O2\12
J'aimerai m'assurer que ça va, en me répétant que tant que je ne passe pas mes nuits à verser des torrents de larmes, je ne suis pas dans un état critique. Mais il y a ce vide qui prend toute la place dans mon cœur et dans mon corps qui m'empêche de vivre normalement.
Il y a des jours, où je sens clairement que rien ne va, parce que j'ai des soudaines envies de pleurer ou de m'emprisonner dans mes draps la lumière éteinte ; d'autres fois, c'est moins percevable, car c'est le simple fait de ne rien ressentir. J'aimerai pouvoir vivre avec mes émotions sans les chérir. J'aimerai qu'elles soient constamment là, pas seulement qu'elles prennent de l'intensité de temps à autre, quand ça leur chante.
Les périodes où je souffrais terriblement me manquent presque. J'ai connu plusieurs stades de mal-être, au début je passais mon temps à trop ressentir. Je pleurais tout le temps car j'avais beaucoup trop mal, je ne ressentais pratiquement que de la douleur et de la tristesse. Je voulais m'en libérer, jusqu'au jour où j'ai commencé à perdre petit à petit mes sentiments, où j'ai commencé à ne plus avoir envie de rien. Aujourd'hui je me demande si le plus difficile est de trop ressentir, ou au contraire pas assez. Tout ce que je sais, c'est que je me sens toujours aussi mal, bien que mes sensations soient très différentes d'il y a quelques années.
Je ne sais pas ce qui a déclenché mon malêtre, ni ma maladie. Au départ, j'ai longtemps écris sur ma vie, sur mon corps et sur ce qu'il y avait dans ma tête en tentant de trouver la source de ce qui faisait tache. Ecrire était un échappatoire, j'arrivais à poser des mots sur mes maux, j'avais quelques fois le sentiment que ça me sauvait la vie. Je ne faisais jamais lire mes textes à quelqu'un, parfois j'osais trouver le courage de montrer quelques citations à mes amies qui m'y poussaient un peu, et sinon dans des cas plus rares ma mère tombait sur mes écrits mal rangés sur mon bureau. Maintenant, je n'arrive plus à écrire. A mettre des mots sur ce qu'il y a en moi, sur ce qui me fait du mal ou au contraire me pousse à vivre un jour de plus, et je n'arrive pas même à me sortir de ma zone de confort en écrivant des histoires imaginaires sur des inconnus, car j'ai la désagréable impression que tout ce que j'entreprends est voué à être raté.
Plus jeune, j'écrivais des fictions sur des forums dans des jeux, généralement celles-ci étaient appréciées par des lecteurs de mon age et ça me poussait à créer davantage. Si je décide d'exposer ainsi ce sujet sensible qu'est ma souffrance et ma dépression, aux yeux de nombreux lecteurs que je ne connais pas, c'est car je n'arrive plus à vivre. C'est en quelques sortes un appel à l'aide, imaginez cela comme vous le souhaitez, car je n'arrive plus à guérir. Je reçois de l'aide à l'extérieur, mais ça ne suffit pas, c'est toujours douloureux, je tape ce message les larmes aux yeux. Je me sens seule, bien que j'ai des amies géniales que je vois de moins en moins souvent. Je ne peux plus vivre ainsi, ça me tue petit à petit, je voudrai exprimer mes pensées librement et recommencer à écrire.
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Noyade
Non-FictionCarnet de bord, garder la tète hors de l'eau pour ne pas sombrer. « I'll overdose myself in my own tragedy. For this pain has taken me, it's not a choice, it's just way things are. It's the way things are meant to be, tragic. »