La faim

37 6 7
                                    


La première fois, c'était un accident. Je devais avoir 5 ans. Un enfant insultait un de mes amis, il était plus grand et plus fort alors nous n'osions pas le défendre mais il a commencé à le frapper, alors, sans même réfléchir, je lui ai sauté dessus et ai planté mes dents dans son bras. J'étais tellement bien accroché qu'il avait beau se débattre, je ne bougeais pas. Puis il a fini par se décrocher et m'a éjecté en arrière, moi et un morceau de la chair de son bras avec. Le choc m'a fait avaler ce morceau mais un peu de sang est resté dans ma bouche.

La plupart auraient été dégoûtés et auraient craché, mais pas moi. À vrai dire, le goût me plut. Je fixais le bras sanglant de l'enfant. Je réalisais alors que je venais d'ingurgiter la chair d'un de mes congénère et que l'idée de recommencer me traversa l'esprit. Cette idée m'horrifia. Je fis alors de mon mieux pour la cacher et l'oublier.

Mais au fil du temps qui passait lentement, l'envie d'y goûter à nouveau devint de plus en plus forte. Elle me hantait l'esprit à chaque instant se manifestant chaque fois que je voyais du sang. Elle m'empoisonnait tellement l'esprit que je me blessais moi-même afin de boire mon propre sang, mais ce n'était pas suffisant.

Je pris ma décision à l'âge de 19 ans. Je choisis ma victime minutieusement, une jeune fille dans mon cours de biologie, elle était en excellente santé, elle mangeait bio, elle avait aussi l'avantage d'être solitaire et de ne pas être proche de sa famille. Ainsi, l'on ne remarquerait pas sa disparition trop rapidement. Je me rapprochai d'elle durant plusieurs mois sans pour autant montrer un trop fort attachement, il n'aurait pas fallu que l'on me soupçonne directement après sa mort. Il me fallu être patient avant d'avoir l'occasion de nous retrouver seuls chez elle. Enfin, je pu mettre à l'œuvre, je la tuai, découpai un morceau de sa chair et le portai à ma bouche. Sa viande était tendre et son sang coulant le long de ma mâchoire me rappela le fameux jour de mes 5 ans. Il n'y avait plus de doute, j'aimais la chair humaine. Je finis mon repas et nettoyai autour de moi. Je pris mes précautions pour ne laisser aucun indice.

Ensuite, ce fut la descente aux enfers. Après cette dégustation, il me tardait de recommencer. Je ne voyais plus mon entourage de la même manière, ils n'étaient plus ma famille et mes amis, mais du gibier n'attendant que le prédateur.

Je finis par quitter l'université et m'isoler. Rester auprès de tant de gens me faisait peur, j'avais peur de ne pas savoir me contrôler. J'essayais de l'oublier, de rejeter cette part de moi mais elle était trop forte. Alors je fis d'autres victimes. Au début, je choisissais la personne, je planifiais tout. Mais j'ai rapidement arrêté. Je prenais dorénavant tous ceux qui avaient le malheur de se retrouver seuls. Je m'étais oublié, je n'étais plus qu'un animal. J'étais perdu.

Puis, elle s'est manifestée. Elle est apparue comme une voix dans ma tête. Namira. Elle m'a aidé à me retrouver. Elle m'a protégé de mes ennemis, ceux qui cherchaient justice. Elle m'a appris comment soulager ma faim. Elle m'a montré le chemin en échange de mes loyaux services.

La première fois, c'était un accident. La deuxième, c'était la vérification d'un doute. La troisième, c'était un besoin. Et maintenant, c'est par plaisir et servitude.

Gloire à Namira, princesse daedrique de l'ancienne obscurité, Dame de la putréfaction, car elle seule peut assouvir cette faim qui me dévore un peu plus chaque jour et qui fait de moi une ombre traquant sa nouvelle proie.

Histoires randomOù les histoires vivent. Découvrez maintenant