ﻬ 3.2 Tourbillon de souvenirs ﻬ

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« Le pire, c'est feindre ne rien voir, ni ne rien savoir. Je crois que de là naissent tous les maux du monde. »

*
C'était horrible.

Depuis un moment déjà, elle ne faisait que se retourner d'un côté à l'autre sur son lit. La fine lueur lunaire qui pénétrait la chambre ne sembla jamais avoir été aussi funèbre.
Elle révélait impassiblement toute la douleur que portait une jeune fille depuis très longtemps dans son tendre cœur.
Elle révélait ce que le jour dissimulait.
Et c'était là tout le pouvoir de la nuit.
Et cette nuit encore, des sanglots presque imperceptibles s'échappaient d'un petit coin sombre de la pièce, déjà si morne.

Il y a deux ans.
Il y a deux ans de cela, elle fêtait ses treize ans; et croyait passer la plus belle des journées quand son père était rentré plus tôt du travail; c'était une première.
...
Il lui avait acheté une jolie poupée avec une magnifique chevelure bouclée rappelant le doré du soleil.
...
Il lui avait annoncé qu'ils allaient voyagé ensemble, qu'ils allaient découvrir de nouveaux horizons, camper, et peut-être qu'il allait même lui apprendre à pêcher. Elle était si heureuse, si heureuse ! C'était la première fois qu'ils allaient passer du temps seulement entre eux, entre père et fille.

« ...Je... Ah... »

Elle tiqua devant le tremblement incessant de ses propres mains, qu'elle ramena brusquement, sous le coup de la panique, devant son visage.
Tout était effrayant, recroqueviller sur elle-même, ses yeux divaguaient entre l'armoire en bois brun à l'extrémité de la pièce et l'ombre des branches d'arbres que dessinait le clair de lune sur le mur annexe.

« Milla est une enfant très sage. »
...
« Ne fais aucun bruit, ne sors pas, jusqu'à ce que je revienne te chercher. » avait-il dit de son habituelle voix si chaleureuse, mais étrangement paniquée à ce moment.
...
Que se passait-il ?
Des coups de feu retentissaient dehors comme des bombes assourdissantes.
Sa petite main se posa contre la porte de l'armoire qui l'abritait, le cœur battant.
Elle voyait son père au milieu de la pièce, et devant lui se tenait un groupe d'hommes effrayants, c'était des méchants hommes.
Il y avait des hurlements qui s'entendaient de tous les côtés, mais elle ne faisait attention qu'à la scène qui se tenait devant elle.
...

*

James retint son souffle; il n'arrivait pas à croire à ce qu'il entendait. C'était comme une de ces histoires affreuses dans les films d'actions, qu'on ne pourrait jamais s'imaginer arriver dans la vraie vie... Même si on nous l'eût dit.
Alors que les rebelles prenaient d'assaut le village, le père de Millana la cacha de justesse dans une armoire...
Wah, on peut dire qu'elle a eu de la chance... dit James les yeux globuleux, tentant d'assimiler la chose.
Sean planta ses yeux dans les siens, une étrange flamme y crépitant.

" D'avoir été témoin de l'exécution de son père ? Oui."

James fronça les sourcils.

  Je veux dire qu'elle ne se soit pas faite attrapée ! Dit-il en balançant un coussin en l'air.

  Putain, ils ont égorgé son père juste devant ses yeux ! Avait hurlé subitement Sean, avant de laisser échapper un soupir non pas dépourvu d'émotion tout en passant nerveusement sa main contre son front.
James se figea.
Il n'avait jamais vu Sean dans un tel état, celui-ci n'avait même jamais élevé la voix au sens propre par le passé.
Quand au brun, il s'était surpris lui-même. Il lui semblait évident qu'il défoulait une colère refoulée sur le pauvre James, et que celui-ci n'en était pour rien.
Il remit ses idées en place; la seconde d'après il était devenu tout à fait calme et serein.
James, tu ne dois jamais reparlé de ça, encore moins en présence de Millana. Elle a été en état de choc pendant un an, elle ne pouvait pas parler et se réfugiait tout le temps derrière Sebastian. Je ne veux pas qu'elle retombe dans un tel coma encore...
....

*

La jeune fille prit soudain une bouffée d'air qui lui fit revenir l'esprit sur le présent. Elle se rendit compte qu'elle hurlait le prénom de son frère de façon excessive, qu'il était juste accroupi devant elle avec une expression totalement inquiète; et qu'elle agrippait de toutes ses forces sa chemise.
 Milla ? As-tu fait un cauchemar ?
Quand elle croisa ces yeux noisettes si réconfortants, son corps se détendit automatiquement. Sa respiration devint plus fluide.
...Sebastian...
Je suis là, calme-toi. Je suis là... Ce n'était qu'un mauvais rêve...
Il l'étreignît tout en caressant lentement sa tête.
Elle se laissa bercer par cette douce chaleur si réconfortante et paisible que seul Sebastian détenait. C'était étrange comme elle se sentait en sécurité, protégée de tout et n'importe quoi juste en sa présence.
Comme s'il était un ange gardien qui la couvrait de ses ailes.
Elle resta là dans ses bras jusqu'à finalement s'abandonner dans un doux sommeil qu'elle n'avait pas connu depuis longtemps.

*

Les Gardiens

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⏰ Dernière mise à jour : Dec 09, 2018 ⏰

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GARDIENNE [Love & Hate]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant