Chapitre 4

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Chapitre IV

Ils continuent vers l'ouest, à travers la campagne obscure due au manque de soleil dans le ciel, sans dépasser les cinquante kilomètres à l'heure. Les deux voies de la route 34 encombrées de voitures abandonnées s'enfoncent vers un horizon d'un gris écœurant virant vers le noir comme si c'était la voie menant aux Enfers. Aiden est obligé de faire zigzaguer le cabriolet dans une course d'obstacles jonchée d'épaves à une lenteur exaspérante, mais il parvient à sortir de ce dédale infernal et les choses s'arrangent peu à peu, du moins pour rouler.

Durant ce trajet, la jeune femme ne cesse de fixer Aiden avec un regard glacial. Elle sent la colère et la peur monter en elle, lui nouer l'estomac, c'est comme un cancer qui se répand en elle, et qui l'empoisonne. Pour se maîtriser, elle écoute de la musique depuis son iPhone pendant que Aiden garde les deux mains sur le volant, vigilant, sans quitter la route des yeux. Durant ce trajet, la route n'est que désolation.

Les kilomètres défilent et la jauge de carburant se vide petit à petit. Dans la voiture, Aiden et son accompagnatrice ne parlent pas, l'ambiance est très tendue mais la jeune femme essaie d'apaiser cela.

"Merci de m'emmener." dit-elle en regardant Aiden.

Il ne répond pas, elle ne sait pas s'il la regarde ou si ses yeux sont rivés sur la route.

"Je m'appelle Maeva."

Elle ne reçoit aucune réponse, elle soupire.

"T'es pas bavard hein ? Je comprends."

Elle détourne la tête quand Aiden se met soudainement à répondre.

"Je ne parle que lorsque c'est nécessaire."

Le ciel plombé commence à s'assombrir sérieusement et la perspective de la nuit à venir lui noue le ventre.

"Pourquoi tu ne parles pas ?" demande Maeva.

Le véhicule ralentit et s'immobilise, le moteur se coupe et Aiden se retourne vers son interlocutrice.

"Bon, je vais le dire tout net. Je ne t'aie pas acceptée pour que tu me soules, je ne suis pas là pour me faire des amis, j'ai un objectif et je compte bien y parvenir. Et ceux qui me barreront la route en paieront les frais, y compris toi, Maeva." explique-t-il avec une voix grave.

Maeva ne répond pas mais elle sent que sa colère diminue et laisse place à la peur.

Le moteur redémarre et le véhicule roule à nouveau vers l'ouest, dans un silence de mort.

Cinq cents mètres plus loin, Maeva recommence à parler et demande d'une voix tremblotante.

"Je peux savoir au moins ton nom ?".

Aiden ne détourne pas le regard de la route et d'une voix plus douce, il répond.

"Aiden."

Maeva sourit et détourne le regard pour regarder le paysage mélancolique à travers la vitre pendant que Aiden ne desserre pas les dents.

Le cabriolet roule à vitesse constante, jusqu'à la prochaine ville qui n'est autre que Francfort...

Ils suivent toujours la longue route 34, une deux voies qui s'enfonce vers l'ouest. Sur plus de deux kilomètres, ils ne traversent que des champs, des zones industrielles désertées et des villes où nulle âme n'est restée. Le ruban d'asphalte noir serpente entre des forêts de pins, des zones résidentielles parfois incendiées et des centres commerciaux délabrés et pillés. À mesure que les endroits que Aiden et Maeva traversent sont de plus en plus peuplés, cette dernière se rend compte qu'elle n'imaginait pas à quel point la situation est critique.

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