Chapitre 25 : Partir

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Avec un geste rapide, Erza ferma une énième valise, dont la fermeture éclair couina.

Il était près de vingt-deux heures et l'ex-commandante de la deuxième division de l'armée royale venait de fermer son dernier bagage, laissant ses appartements vides de tout bien personnel. Elle n'avait jamais remarqué à quel point elle avait accumulée des affaires au court des dernières années. Elle n'était pas du genre « acheteuse compulsive ». Cependant, tout bien considéré, elle détenait des tonnes de babioles inutiles et de vêtements trop vieux.

Elle ouvra sa penderie et pris les affaires qui restaient encore pour les jeter dans un sac poubelle. Mais elle s'arrêta soudain en sentant un tissu étrangement soyeux. Intriguée, elle retira l'habit et écarquilla les yeux. C'était la robe rose pâle qu'elle avait été forcée de mettre pour le diner officiel avec les dignitaires. Le soir même où Jellal lui avait appris son intention de la courtiser.

Oubliant le reste de ses affaires, elle s'éloigna vers son lit et étala la robe dessus. Elle ne l'avait certes jamais dit, mais elle avait aimée se sentir admirée comme une femme et non comme une tueuse le temps d'une soirée. Elle s'était sentie comme Cendrillon, attendant son prince charmant.

Le prince charmant l'avait oublié.

Laissant ses souvenirs sur le lit, elle jeta les derniers vestiges de son passé dans le sac et le ferma. Elle emmené déjà trois valises pleines, c'était largement suffisant. Deux d'entre elles se composaient uniquement d'armes tandis que la dernière comportait des tenues de rechanges. Six cartons étaient posés contre le mur, ils étaient pour Hughes et Sugar-Boy. Ils en feraient ce qu'ils voudraient.

Hughes avait mis des heures avant de la laisser tranquille, essayant désespérément de la faire revenir sur sa décision. Puis, résigné, il avait fini par l'aider à faire ses bagages avant de se rappeler qu'il avait rendez-vous avec Kana. Hésitant, il avait voulu annuler, mais Erza l'avait fait partir en le menaçant avec un cintre. Il avait cédé et l'avait prise dans ses bras.

Erza, profondément émue, l'avait regardé partir avec un horrible sentiment de perte dans l'estomac. Mais c'était pour le mieux. Ils le savaient. Leur route jusqu'alors si identique allait devoir se séparer. Il prendrait soin de la Capital et épouserait Kana. Peut-être même qu'il finirait comme elle à boire uniquement du thé. Erza allait devoir trouver un moyen de se retrouver, de contempler ses actions avec recule, et d'oublier ses peines.

C'était grotesque. Elle n'était pas très fière de ses actes. Quoi qu'elle dise pour se justifier, elle prenait la fuite. Grossièrement. Et certainement pas par peur des conseillers. Si elle était honnête avec elle-même, elle aurait pu détruire leur machination d'un simple nom : Orzo. Cependant, ce n'était pas ces derniers dont elle voulait absolument s'éloigner. Mais bien de Jellal.

C'était pathétique et pourtant si humain.

Erza prit sa veste, ses trois valises et se mis en route vers la porte de ses appartements. Une fois arrivée, elle regarda avec une certaine émotion cette pièce dont elle avait pris possession à ses seize ans, si loin des quartiers personnels du Roi mais si proche de ceux de ses hommes. A ses seize ans, après avoir été habituée à dormir dans un dortoir composé uniquement d'hommes, sa nomination au poste de commandant de division lui avait ouvert l'accès au lieu.

Elle avait mis du temps à s'y habituer. Elle qui alors n'avait pas dormis seule depuis des années. Au début, elle allait souvent vagabonder le soir avec les autres commandants. Puis, le temps passant, ils avaient eux aussi finit par se lasser de la voir toujours éviter de rester dans ses appartements. Au final, après une des soirées les plus minables et en même temps les plus drôles de sa vie -quand ces idiots avaient décidés de « baptiser » les lieux- ils étaient devenus réconfortants. Comme un foyer.

L'aube d'une nouvelle èreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant