Chapitre 14 : Musique et musiciens

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Fin d'avertissement pour contenu explicite. 

Dimanche 7 septembre 1h49

ARTHUR - guitariste de Sweet Poison

    Bec' a disparu. Prétendre que j'ignore pourquoi relèverait du mensonge. À partir du moment où l'on comprend qu'elle fait toujours ce qu'on imagine de pire,  Bec' devient relativement prévisible. Je l'ai vue emmener Hadrien à l'étage il y a une grosse demi-heure ; je doute que ce soit pour aller étudier l'isolation du toit.
    Qu'est-ce qui lui est passé par la tête ? Aucune idée. Rien probablement. Il ne s'y passe pas grand-chose en règle générale.

    Je tacle Bec' mais le reste du groupe n'est pas beaucoup plus glorieux. Lukas est tellement ivre qu'il ricane bêtement depuis plusieurs minutes et Kwan titube plus qu'il ne marche.
    Deux bourrés et une dans les bras de l'ennemi, elle a de la gueule l'équipe. 

    Alors que dans le camp d'en face, Gwen flippe que je le dénonce aux parents au point qu'il n'a quasi rien bu. Ce n'est pas mon genre de jouer les balances mais si ça lui évite de se mettre minable de le croire, je ne vais pas démentir.

    Mon regard tombe sur Skinny. Seule devant le buffet et les yeux dans le vague, la guitariste de Skin fait tourner mécaniquement l'eau de son gobelet. C'est l'unique fille de la soirée en jean et sans maquillage. Aussi atypique qu'à l'ordinaire.

    Au collège, Skinny m'intrigait parce qu'elle ne parlait jamais. Elle ne participait pas, ne bavardait pas et avant l'arrivée de Matt en Bretagne, elle restait avec une bande d'autres collégiennes sans vraiment se lier d'amitié avec. À l'époque Sweet Little Poison Called Love venait de se former et l'attitude grande gueule de Bec' ne faisait que renforcer mon attirance pour une une fille gentille, à l'opposé de notre exubérante batteuse. 

    Et puis, il y a eu la rentrée de troisième. Le hasard du calendrier avait fait que son cours de guitare hebdomadaire se plaçait juste avant le mien. Je ne savais même pas qu'elle était musicienne. En-dehors d'Hadrien, personne ne connaissait rien de Marie Huissier.

    Le deuxième mercredi de septembre, grâce au bus exceptionnellement à l'heure, j'étais en avance à l'école de musique. Je me suis installé dans un coin et ai ouvert mes partitions en attendant la fin su cours. Another Brick in the Wall* a commencé à résonner. Et j'ai vu la fille la plus discrète du collège plaquer les accords avec autant d'assurance que Polnareff en avait sur scène au sommet de sa gloire. C'était puissant. J'avais toute la rage de Roger Waters* dans les veines, son envie de rébellion, son ras-le-bol des institutions archaïques.

    Et tout ça venait d'une fille maigre comme un clou et pratiquement muette.

    Ce jour-là, mon vague intérêt pour la collégienne blonde est devenu un respect incommensurable. Même en concert, aucun guitariste ne m'avait fait ressentir ça. 

— Eh Arthur !, m'interpelle une Camille surgie de nulle part. J'ai une guitare là-haut, tu nous joues un morceau ?

— Euh... tu es sûre ?

    Jouer de la gratte en soirée quand on est un ado guitariste, ce n'est pas le cliché ultime ? 

    Vu les regards entendus d'Olivier et François — un garçon de ma classe — avec qui je discutais jusqu'à maintenant, la réponse est oui. 

— Allez, c'est ma soirée ! insiste-t-elle en sautillant. Tu peux bien me faire ça, non ? 

    Je fais glisser mes doigts sur le cuir de mes bracelets, un peu mal à l'aise. Olivier se retient de rire.

Skin vs Sweet Poison - let's rock !Où les histoires vivent. Découvrez maintenant