Aveuglement Amoureux [ Yoonmin ]

Un

Le petit adolescent aux cheveux blonds marchait dans un des nombreux couloirs bondés de sont lycée, longeant les rangées de casiers pour se repérer malgré sa canne. Ses lèvres pulpeuses se mouvaient au même rythme que ses doigts sur l'acier froid des compartiments collés au mur. Il comptait les casiers qui le séparait du sien, c'est ce qu'on lui avait conseillé de faire lorsqu'il était arrivé à la rentrée. Il entendait, les discussions, les bruits de pas et les portes qui claquaient autour de lui. Il n'était pas rassuré, loin de là. Il savait, qu'à un moment de la journée, il serait recouvert de bleus, pleurant seul dans le bus qui le ramènera chez sa famille d'accueil.

Enfin, il arrivait à son casier et enfonçait la clé dans la serrure. Il prit ses affaires de cours et entreprit de fermer la porte lorsqu'on l'arrêta. Il frémissait, un frisson parcourant sa colonne vertébrale à l'entente d'une voix, de sa voix :

<< Alors le borgne ? On a mit ses lunettes aujourd'hui ? se moquait la voix.

- Laisse moi tranquille Jaebum. répondit le blond d'une voix moins ferme qu'il ne l'aurait voulu.

- Oh regardez les gars, Cendrillon a peur ! cria Jaebum pour que son groupe se rapproche.

- Mais qu'il est mignon le petit ! On dirait une peluche à laquelle on aurait retiré les yeux ! lança un type dénommé Jackson.

Le petit blond ne disait rien, essayant de s'échapper. Mais son handicap l'en empêchait, en plus des sept garçons. Il commença à paniquer. << Pas encore >> se disait-il. Il ne voulait pas que ça recommence comme la veille, ou encore l'avant-veille et tous les autres jours depuis sa rentrée. Il en avait marre d'être le souffre douleur de ces garçons, il n'en pouvait plus. Il avait arrêté de manger, il avait beaucoup maigri et ses forces le quittaient au fil des jours. Il n'avait pas d'amis, sa famille d'accueil était bien trop occupée pour se préoccuper de ses problèmes.

Les sept garçons rigolèrent, si fort que le blond ne pu entendre la sonnerie annonçant le début des cours mais aussi la fin de son supplice. Il compris qu'il n'y avait plus personne lorsque le premier coup fut envoyé en plein dans son ventre, le faisant lâcher sa canne. Il sentit ses lunettes tomber par terre au fur et à mesure que les coups partaient, exposant ses yeux dénudés de pupilles à la vue de ses agresseurs. Il se laissa tomber au sol, se recroquevilla sur lui-même et attendit que ça passe, ne comptant même plus les coups portés.

" Sale gros !

- Pédale !

- Borgne !

- Erreur de la nature !

- Fils de pute ! >>

Il souffrait, encore et toujours.

Il pleurait, de plus en plus.

Mais il attendait, sachant que ça s'arrêterait à un moment donné.

Il se disait qu'il fallait juste qu'il endure.

Maintenant, il ne tentait plus rien pour les arrêter. Qu'aurait-il fait de toute manière ? Aller voir la direction ? On pensera juste qu'il tombe souvent. Essayer de répliquer lui aussi ? Il est aveugle et maladroit, on lui rira au nez. Il est peut-être réellement une erreur de la nature après tout.

Mais il avait compris qu'aujourd'hui, les coups étaient plus forts, que la haine était plus puissante que d'habitude, qu'ils n'allaient pas le laisser aussi vite. Il sentit qu'on le traîna par les cheveux jusqu'à dehors, un coin plutôt désert à en déduire du silence extérieur. Il se laissa faire, le corps trop douloureux pour réagir ou leur compliquer la tâche. Les coups reprirent, encore plus violents. Le blond hurlait cette fois, mais rien. Alors il se souvenait de ce que lui avait dit sa mère avant de mourir dans ses bras :

<< Ne t'en fais pas, mon fils, ceux qui te feront du mal n'auront que leur regrets pour éponger leurs larmes lorsque tu seras devenu un grand homme, Jimin. >>