2: The end, my friend

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Le verdict était tombé dans la journée. Teresa Lisbon n'aurait su dire l'heure, ni si elle avait été soulagée. Elle avait presque oublié les formalités.

Son coeur battait si fort qu'elle avait l'impression qu'il allait exploser.

Elle avait cet affreux pressentiment que les pires histoires ne finissent pas bien, qu'on ne trouve pas toujours la paix et qu'on ne sauve pas tout le monde même quand on arrête le psychopate le plus célèbre et sanglant du pays.

Vers vingt heures, elle réalisa qu'elle était restée plus de deux heures assise à son bureau sans bouger, sans écrire son rapport, sans boucler l'affaire.

Elle regarda les bureaux et remarqua que seule VanPelt était encore là, travaillant avec tout le soin qui faisait son efficacité.

Prise par une soudaine vague de nausée, Lisbon se leva et quitta son bureau sans prendre la peine de récupérer sa veste.

-VanPelt, vous avez vu Jane ? demanda-t-elle avec l'aisance de l'habitude.

-Pas depuis tout à l'heure non, répondit la rousse sans quitter son écran des yeux.

-Et tout à l'heure c'était quand ?

-Je ne saurai vous dire exactement, il a dû monter au grenier, il prenait cette direction.

Lisbon ne la remercia même pas et s'éloigna vers les escaliers d'un pas pressé. Son coeur battait toujours plus fort, comme s'il savait déjà que quelque chose ne tournait pas rond. Elle gravit les quelques marches et poussa la porte du grenier. Les affaires de Jane étaient bien là mais il n'était pas avec elles. Elle parcourut la pièce du regard et une tâche blanche attira son regard.

Une feuille de papier. Une lettre.

Elle fit volte-face sans même prendre la peine de lire la lettre et courut de nouveau pour descendre les escaliers jusqu'au Hall du bâtiment. Elle n'arrêta pas sa course et se précipita à l'extérieur pour aller emprunter les escaliers qui grimpaient le long du bâtiment, jusqu'au toit.

Elle n'avait jamais été aussi rapide de toute sa vie. Ses poumons lui hurlaient de s'arrêter, la faisant souffrir plus que jamais, son coeur battait toujours aussi fort, la suppliant de ne pas abandonner.

Elle le sentit pourtant s'arrêter lorsqu'elle arriva sur le toit. Elle vit Jane assis sur le rebord en face d'elle, il lui tournait le dos.

-Jane ! cria-t-elle en courant vers lui.

Il se tourna vers elle et pour la première fois depuis qu'elle le connaissait, elle vit des larmes sur ses joues. Elles perlaient lentement, dévalant ses joues blanchies par le froid de la nuit, et elles laissaient ses yeux d'habitude malicieux si vides... C'était comme s'il n'existait plus, comme s'il disparaissait sous ses yeux.

-Jane, descendez de ce rebord, ordonna-t-elle en s'arrêtant à quelques mètres de lui.

-C'est fini Lisbon, dit-il d'une voix rauque. Je ne vous importunerai plus maintenant.

-Si c'est parce que je vous ai empêché de faire une bêtise... commença-t-elle.

Il leva une main pour la faire taire puis replongea dans son observation morbide du vide sous ses pieds.

-Charlotte aurait eu dix ans, souffla-t-il soudain.

Lisbon en resta muette un instant. Jamais Jane ne parlait de sa fille, elle l'avait très peu de fois entendu parler d'Angela, sa femme, mais jamais de Charlotte.

-J'aurai pu lui acheter un vélo sans les petites roues, elle serait heureuse de savoir que le méchant que son père traquait est enfin enfermé...

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