The Wicked Wolf - Kaeden (T1) [MxM]

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Après deux heures de marche dans la forêt – sous une forme humaine, malheureusement – nous nous étions assis au bord du lac pour déjeuner. Il était quatorze heures et bientôt nous devrions quitter ce havre de paix...

Il faisait froid et le vent n'arrangeait rien, cependant l'ambiance était plutôt chaleureuse dans le coin... Je m'étais détendu et calmé rapidement après notre arrivée, comme si j'avais oublié ce qui m'agitait en quelques secondes.

– Demain on passera vite en ville pour les fêtes, m'indiqua Maximilian, lui aussi plus détendu que ces derniers jours. Est-ce qu'il y a quelque chose que tu voudrais manger, pour le Solstice d'hiver ? Je sais qu'habituellement on festoie avec le produit de la Chasse de la veille, mais sur l'île ce sera un peu compliqué de chasser autre chose que des courges...

– Ben je... Je ne sais pas. Prends ce que tu veux.

Il me passa mon ton un peu sec. Pour être honnête, je n'étais pas vraiment aussi détendu que ça... Surtout quand il me rappelait sa présence à mes côtés. Affronter Maximilian après ce qu'il s'était passé la veille me rendait vraiment nerveux... Il avait beau agir normalement, cela ne changerait rien.

– Kaeden, murmura-t-il pour attirer mon attention, quelque chose ne va pas ?

– N-Non... Rien. Enfin... si, il y a quelque chose ; je suis désolé pour, euh, hier soir. Je ne sais pas ce qu'il s'est passé, mais je... je ne voulais pas te dire tout ça. C'est sorti tout seul.

Contrairement à ce que je pensais, il passa son bras sur mes épaules et m'attira contre lui :

– Ne t'en fais pas pour ça, murmura-t-il, j'ai insisté, mais il fallait que tu me parles un peu. J'ai du mal à cerner ce qui te fait peur, je comprends un peu mieux.

–... tu veux dire que tu ne m'en veux pas ?

J'étais si étonné que je m'étais dégagé de ses bras pour le regarder droit dans les yeux. Lui-même semblait incompréhensif.

– Pourquoi je t'en voudrais ? c'est quoi cette idée sortie de nulle part ?

– B-Ben, je... j-j'étais faible et je... je t'ai raconté des trucs pas très glorieux. En plus je me suis soumis à des humains et...

J'en avais encore honte. Sans prévenir, il me prit dans ses bras et me serra dramatiquement contre lui...

– Tu devrais me détester, détester ma faiblesse, chuchotai-je sous le coup de l'émotion.

– Hé, souffla-t-il doucement en caressant mon dos, ne dis pas n'importe quoi... tu es loin d'être faible, crois-moi. Et tout ce que tu m'as dit n'était en rien de ta faute.

– Mais si, je... j'ai laissé des humains prendre le dessus sur moi et je...

– Et ça c'est admirable, me coupa-t-il. Tu as pris sur toi pendant des années pour ne pas trahir ta nature... moi-même je n'aurais pas pu tenir aussi longtemps, d'accord ? tu n'as pas à t'en vouloir d'avoir agi pour protéger notre secret.

Je m'étais éloigné de lui, parcourant son visage, à la recherche de quelque chose que j'ignorais encore.

– Mais tu aurais dû en parler à Eddy, me dit-il doucement, même si je comprends pourquoi tu ne l'as pas fait. Il doit veiller à ton bien-être, à ta sécurité, chez toi comme au lycée, tu comprends ?

J'avais simplement hoché la tête. Edward était si occupé avec les autres que je ne voulais pas l'accabler plus que nécessaire. Mon père lui posait déjà suffisamment de problèmes avec son comportement... je ne voulais pas faire pareil que lui.

– Heureusement qu'il t'a sorti de là en t'envoyant sur l'île, souffla-t-il, tu imagines les conséquences si jamais tu avais attaqué un gamin qui s'en prenait à toi...?

– Ben je... Je ne suis pas sorti de la forêt pendant la Lune Pleine, ils ne risquaient rien... si ?

Il fit un non de la tête :

– Ce n'est pas seulement les soirs de Lunes Pleines que tu peux partir en vrille, comme tu dis... C'est n'importe quand ; avant, pendant et après. Même si les quelques jours autour de la Lune Pleine sont les plus risqués à cause des effets de la Lune, les autres ne sont pas à négliger pour autant. Tu peux perdre le contrôle dès que tu t'énerves ou que tu as peur, quand la Bête se sent menacée physiquement ou mentalement... elle réagit en neutralisant la menace et cela peut aller de l'intimidation au bain de sang, qu'importe ce que tu as en face de toi et quel jour c'est.

Vraiment ? je ne pensais pas que c'était à ce point-là. Je me doutais que les nuits de Pleines Lunes seraient difficiles, mais pas les jours les entourant ! Ou pire ; tout le temps !

– Si Eddy t'a confié à moi, c'est parce que je sais à quoi m'attendre, comment éviter les crises, enchaîna-t-il. L'île est un endroit parfait pour éviter les dangers, pas tous, mais une grande partie.

– Alors, je... j'aurais pu blesser des gens... voire les tuer ?

J'étais mal. Pâle. Il avait beau m'assurer que je n'avais rien fait et que cela n'aurait pas été uniquement de ma faute, je ne me sentais tout de même pas vraiment bien. Comme si j'avais le mal de mer.

– Je vais devoir en parler à Eddy, me confia-t-il alors, appréhendant ma réaction. Si tu te sens de le faire, tu peux.

Il parlait bien évidemment de tout ce que je lui avais raconté la veille. Aucun mal à le savoir.

– C'est vraiment obligé ? Parce que je... Je sais qu'il va m'en vouloir de ne pas lui en avoir parlé et je... Je ne veux pas qu'il m'en veuille.

Sa main passa dans mon dos, réconfortante. Des larmes coulaient sur mes joues malgré moi.

– Il ne t'en voudra pas à toi, il s'en voudra à lui, tu comprends la nuance ? Il faut que tu lui parles de ce que tu gardes pour toi... Sinon il ne pourra pas t'aider comme il le faut. Si tu veux, je peux être là quand tu le feras, ou le faire à ta place, mais... Ce serait bien que tu le fasses toi-même.

Ça me terrifiait. Et si jamais je craquais encore en parlant à Edward ? Autant Maximilian avait l'air de bien accepter ma faiblesse, autant un Chef de Meute ne le devrait pas... Sinon comment survivrait-il en tant que Chef ? J'avais une vision un peu archaïque de la hiérarchie, je dois bien l'avouer, mais je ne pouvais pas m'en empêcher.

Je préférais me préparer psychologiquement à ce genre de réaction, quitte à me tromper totalement.