➿Chapitre 3➿

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J'ouvre les yeux en sursaut. Comme tous ceux qui se sont enchaînés cette nuit, il m'a rarement été donné de faire un rêve aussi étrange. Mais maintenant que je suis réveillée, la réalité semble l'être bien plus encore.

La vue qui s'offre à moi m'est totalement inconnue. Allongée dans un lit aux draps en satin de couleur gris perle, je fixe le plafond. Celui-ci, incroyablement haut, regorge de moulures aux formes variées, allant de spirales vers des feuillages aux tiges s'entrelaçant de manières diverses. Au centre, se trouve un magnifique soleil, en partie caché par un lustre à la taille astronomique. Principalement constitué de cristal mais également incrusté de pierres jaunes, celui-ci doit posséder une vingtaine de lampes.

Encore à moitié endormie, je me redresse afin de pouvoir observer l'entièreté de la pièce. Lumineuse notamment grâce à sa peinture blanche, cette dernière est éclairée par la clarté extérieure, pénétrant par les deux grandes fenêtres situées de part et d'autre de l'immense lit dans lequel je me trouve. En face de moi, repose un confortable divan couleur vanille. J'ai beau ne pas être une connaisseuse, je serais prête à parier que le tissus dont il est recouvert est extrêmement coûteux. En plus des deux tables de nuit, ce sont les seuls meubles dont est composée la chambre. Bien qu'elle soit d'une étonnante simplicité, il semble évident que son propriétaire possède ou du moins possédait une certaine fortune.

— Enfin réveillée ?

Je sursaute avant de me tourner vers la droite. Une jeune homme que je ne connais ni d'Ève, ni d'Adam vient d'ouvrir une porte à la poignée ancienne.

— Euh, on dirait bien. Mais... où suis-je ? je demande, confuse.

Mon interlocuteur, de grande taille — je dirais qu'il doit approcher le mètre quatre-vingt-dix — est probablement âgé de quelques années de plus que moi. Ses cheveux blonds et indisciplinés, allant de paire avec sa peau claire, laissent s'échapper de fines gouttelettes, coulant le long de son front et de sa nuque. Surmontés par d'épais sourcils, ses yeux en amande reflètent un gris intriguant. Son nez grec ainsi que sa bouche à la lèvre inférieure épaisse complètent parfaitement les traits harmonieux de son visage. Vêtu d'un T-shirt blanc et d'un pantalon en jeans cintré, sa tenue fait preuve d'une grande sobriété. L'unique touche originale se trouve à son majeur droit. Celui-ci est orné d'une impressionnante chevalière sertie d'une pierre dorée.

— Chez moi, me répond-il comme s'il s'agissait d'une banalité des plus évidentes.

— Et je peux savoir ce que je fabrique chez vous ?

J'ai beau me réveiller chez un parfait inconnu et n'avoir aucune idée de ce qui m' y a conduite, je ne suis envahie ni par le stress, ni par la peur. Bien qu'épuisée et certes extrêmement déboussolée, j'éprouve surtout un étonnante curiosité à découvrir le pourquoi du comment de ma situation actuelle.

— Vous ne vous souvenez donc de rien ?

Il hausse un sourcil, l'air dubitatif. De quoi suis-je supposée me souvenir ? M'efforçant de me remémorer les évènements de la veille, je revois Ally débarquer chez moi, me trainer dans une boite de nuit pour ensuite m'abandonner seule à ce bar que j'ai passé la soirée à dévaliser afin d'atténuer mon chagrin. Je me rappelle également avoir fini par me lever pour aller vomir dans les toilettes mais ensuite c'est le trou noir. Je ne me souviens plus de rien. Malgré tout, je sais que le moins que l'on puisse dire, c'est que j'étais dans un sale état. Probablement capable de faire une grosse bêtise.

Me voilà beaucoup moins à l'aise tout d'un coup. Alors que je quitte mon hôte du regard, je jette un coup d'œil à l'autre côté du lit. Celui-ci est défait. Je n'ai pas dormi seule.

L'éclat de l'HéliodoreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant