Avez vous déjà eu cette sensation ? Celle où vous vous sentez vous empoisonner, vous faire du mal ? Mais vous continuez; vous observez ce poison pénétrer, infiltrer votre corps, vous attaquer, vous ronger... et malgré que vous sachiez ce qu'il est en train de vous faire, que vous connaissiez les consequences... votre corps continue de l'absorber et vous attendez. Quoi ? Bonne question. C'est comme si vous n'aviez plus de volonté. Vous assistez, complètement impuissant, à l'auto-sabotage de votre corps. Votre esprit vous crie de vous ressaisir, de poser cette cuillère, ce morceau de chocolat, d'arrêter le massacre; il essaie de vous retenir en vous montrant les efforts que vous avez faits jusqu'à présent, que vous êtes en train de réduire à néant, en vous montrant ce que vous avez peur d'être (et que vous êtes peut être déjà). Votre corps aussi, d'une façon totalement contradictoire, vous supplie d'arrêter : chaque cellules touchées par ce poison vous hurlent leur douleur, vous renvoient leurs souffrances, vous maudissant pour le mal que vous leur faites; celles qui ne le sont pas encore pleurent en attendant leur sort, regrettant leur convalescence durement acquise, piétinée, vous envoyant leur incompréhension devant cet acte cruel d'auto-mutilation.
Vous êtes consterné devant ce manque de réaction; vous êtes horrifié et terrifié de n'avoir pas pu réagir. Qu'est ce qu'il s'est passé ? Comment j'en suis arrivé là et pourquoi ? Submergé par votre propre corps, vous ne le contrôlez plus. Pendant que vous assistiez au naufrage de vos résolutions, de vos espoirs et de vos certitudes, pendant que la peur s'insinuait en vous, vous sentiez, en vous même, les raisons d'un tel comportement. Vous en êtes arrivé au point où votre corps agit et votre esprit s'étonne et s'effraie, alors qu'il en est la cause. C'est là où vous comprenez que vous devez bouger. A n'importe quel prix.