NAOMI
L'avion venait de se poser sur le tarmac de New York. Je restai assise quelques instants, savourant ce moment suspendu. Autour de moi, les passagers se bousculaient déjà pour sortir. Je pris une profonde inspiration avant de me lever à mon tour.
Ma petite valise beige à la main, je quittai l'appareil. C'est alors que je l'aperçus. Ma meilleure amie. Une vague de bonheur déferla en moi. Jazzy, exubérante comme toujours, agitait frénétiquement les bras en hurlant mon nom. Tous les regards se tournèrent vers elle, mais peu lui importait. Je m'avançai, un sourire soulagé aux lèvres.
Jazzy était une véritable bombe. Du haut de son mètre quatre-vingts, avec ses abdos sculptés, elle attirait tous les regards. Son seul "défaut" ? Cette manie de toujours exhiber son ventre, peu importe le lieu ou la météo. Elle me scruta de la tête aux pieds, comme au temps du lycée.
"C'est tout ce que tu as comme bagages ?" s'exclama-t-elle en me serrant dans ses bras.
"Longue histoire... Je suis partie un peu précipitamment."
"Tu as une de ces têtes ! On dirait que tu as voyagé en classe éco !"
"Et toi alors, avec ton nombril à l'air en plein décembre ? Tu vas attraper la crève !"
"Ha ! Petite garce... Tu m'as tellement manqué !" Elle attrapa ma valise. "Allez, l'Uber nous attend."
Le froid mordant de New York me gifla le visage dès que nous sortîmes. Je regrettai amèrement mon manteau trop léger. Le chauffeur, impatient, nous accueillit avec un soupir exaspéré. Ah, New York et sa légendaire "amabilité" !
"Vous en avez mis du temps !" grommela-t-il.
"Du calme, beau gosse," rétorqua Jazzy avec un clin d'œil. "Les stars ont leur propre horloge."
Dans la voiture, je ne pouvais m'empêcher de dévisager mon amie. Avec ses longs cheveux noirs, son crop-top rouge sang et ses lunettes de soleil démesurées, elle incarnait parfaitement l'image de la célébrité new-yorkaise.
"Tu te rends compte ? J'ai signé avec IMG !" s'écria-t-elle soudain. "Moi ! C'est comme un rêve !"
Son accent américain était si parfait qu'on en oubliait presque ses origines françaises. Elle se pencha vers moi, les yeux brillants de malice.
"Et devine qui sera l'invité d'honneur au défilé ?"
"Hmm, aucune idée," répondis-je, feignant l'indifférence.
"Brendan Rothschild ! Le milliardaire en personne !"
"Ah... Super," marmonnai-je sans enthousiasme.
"Allô la Terre ! J'ai dit Rothschild ! Ne fais pas comme si tu ne connaissais pas !"
Bien sûr que je connaissais. Qui ne connaissait pas cette famille, l'une des plus riches au monde ?
"Toi, tu as une idée derrière la tête," devinai-je.
"Il est riche, beau et jeune. Je compte bien mettre le grappin dessus !" Elle marqua une pause. "Le seul hic, c'est sa réputation. Il paraît qu'il a un faible pour les blondes et qu'il a couché avec la moitié des mannequins de Manhattan..."
"Un vrai prince charmant," ironisai-je. "Ça ne te dérange pas d'être juste une conquête de plus ?"
"Je m'en fiche ! Tout ce que je veux, c'est son fric et la notoriété !" Elle éclata d'un rire diabolique.
"Tu n'es pas sérieuse..."
"Oh que si !"
Jazzy se lança dans un monologue détaillé sur sa stratégie de séduction, mais mon esprit vagabondait déjà. Je contemplais le paysage urbain qui défilait : les buildings scintillants, les gratte-ciels vertigineux, la foule pressée...
Soudain, je me souvins avoir lu un article sur Rothschild dans un magazine de l'avion. Quelle coïncidence ! L'article évoquait son penchant pour l'alcool et les mannequins à peine majeurs. Décidément, ce Brendan faisait souvent la une des tabloïds.
La voiture s'engagea dans Harlem, quartier réputé difficile, mais s'arrêta devant un immeuble chic face à un parc. Le hall en marbre noir annonçait la couleur. L'appartement, au dernier étage, était un magnifique loft aux murs immaculés. La chambre, ouverte sur le salon, donnait sur une terrasse offrant une vue à couper le souffle sur la ville.
"On sera un peu à l'étroit, mais les loyers ici sont exorbitants," expliqua Jazzy. "Si tu es sage, tu pourras partager le lit king size avec moi."
"Merci Jazzy... Pour tout," murmurai-je en la serrant dans mes bras.
Plus tard, après avoir appelé ma mère et englouti une pizza, je filai sous la douche. C'est là que la réalité me frappa : ma vie new-yorkaise commençait vraiment. J'avais eu le courage de tout plaquer, de quitter une existence qui ne me convenait plus. J'étais à la fois terrifiée et excitée par ce nouveau chapitre.
Lorsque je me glissai dans les draps, Jazzy dormait déjà à poings fermés. Je fermai les yeux, le cœur gonflé d'espoir, prête à conquérir la Grosse Pomme. Demain serait le premier jour du reste de ma vie.
VOUS LISEZ
PREMIER REGARD
Roman d'amourSuite à une séparation, Naomi se retrouve à New-York grâce à sa meilleure amie. Un soir, elle croise le chemin de Brendan Rothschild, un mystérieux homme d'affaires au charme irrésistible. Leurs regards se croisent, créant une tension palpable - le...