Chapitre 28 : Rentrer

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L'auberge était sombre, sentait le renfermé, mais avait le mérite d'être à quelques pas de la ville basse sans pour autant attirer l'attention des hauts placés. C'était un lieu où Erza s'était souvent rendue quand elle était encore la commandante de la deuxième division car c'était ici que venaient généralement les ennemis de la couronne, bien trop heureux qu'existe un tel lieu. Evidemment, Erza aurait pu faire fermer l'auberge, mais elle ne l'avait jamais fait. Au moins, l'auberge ouverte, elle savait où se trouvaient ses adversaires. C'était un avantage dont elle n'avait pas voulu se passer. L'aubergiste –caricature même du type avare - pouvait bien la remercier. Ils s'étaient souvent rencontrés avant dans le plus grand secret pour de quelconques informations. C'est pourquoi Erza Knightwalker ne fut pas étonnée de le voir écarquiller les yeux quand, s'arrêtant devant lui, elle commença à parler :

« Bonjour, je voudrais une chambre s'il-vous-plait.

L'homme rond, stupéfait, se pencha vers elle pour essayer de distinguer son visage qu'elle avait soigneusement caché sous une capuche. Ce qui aurait normalement été suspect dans un autre lieu, mais pas ici puisque presque tout le monde avait des raisons de ne pas vouloir que l'on sache son identité.

C'était risible. Elle avait été invitée à revenir dans la Capitale d'Edolas. Par Hughes mais aussi par le Roi. Et pourtant, elle se comportait de façon suspecte et dissimulait sa présence comme l'aurait fait un criminel. Mais Erza savait pertinemment que si jamais elle ne passait pas sous le radar de Jellal, ce dernier voudrait la voir. Et elle n'était pas prête. Elle ne voulait pas le voir. Pas alors qu'elle avait décidé de revenir pour seulement deux semaines, le temps du mariage de Hughes, avant de repartir à Aubac.

-Vous êtes Erza Knightwalker ! remarqua l'aubergiste, heureusement assez bas pour que personne n'entende vraiment ce qu'il disait.

Erza grimaça. Il faudrait acheter son silence. Sortant quelques joyaux de sa bourse, elle les étendit sur le comptoir, sous le regard soudain calculateur de l'homme méprisable. Méprisable, mais qui n'avait qu'un honneur quand il s'agissait d'argent comme elle avait pu le constater par le passé.

-Si cela pouvait rester entre nous ! demanda-t-elle d'une voix douce.

De son index, elle fit avancer sur la surface de bois les premières pierres précieuses. Le regard de l'aubergiste les suivit docilement, et les attrapa rapidement pour les glisser dans ses poches. C'était tellement facile qu'Erza le trouva encore plus abjecte. Combien de fois avait-il trahi son Roi pour quelques diamants ?

-Bien sûr ! La discrétion est une qualité première dans notre auberge ! Nous avons une magnifique chambre avec vue sur le lac qui vous conviendrait certainement! Voulez-vous les prestations habituelles ?

Erza glissa quelques pierres supplémentaires vers lui, bien consciente qu'il lui proposait de lui offrir de quoi dissimuler sa véritable apparence. La dernière fois qu'elle était venue ici, c'était pour espionner Orzo, et elle avait fini par se faire surprendre par le Roi alors qu'elle était maquillée et avait les cheveux noirs. Et Jellal lui avait demandé de ne jamais le trahir. C'était la première fois qu'elle s'était sentie aussi proche de lui. Cette nuit-là, elle lui avait juré une allégeance sans failles. Et aujourd'hui, elle se cachait de lui…

-Ce serait appréciable. Je vous remercie, répondit-elle.

L'homme rond lui sourit de ses dents jaunes et attrapa une clef derrière lui. Erza le remercia d'un coup de tête et sachant pertinemment où elle devait aller, se hâta vers sa chambre, se demandant si elle avait bien fait de revenir…

Coco entra dans le bureau du Roi tandis que celui-ci discutait avec un noble. La jeune femme savait très bien qu'elle était une privilégiée. Elle était la seule personne à pouvoir interrompre le Roi de la sorte sans finir par passer la nuit dans les cachots. C'était l'un des nombreux avantages d'être les services secrets du Roi. L'homme au sang aussi bleu que ses cheveux leva les yeux vers elle, et d'un geste de la main fit taire son interlocuteur.

L'aube d'une nouvelle èreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant