s'habituait pas a l'eau saumâtre des puits Symeriens. 

Je m'assis les pieds nus barbotant dans l'eau prêt de Nath. Il regardait le levé de soleil comme si il le voyait pour la dernière fois.
Je fus surpris qu'il acquiesce aussi facilement après que je lui confis avoir vu Karik se tenir debout, le visage a moitié bouffé. Comment pouvais'je le convaincre alors que moi même je refusais d'y croire. Mes paroles étaient insensées et sonnaient comme celle d'un fou, mais a mon grand regret il confirma.

Ceux qui étaient mangé revenaient à la vie pour dévorer les vivants. Je ne pus empêcher un rire nerveux. Le scenario avait de quoi faire pâlire Godru.
Le poison, les Symeriens excellait dans cet art. C'est d'ailleurs ce qui avait eut raison de la plupart des morts de notre côté. Peut être avions nous assister à l'un de leurs nouveaux poison, un des plus efficace il fallait l'avouer.
Mon ventre gargouillait et je fus forcé de mettre de côté d'improbables explications pour ouvrir le sac accroché à la selle de Brownie, ma fidèle jument.

Sans pouvoir empêcher la grimace de courber mes traits je sortie du sac deux galettes de millet.
J'en lançais une à Nath et m'assis à mon tour face au soleil levant. Le dégoût qui découlait de mon visage provenait autant de la fadeur de la galette, que de la vision de Karik debout le visage à moitié déchiqueté.

Je demeurais à la recherche d'un moyen d'ôter ces images écœurante de ma tête et la galette de millet entre mes mains n'y aidait pas. C'etait finalement le paysage devant mes yeux qui fut le plus utile en ce sens. Sans partir dans quelques inspiration poétiques, le soleil faisait refléter le fin ruisseau tel un fil de lumière dorée à travers les abruptes collines rocheuses. J'étais comme souvent incapable de savoir ce que cachait le long silence de Nath et ses sourcils penseurs. Près de nous les chevaux buvaient à leurs tour l'eau christaline du ruisseau. Ils sentaient comme nous la chaleur revenir par bouffé à mesure que le soleil grimpait.

Comme attendue, la campagne avait encore une fois été bien trop sanglante pour laisser mon esprit apprécier ces rares moment d'évasions. Depuis le jour où j'avais pris l'épée il y'avait plus de vingt ans de cela, je gravais mes cauchemars avec le malheur des morts et la crainte des vivants. Mes meilleurs souvenirs de guerre défilaient en boucle, chaque nuits, à chaque repas, chaque instant où mon esprit n'avait rien de plus urgent à régler. Membres déchirés, exécutions sommaires, viols de guerre, j'assistais à un véritable stromboscope des victimes qui avaient croiser ma route. Les détails ne manquaient pas. Chaque scène prenait le pas sur l'autre et se bousculaient, le tout sur fond d'entrechoquement de lames, de supplications, et de hurlements atroces. Je devais me sentir chanceux que les odeurs me soient épargné.
Les abominations de cette nuit se mélangeaient à leurs tours aux horreurs qu'une vie de bataille pouvait offrir. Résolu je pris un croc de millet cherchant à occuper mon esprit d'un autre genre de dégoût.

Après une courte pause les chevaux furent tiré de leurs repos mérités. Leurs galops n'avaient qu'à peine faibli et l'espoir de revoir CrosStones et d'en finir avec tout ca me faisait presque oublier la nuit. Qu'allions nous bien pouvoir dire de retour à la ville. Le régent n'aurait surement pas le même genre d'acquiescement que Nathanael face a nos explications. Il n'aurait d'ailleurs pas été étonnant qu'on soit traité de déserteur ou de fou et pendus sans procès.
Après deux heures à se briser les noix sur la selle de Brownie, je me distrayais à regarder la Végétation revenir au fil de notre chevauchée. Sapins, Eucalyptus, puis bientôt chênes et fougères, la région de CentreTerre était proche. Les premiers chants de pie, de coucou et de cacatoès résonnèrent comme un retour au bercail.

Jusqu'à l'osOù les histoires vivent. Découvrez maintenant