Lumière

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Quelle heure est-il ? Pitié, faites en sorte que ce ne soit pas déjà sept heures...
La lumière de mon téléphone me crame la rétine. Bordel, j'ai de nouveau oublié de baisser la luminosité.
La simpliste horloge numérique indique 2:51, juste avant de passer à 2:52. Quelle était la probabilité pour que je regarde l'heure au changement de minute ?

Fantastique; encore plus de quatre heures de sommeil. Je refais mon coussin, pose mon bras droit dessous, ma jambe gauche sur sa soeur puis ferme les yeux.

Si je m'endors maintenant, je commence à penser, ça me fera sept heures moins deux heures et cinquante deux minutes de sommeil, soit...
Non, c'est faux. Il doit être deux heures et cinquante quatre minutes désormais. Donc j'aurais dormis...

Bon. J'arriverai pas à me rendormir tout de suite. Je réouvre les yeux. Une bonne journée s'annonce.

Sans raison apparente, je dégage ma couverture sur ma gauche, me met sur le dos et finit par fixer le plafond, invisible quand la lumière n'est pas allumée. Je ne sais pas combien de temps je suis resté comme ça comme un bobet... Cinq minutes ? Dix, peut-être.

Décidément, finis-je par soupirer en me levant. Mais... Si, dans le noir, quelque chose n'attendait que que je me lève pour m'enlever dans les abysses ?

Tic, tac, tic, tac, répète inlassablement la montre à gousset sur mon bureau. D'un coup je me levai, tous mes sens à l'affût du moindre stimuli qui trahirait une présence dans ma chambre.

Quelques instants passèrent. Rien, bien évidemment. Ce que je peux être con, pensai-je.

Je me dirigeai alors vers l'entrée de la pièce, à côté de laquelle se trouvait le bouton pour allumer la lumière. Arrivé devant ce dernier, un frisson me parcouru l'âme; j'étais désormais dos à tout possible danger.

Derrière moi ne pouvaient se dresser que des ombres, n'ayant qu'un unique désir: prendre la mienne. N'importe quoi -ou n'importe qui- pouvait se cacher dans un recoin de la chambre, accroupi dans un coin, me regardant passer, en souriant.

Pas d'ombre sans lumière, me dis-je pour rigoler et pour me rassurer. Tu es un vrai parano, lâcha enfin ma conscience; il faut que tu ailles te coucher: il doit être au moins trois heures du matin ! J'avais raison.

Mais au lieu de m'écouter, je décidai de faire un tour aux toilettes. Ces dernières se trouvent juste à gauche de ma chambre. En passant dans le couloir, j'évitai de regarder en direction du salon.

De nouveau,je n'allume pas la lumière; je ne veux pas déranger mon frère qui a déjà le sommeil très fragile. (Sa chambre se situe à la droite de la mienne).

Bon, quitte à être là autant que je pisse un coup. Une fois cela fait, je me lève et me fraie un chemin jusqu'au lavabo. Je tâtonne pour trouver le robinet. Je fais tout pour garder le regard sur mes mains car, juste en face de moi, se tient un grand miroir.

Ça m'a toujours foutu les jetons, les miroirs pendant la nuit. Les fenêtres c'est déjà quelque chose mais alors ça... Ajoutons en plus que je n'ai pas allumé la lumière, et que je ne prendrai pas la peine de résumer les histoires que je lis sur internet.

Pourtant, avant de partir, je prends mon courage à deux mains et lève les yeux vers la surface réfléchissante.

Rien, bien sûr. C'était évident. Sans lumière, il n'y a rien à voir. Si je ne connaissais pas la pièce par coeur, je n'aurai même pas été capable de faire la différence entre les murs et le miroir.

Bon aller, me dis-je, cette fois-ci, je retourne me coucher. Je retraverse rapidement le couloir et, sur le seuil de la porte de ma chambre, mes yeux se figèrent:

J'aurais du allumer la lumière.

Lumière Où les histoires vivent. Découvrez maintenant