Daydreamers

Ana

Ana. Bonjour, Ana. Es-tu là, Ana ?

Je remettais mon écharpe correctement autour de mon cou et de ma nuque tout en laissant s'échapper un nuage de fumée grisâtre; mélangée au tabac de ma cigarette.

Je marchai, traînant avec difficultés mon corps trop lourd à mon gout. Trop gros. Trop gros! Que faire? Je ne serais jamais à leur goût. Ana. Il n'y a qu'elle en qui j'ai confiance n'a-t-elle que de bons conseils beauté. Ana.

Ana. Ana. Ana. En un simple mot. Meilleure amie. Sous prétexte qu'on est beau il aurait fallu rester fin. Sous prétexte d'être moi même. Je restais gros. Mais Ana m'aidait

Ana m'était venue en aide il y avait de cela deux ans. Notre première rencontre ? Je ne sais plus. Sûrement dans mon lit. Ou sûrement dehors, sur une balançoire. Et elle m'est apparue comme si elle était envoyée spécialement pour moi.

Elle m'obsède. Enfin, c'est pas si mal puisqu'elle m'aide. Il n'y a qu'elle qui est honnête avec moi.

Je rentrai chez moi, saluant mes parents. Je filai dans ma chambre, accompagné toujours par Ana. Arrivée devant mon miroir, j'enlevai mes vêtements dévoilant mon anatomie nue. Je pus enfin toucher mes côtes, mon corps, qu'avant j'acceptais. Avant. Mais qu'ai-je fais pour ne plus supporter me regarder ?  Pourquoi à présent je n'ose plus me peser. Oh miroir, je me sens comme misérable aux yeux du monde.

Trop gros. Grosse vache. Le régime c'est pas en option pour toi ? Tu crois pas que t'as beaucoup  de kilos en trop ?

Desolé Ana. Mais tu verras, Ana, je suis sur la bonne voix.

T'y arriveras pas.

Si Ana j'y arriverais.

Ana ?

Ana ? Tu t'en fou, mes mots ne sont rien pour toi pas vrai ? Mais regardes, n'ai-je pas maigri ? Ne suis-je pas plus beau aujourd'hui ?

Pas assez.

je pris mon téléphone en main, et enclenchai ma musique. Je m'allongeai, nu, alllumant une enième cigarette. La flamme du briquet rechauffa mon corps frêle, Ana et toi, pourquoi ne me réchauffes-tu pas ? Pourquoi j'ai froid ?

Ana, j'ai envie de hurler ton nom sur tous les toits. J'ai envies qu'ils sachent que tu es là pour moi. Du jour au lendemain lorsque ma vie était un chaos total, tu es apparue réanimer mon âme. Et aujourd'hui tu m'as donné un but. Je veux être comme toi Ana.

Mon téléphone vibra soudainement alors que mes pensées étaient toujours fixées sur elle.

Message de Jean. Reçu à 19h15:

- Yooo Marco, on va tous bouffer au fast-food près du lycée. Tu viens?

- Bonsoir Jean. Non merci, il se fait tard. Je dois travailler.

-Marco. Je suis en bas de chez toi. Tu peux plus refuser haha!_

La panique me prit alors soudainement, et une douleur me lacéra l'estomac. Non, non je n'ai pas faim... Ana ! Ana, que dois-je faire ? Ana réponds moi. Ana m'as-tu laissé tombé.

-Je ne suis pas en tenue...

-Ca fais rien, je t'attends en bas.

- Jean je ne veux pas venir.

- Moi je veux que tu viennes.