Comment s’exprimer après être pris dans un torrent interminable, comment placer mes idées quand un florilège de questions envahit chaque recoin de mon esprit.
La nuit s’étant écoulée, il faisait beau ce matin-là, un vent humide me caressait le visage et une brise légère jouée avec mes longs cheveux dénués, ça faisait des heures que je rode vers l’inconnu projetant aucune destination.
Je marche trainant mes pieds pas à pas, sur une route qui m’est coutumière.
Une route sur laquelle autrefois je sautillais, chantonnais, retrouvant les sensations primitives de toujours, de l’enfance. Ce brin d’éternité qu’on oublie, qu’on habille de sa suffisance d’adulte, de la raison, de cette nécessité de suivre les normes, les règles qui nous sont imposées.
Une route qui fend les collines tout comme mes pensées fendent mon cœur, mon âme. Espace de verdure silencieux, un chemin d’herbes folles, un brin de menthe attachant à lui une odeur citronne et poivrée. Un passé que je ne sais repousser ne cessait de frapper contre mon esprit, la douleur d’une séparation. Une rupture de mon plein gré, une relation qui manquait de passion de folie, d’appétit serait une explication suffisante.
Je posais lentement un pas après l’autre, la distance ne me faisait pas vraiment peur, mais je me demandais si mes pieds tiendront le coup, je regardais le ciel, cet espace qui n’a ni début ni fin, ce néant d’un bleu aveuglant. Face à ce paysage somptueux qui s’offre à moi, je cherchais un nuage à qui confier mes soucis, mes doutes, mes confusions, mes désirs, mes projets, mes peurs. Je me retrouve seule dans des vastes étendues qui me sont méconnut. Seule.. seule avec moi-même. L’envie de pleurer m’assaillait à chaque minute, la même impression d’inutile et de futilité étreignait ma poitrine.
***
Je suis encore jeune et je vis avec mes parents, dans mon pays d’origine c’est impossible de vivre avec son amant, même pas passer des nuits ensemble voir être seule avec un garçon. Tout ce faisait en clandestin, en cachette, cette restriction donnait un goût assez particulier à mes relations, un certain plaisir d’avoir le prohibitive, mais à chaque fois je m’évadais. J’avais beau fuir cette monotonie si insupportable qui me traquait toujours. Après que les mots forment un torrent de boue dans ma tête, et que ma vision devint trouble, un oiseau apparait de loin. Noir, grand, fort, fière, un aigle royale aux ailes larges perçant ce bleu paisible.
Je l’observais se déplacer avec ténacité et grâce dans cet espace colossal ; Je voulais m’envoler, me laisser porter par la vie vers de nouvelles horizons, me laisser porter par une vague cambrée qui ne retrouvera jamais rivage. Je voudrais faire face au monde sans être prisonnière de quoi que ce soit.
Dans cette fraction de seconde la guerre dans ma tête s'interrompit la lutte entre ma raison et mes doutes semble s'apaiser a cette idée; vivre pour soi.
Traverser l’espace, Distance, ailleurs, voyage, fuir, s’éloigner d’ici, errer, oui c’est ça errer sans fin et arriver au bout du monde. Cette envie de n’appartenir nulle part, de vivre librement, de commencer une nouvelle vie, faire des rencontres qui -comme on me disait- « me ferrons sentir à quel point notre humanité vaut la peine d’être vécue ».
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Peut-être trouverai-je la personne qui me comprendra, une âme si tendre si douce si aimable qui me fera oublier mon passé mélancolique. Une personne qui me réanimera aux creux de ses bras sans un mot juste la tendresse en guise d’explication, qui m’enlacerai dans ses bras doucement passionnément, qui par son amour réchauffera mon cœur.
Qui par son simple sourire me fascinera.
Un homme qui me discerne par des yeux si intense que je le contemplerai jusqu’à fondre de ses regards enflammant, exaltant tentant de percer le mystère qui luit dans ceux-ci.
Je n’ai jamais fait l’effort de chercher un partenaire, ce sentiment d’être attaché à quelqu’un n’est qu’une souffrance, une douleur lancinante qui me revient à chaque preuve d’amour. Viendra un jour où je partirai où je laisserai ma famille, mes amis, mon passé et m’élancerai vers l’inconnu, voir mon destin.
Je ne recherche pas la perfection mais quelqu’un avec qui je pourrai tous partager, celui qui trahit la monotonie de ma vie et l’intolérance de mon entourage. A qui je pourrai confier les mots interdits, lui avouant l’inavouable, et mettre à nu nos sentiments, nos âmes. Celui qui je pourrai comprendre sans aucun effort et qui comprendra mes passions et mes désirs.
Je suis sure qu’il existe quelque part, mais le temps qu’il traverse mon passage serait-il trop tard ? Aurait-il battit déjà une vie, pourrai-je lui être accessible ? Ou sera-t-il un autre visage que j’ajouterai dans ma mémoire.. dans mon cœur.. dans mon néant..
