Chapitre 23 - Partie 2

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Le lendemain matin, le soleil s'était levé depuis à peine plus de deux heures, quand Ariane se leva d'un bond de son lit.

Lorsqu'elle s'était endormie la veille, elle n'avait plus pensé à la blessure que lui avait infligée Henry sur le crâne. Mais après une courte nuit, la tête appuyée contre le cadre en bois du lit, la douleur l'avait violemment tirée des doux bras de Morphée.

Elle se massa le crâne en grognant de douleur, avant d'étirer longuement son corps meurtri. Puis, après avoir pris une douche revigorante et enfilé des vêtements propres, elle se rendit d'un pas pressé à l'infirmerie. La jeune femme n'avait depuis son réveil, pensé qu'à une seule et unique chose : connaître l'évolution de l'état de santé d'Éric.

Arrivée près de la grande tente servant d'infirmerie, Ariane s'apprêtait à rentrer à l'intérieur, quand une voix familière et particulièrement désagréable lui parvint aux oreilles :

— Et bien, et bien ! Notre petite infirmière est bien pressée ce matin.

Elle stoppa immédiatement son mouvement et se retourna lentement, juste assez pour masquer son agacement bien visible sur son visage. La jeune femme avança d'un pas las vers le vieil homme qui se tenait quelques mètres plus loin, et lui répondit d'un ton faussement aimable qu'elle détestait employer :

— Je venais seulem...

— Oh, je sais très bien ce que tu venais faire ici, inutile de te justifier, la coupa Jeremiah Otto. Tu prends vraiment très à cœur la santé de tes ... hum ... amis.

Ariane savait qu'elle devrait de nouveau faire face à Jeremiah tôt ou tard, mais elle aurait préféré que cela arrive plus tard dans la journée et non à l'aube. C'est dans un soupir agacé et avec un simulacre de sourire, qu'elle lui répondit :

— Oui, je tiens à eux. Et je prends soin des gens que j'aime, moi.

Jeremiah Otto était peut-être encore légèrement alcoolisé, mais il n'était pas idiot pour autant. Il n'avait pas eu beaucoup de mal à repérer le sarcasme et le message caché derrière les paroles de la jeune femme.

— Qu'est-ce que Je dois comprendre ? Que je ne prends pas soin des miens ? De ma famille ? grogna le vieil homme tout en s'approchant d'elle d'un pas lourd et menaçant.

Ariane était encore fatiguée, toujours inquiète et peu disposée à faire des efforts après ce qui s'était passé la nuit dernière. Elle était pourtant au courant qu'il valait mieux s'écraser et laisser le patriarche déverser sa bile, mais c'était plus fort qu'elle. La haine qu'elle ressentait pour Jeremiah remontait lentement en elle et se répandait sans barrières.

— Vous pouvez en tirer les conclusions qui vous chantent, c'est à vous de voir.

— Écoute, petite sotte, tu es chez moi ici. Tes foutus amis sont ici en sécurité grâce à ma générosité. Alors je te conseille de faire très attention à tes paroles. Ma générosité à des limites bien définies ...

Elle ouvrit la bouche pour répliquer, mais Jeremiah ne lui en laissa pas le temps. Il se rapprocha d'elle et c'est dans un murmure chargé de menaces qu'il reprit la parole :

— C'est pas parce que tu te tapes mon idiot de fils cadet, que ça te donne tous les droits. Je te conseille de faire attention à l'avenir et de ne plus le pousser à me désobéir. Troy sait ce qui est bon pour lui, il sait qu'il doit m'écouter, cracha le vieil homme d'un ton cruel.

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