Céleste s'extraya de la vision, le corps parcouru de frissons, la tête bourdonnante. Elle ficha ses grands yeux gris dans ceux si semblables de son père, bloquant ses Pupilles, cette fois-ci.
— Je... Je ne comprend pas..., dit-elle dans un murmure à peine audible.
— Si. Si tu comprends. Tu refuses simplement d'admettre que ce que tu viens de voir est vrai et s'est réellement passé.
— Non... C'est vous... Je croyais... Depuis le début...
— Il n'y a pas d'un côté les gentils et de l'autre les méchants, Cælestis. Tu sais tout, désormais. Tu connais la vérité. J'aimais Lise. Vraiment. Terriblement. Mais elle a choisi le mauvais camp. Elle a choisi celui des assassins.
— Non. Maman ne ferais jamais ça. Je ne peux pas le croire... Elle n'est pas... Elle n'est pas comme vous !
Il soupira.
— Non, Lise n'est pas comme moi, en effet. Je ne lui en veux pas pour le choix qu'elle a fait. Je sais qu'elle pensait faire
le bon. Elle désirait simplement vous protégez...— Vous ne lui en voulez pas ?! s'écria la jeune fille avec une incrédulité mêlée à une fureur incontrôlable. VOUS NE LUI EN VOULEZ PAS ?! MAIS VOUS L'AVEZ CHANGÉ EN STATUE, ESPÈCE DE MONSTRE !!!
Elle hurlait désormais. Elle hurlait alors que les larmes ruisselaient sur son visage, comme elles ruisselaient sur le visage de sa mère dans la vision tandis qu'elle s'apprêtait à quitter son mari pour toujours. Elle hurlait son incompréhension, sa détresse, son chagrin, sa colère. Elle hurlait son désespoir alors qu'elle se raccrochait désespérément à l'image de mère idéale qu'elle avait de Lisæ. Sa mère, son héroïne. Son héroïne. Elle ne pouvait pas être en faute, elle ne pouvait pas avoir choisi le camp adverse. Elle ne pouvait pas car c'était sa mère. Et sa mère faisait toujours, toujours, les bons choix.
— VOUS MENTEZ ! VOUS MENTEZ !
Émile secoua tristement la tête.
— Tu sais bien que je ne peux pas mentir dans ce contexte. Tu l'as vu par toi-même. Ce sont les souvenirs. Mes vrais souvenirs.
— Mais non, c'est impossible..., gémit Céleste en se laissant tomber sur une chaise.
Elle prit sa tête entre ses mains en sanglotant désespérément.
— Je vais tout t'expliquer, dit son père d'une voix posée. Ce sont les Magiciens qui ont créé le concept des Pupilles. Ils ont découvert que, à partir des souvenirs d'une personne, ils pouvaient obtenir un sérum leur permettant de gagner un contrôle intégral sur celui ou celle l'ingurgitant, durant un certain temps. Lorsque les premières Pupilles sont nées, elles étaient issues d'anomalies génétiques dues à une trop grande absorption de ce poison. Petit à petit, cette difformité est devenue un gêne classique se transmettant de génération en génération. Les Magiciens ne possédaient pas de Pupilles, pour le simple fait qu'aucune lignée Magique n'avait consommé ce sérum dont ils étaient à l'origine. Personne sauf deux individus : premièrement, Maître Fowl, que tu connais, à été banni de l'île Seyna pour avoir voulu se confronter aux méthodes de l'autorité. Avant son départ, il a été soumis à un sortilège l'empêchant de dévoiler ces confidentialités. La deuxième personne, bien sûr, c'est toi.
Céleste leva la tête, les yeux brouillés, et articula d'une voix faible :
— Oui... Et Maître Fowl avait tenté de me mettre au courant, par le biais d'un livre...
Elle songea à ce brave professeur qui l'avait tant aidé, et à son ouvrage historique relatant les aventures des Magiciens au fil des siècles. Elle songea également à ses propos tenus avec l'infirmière de la Ruche, sur sa condition d'inhumaine.
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Le syndrome des cœurs de pierre I - Pupille
Fantasía/!\ EN COURS DE RÉÉCRITURE Tome premier « Dans nos cœurs en perdition, L'amour s'est volatilisé. Mais en ces relents d'émotions, Même la haine n'a subsisté. Seule l'impassibilité souffle en cette terre, Où tous nos cœurs sont faits de pierre. » P...