Un ultime couinement du feutre sur le tableau blanc marque la récréation, tant attendue. Immédiatement, les têtes se relèvent, les portables se jettent sur les tables, et le chahut commence.
Les rires retentissent, les esprits s'aèrent et oublient, l'espace de quelques instants, qu'ils devront se remettre au travail dans une minute à peine. On ouvre une fenêtre. Les paroles s'envolent, les écrits aussi. Dans un joyeux tumulte, le vent ébouriffe les cheveux de ces demoiselles, fait grogner ces messieurs, et le soleil de la fin d'été chauffe doucement la salle bruyante.
Au fond de la classe, des écouteurs sifflotent une mélodie qu'elle seule peut entendre. Sa tête se balance discrètement au rythme de la musique, tandis qu'elle semble prêter une oreille à une voix qui lui relate un récit avec enthousiasme.
- Tu m'écoutes pas hein ?
- Hm ? Si, bien sûr.
Un soupir.
- Menteuse.
Un coin de ses lèvres se soulève, provocateur, tandis qu'elle enlève son second écouteur.
- Si je ne t'écoute pas toi, moi au moins, j'écoute le prof.
Un autre soupir, suivi du bruit d'une tête heurtant une table.
- Gnagnagna.
Cette fois-ci, c'est un éclat de rire qui résonne haut et fort, rejoignant les autres déjà libérés.
La porte claque, une voix aussi, la pause est terminée. Les chaises branlantes raclent le plancher usé par les ans, les portables sont avalés par les sacs, mais dans les cœurs, les rires demeurent.
C'est au tour du tableau de pouffer, alors que son ami le feutre le chatouille incessamment de sa mine flambant neuve.
Cette scène mille fois vécue, aucun élève ne s'en souviendra, car elle sera vécue mille fois encore.
Pourtant, lorsque l'instant suivant, le professeur secoue le coffret d'un DVD, la classe s'agite, ravie.
Et sur les visages fatigués naissent alors les plus beaux des sourires.
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Sourire
Short StoryEt sur les visages fatigués naissent alors les plus beaux des sourires.