Chapitre 39

21 1 0
                                    


Je rentrais chez moi, heureuse que la semaine prenne fin.

J'avais fait part à mes amis des messages de Someone, et nous avions décrétés que, le meilleur moyen de ne pas perdre notre temps, serait d'interroger les collègues de ma mère. Thès avait donc proposé de se charger de prendre rendez-vous avec eux ; nous n'attendions plus que leurs réponses.

Evan, de son côté, avait passé la semaine à confirmer qu'il organisait bien une soirée vendredi soir. Ces amis avaient ris dans son dos trouvant –tout comme moi- la situation hilarante.

Installée au fond du bus, je branchai mes écouteurs me coupant ainsi du monde environnant. Sous la mélodie de Scar Tissue, je m'imaginais marchant sur une bordure de sable fin, le soleil baignant la baie de ses rayons, la mer s'étirant au grès des marée, les pieds mouillés par l'eau salée caressant doucement ma peau. Un chapeau fixé sur le front, un foulard à la taille, mes pas dansaient sur la voix si douce et si belle de Anthony Kiedis. Une cahute se dessinait à l'horizon, sa construction rustre ne semblait pouvoir résister aux intempéries, qui se profilaient de l'autre côté de la vitre de bus.

Je descendis à mon arrêt, l'esprit toujours sur cette isle.

Alors que le disque changeait, je m'éloignais de l'eau mouvante et m'en retournait vers les profondeurs de la jungle. Le cœur battant je m'enfonçait dans les noirceurs sauvages de la forêt. Je repoussais des lianes tombant sur mes épaules, écartais des pannes vertes, écrasait des fougères. À mes yeux se dévoilaient une vie inconnue, un écosystème en pleine activité, s'activant pour pourvenir à ses besoins. Quelques insectes grouillaient ci et là, le cris d'un singe raisonnant à travers les feuillages.

Quelqu'un m'arracha à ma musique.

Je me retournai, accueillis par le sourire taquin d'Aaron. J'esquissais une moue blasée, ce qui le fit rire.

" Tu nous rejoins ? On prend un verre. Plutôt Leffe ou 1660 ? "

Je me retins de lui rappeler que je n'avais pas l'âge de boire, et optais pour la bière belge. Je déposais mes affaires dans ma chambre et, en descendant, mon portable vibra dans ma poche.

Sam me demandait si je venais à la soirée d'Evan.

À vrai dire, je n'y avais pas songé, et pourtant j'en étais l'origine. Disant cela, je me délectais de ma victoire sur mon voisin, et ne pus m'empêcher de penser, qu'il était vraiment satisfaisant de n'avoir eu à encourir aucune responsabilité.

J'entrais au salon, et Aaron me tendis mon verre et ma bouteille sous l'œil réprobateur de mon frère. Je bus une gorgée qui me rafraichis. J'avais bien remarqué que les garçons avaient tu leur conversation à mon approche, mais je n'en fis pas la remarque et profitais du silence pour demander mon autorisation de sortie à Dylan.

" Il n'en est pas question, " m'arrêta-t-il l'idée aussitôt dévoilée.

J'inspirais bruyamment, j'en étais certaine, il n'acceptait jamais de me laisser sortir, du moins, pas à ce genre d'évènement.

" Il n'en est pas question, imita Aaron d'une voix qui se voulait semblable à celle de son ami. Non mais sérieux mec', c'est plus une enfant, tu peux la laisser y aller. Ce n'est pas non plus comme si elle voulait aller dans un bar avec ses amies. Elle est en dernière année, l'an prochain elle échappera complètement à ton contrôle, et là, et bien, si tu continues de la couver ainsi, elle fera des conneries juste pour te prouver que tu n'as plus d'ascendant sur elle. "

Dylan lui jeta un regard noir qui en disait long sur son ressentit. Il s'enfonça plus encore dans son fauteuil et fini son verre. Le silence pesa pendant un long moment dans la pièce.

Bring me to lifeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant