Notre Journal Intime [ TERMINÉ ]

15- Une journée sucrée

PDV : Léna

Je me retourne dans le lit, n'arrivant pas à trouver le sommeil. J'ouvre les yeux, et observe Tommy dormir profondément dans son grand lit. Kiara et moi dormons sur un matelas extrêmement confortable à ses côtés.

Lorsque je rapporte mon regard sur mon amie, qui était censée dormir à mes côtés, je suis surprise de ne pas la voir.

Inquiète, je me lève afin de partir à sa recherche. J'allume mon iPhone, il indique 4h00 du matin, j'active la lampe torche et descends prudemment les escaliers. Je me dirige vers une des salles de bains, espérant y trouver Kiara. Mais alors que je m'apprête à ouvrir la porte, un bruit attire mon attention.

Comme une sorte de... bruit de vomi ? J'ouvre la porte, et étouffe un hurlement lorsque j'aperçois Kiara, penchée au dessus des toilettes, en train de vomir. Mais ça n'est pas cela qui m'effraie, ce sont les dizaines de boites de gâteaux, bonbons, chocolats, qui sont à ses côtés. Elle aurait pu avoir un petit creux pendant la nuit, mais vu la façon dont nous nous sommes goinfrés pendant toute la soirée, c'est impossible.

Alors je comprends : Kiara se fait vomir. Elle est malade, et je dois l'empêcher de se faire du mal.

Je me précipite vers elle, et l'écarte des toilettes, elle se débat violemment.

- Lâche-moi ! Léna je t'en supplie lâche-moi !

Je n'obéis pas, je ne peux pas. Je la serre dans mes bras, et caresse ses cheveux.

- Ça va aller, je suis là Kiara. Calme toi, s'il te plaît.

Elle pleure et respire fortement. Elle tremble. Je caresse son dos et ses cheveux, tout en essayant de la calmer. Une fois qu'elle l'est, je la relâche. Elle n'ose pas affronter mon regard, honteuse, alors je tente de la mettre à l'aise.

- Ça dure depuis longtemps ?

Elle renifle, et fixe toujours le sol, silencieuse.

- Depuis la séparation de mes parents, il y a deux ans.

Deux ans. Deux ans qu'elle souffre, qu'elle se fait du mal, et que personne ne l'en empêche.

- Cela arrive souvent tes...

- Mes crises ? Oui, régulièrement. Parfois, pendant un moment ça n'arrive pas. Et puis d'un coup, j'en ai besoin, j'ai faim, enfin, je crois avoir faim. Alors je mange, et...

- Tu rejettes tout.

Elle hoche la tête.

- Tes parents sont au courant ?

- Non. Personne. Ils pensent tous que je vais bien. Je ne leur en veux pas, je sais tellement bien faire semblant. Mais putain je ne vais pas bien. J'ai été harcelée par un duo de pétasses riches et prétentieuses pendant plusieurs mois, la personne que je pensais aimer n'a rien fait pour me défendre, et mes parents... ont reconstruit leur vie séparément, et, j'y trouve pas ma place.

Elle pleure, elle craque, mais elle est si forte à la fois...

- La seule façon que j'ai trouvé pour aller mieux c'est ça... manger, et me faire vomir. C'est pitoyable. Je suis pitoyable. Et tu dois me trouver pitoyable, toi aussi.

Je lui attrape le menton afin qu'elle me regarde enfin, pour qu'elle voit dans mon regard que je ne la trouve pas pitoyable, au contraire.

- Kiara, je te trouve si forte, si courageuse, et tellement loin d'être pitoyable. Si tu savais comme j'aimerais être comme toi, tu es si forte. Et je suis si faible comparée à toi.