Chapitre 2

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Je marchais dans une forêt qui m'est inconnue, les arbres sont plus nombreux et plus grands que ceux que j'avais aperçus sur le territoire du Clan du Tonnerre. Cette forêt parait magnifique à première vue mais il y a quelque chose qui cloche, sauf que je ne comprends pas ce que c'est. La forêt défile devant moi quand j'aperçois deux yeux ambrés dans les quelques buissons qui me font faces. D'abord curieuse, je m'approche mais une horrible odeur me pique la truffe et me dissuade d'avancer. Un museau roux sombre perce les feuillages ainsi que le reste du corps de la bête. Les paroles des anciens me revinrent à l'esprit comme un coup de griffe, mon pelage blanc se hérissa quand je me rappela de la description de cet ennemi commun à tous les félins. C'est un renard, ce sont de grandes bêtes rousses aux affreux museaux effilés et ils sont capables de tuer des chats pour se nourrir ou pour défendre leur terrier. Perdue dans mes réflexions, je ne le vis pas approcher, je me souviens de sa présence que quand il m'attaqua. Prise de terreur, je poussa un miaulement de détresse mais je n'entendis rien. Les dernières choses que j'aperçus furent deux yeux ambrés luisant d'une lueur folle. Alors que je sombrais dans les limbes de mon rêve, je me rendis compte que je n'avais entendu aucun son, cette forêt était silencieuse.

Une pression sur mon flan me sortit de ma torpeur, Griffes de Pierre se trouvait à coté de mon nid de mousse, je devina que c'était lui qui m'avais réveillée. Je me leva en vitesse quand les souvenirs de la veille me revinrent. J'étais apprentie !
« Quoi ? Qu'est-ce qu'il y a ? demandai-je intriguée par mon mentor qui tentait de se retenir de rire.
- Il y a de la mousse sur ta tête ! Miaulât-il entre deux éclats de rire qu'il tenta vainement de camoufler.
- Il fallait le dire plus tôt ! Répondis-je en secouant la tête pour faire tomber la mousse qui s'y était perchée.
- Oui, mais cela n'aurait pas été drôle ! » ronronna Griffes de Pierre en reprenant son calme habituel.
Je le suivis dans la forêt en me demandant ce que l'on allait faire aujourd'hui. Il s'arrêta devant un grand arbre qui surplombait tous les autres. En le rejoignant près de celui-ci, le tronc me parut encore plus imposant.
« Il est énorme! Comment s'appelle t-il ? dis-je impressionnée
- Il se nomme le Chaîne Céleste en raison de sa grande taille, lui expliqua son mentor, un jour un chat est monté dessus, mais il est tombé et a failli perdre l'usage d'une de ces pattes.
- C'est vraiment arrivé ? demandai-je intéressée par cette histoire.
- Ce n'est pas sûr, ce sont les anciens qui disent ça. D'après eux c'est arrivé il y a bien des lunes et ils affirment que quand c'est arrivé, Étoile de Feux dirigeait encore le Clan du Tonnerre. » raconta Griffes de Pierre à son apprentie.
Un bruit les interrompirent et le guerrier fit signe à Nuage Hivernale de se figer et de ne faire aucun bruit. Il fit alors un bond magistral et atterrit dans un tas de feuilles soulevant un nuage de poussières. Sortant de la poussière, son mentor portait un écureuil dans sa bouche et il le lâcha devant elle.
« Nous avons assez papoté pour aujourd'hui, revenons à ce que je voulais t'apprendre : la chasse. tenta de miauler Griffes de Pierre, qui, la bouche pleine de poils, peinait à articuler.
- Tu crois que je pourrais attraper une proie pour la donner à Fleur de Pavot ? questionnai-je le guerrier en me donnant par la même occasion un défit.
- Ce n'est pas sûr mais si tu t'appliques, tu as peut-être une chance d'en attraper une mais il va falloir travailler dur. ronronna mon mentor les yeux brillants.
- Je ferais de mon mieux pour y arriver ! feulât-elle déterminée à relever son défi.
- Il est temps de se mettre au travaille si tu veux réussir à attraper une proie pour ta mère. » dit-il en s'approchant de son apprentie.

La matinée passa rapidement, j'appris la position du chasseur et l'après-midi Griffes de Pierre n'emmena chasser.

« Tu entends ce bruit, c'est un mulot... tu te souviens de ce que je t'ai appris ? me demanda mon mentor assez fort pour que je l'entende mais pas assez pour que la proie nous détecte.
- Oui, les mulots, souris et les autres rongeurs captent les vibrations du sol donc il faut mettre tout notre poids sur nos pattes arrières et les lapins nous sentent, alors il faut se mettre face au vent. récitai-je concentrée sur ce que j'avais appris ce matin.
- Bien... je te laisse mettre en pratique ce que je t'ai enseigné sur la chasse. m'ordonna le matou gris en s'enfonçant dans les fourrés pour me laisser de la place.
- D'accord. » dis-je déterminée à réussir.
Je m'approcha doucement du rongeur, j'étais tellement concentrée sur le mulot que, par mégarde, ma queue frôlât une touffe d'herbes sèches alertant ma proie de ma présence. La petite bête fila dans son terrier. En la poursuivant, ma patte avant glissa dans un petit trou camouflé par des herbes folles, me faisant, par la même occasion, cracher de douleur. Griffes de Pierre courut vers moi en me demandant si j'avais mal et que je pouvais rentrer au camp si la douleur était trop forte. Je lui répondis que j'allais bien et que c'était hors de question que je rentre pour si peu. Plus l'après-midi avançait plus je me disais que je ne pourrais rien rapporter à Fleur de Pavot.
Le soir arriva et je n'avais toujours rien attrapé. La fatigue accumulée à la frustration me faisait faire des mouvements gauches qui m'empêchaient d'attraper quoi que se soit . Et c'est déçue et fatiguée que je rentra au camps.
Je bouda tout le reste de la journée, dans un coin du camp, à l'écart des autres. Je mangeais une souris sans appétit quand une idée géniale me vint à l'esprit : J'attraperais une proie pour maman, il suffit que je sorte dans la forêt et de chasser au calme. Je sortis par le petit coin pour ne pas me faire prendre. Une fois en dehors du camp j'entrouvris ma bouche pour mieux détecter les senteurs de la forêt, l'odeur d'une souris me parvint, je suivis ce fumet alléchant jusqu'à la bête que j'espérais attraper. Après avoir vérifié le sens du vent, je me mis face à lui pour que mon odeur ne se diffuse pas vers ma proie et en m'avançant, je mis tout mon poids sur mes pattes arrières, ma queue immobile au ras du sol. Regardant autour de moi, je ne trouva rien qui pourrait trahir ma présence. Alors mon regard se fixa sur le rongeur et je bondis sur ma cible. C'est avec souplesse que je me releva, la souris dans la gueule, je la recouvris de terre pour la reprendre plus tard. Puis mon corps s'immobilisa quand une autre odeur vint me titiller le museau et c'est avec joie que je m'élança dans la direction de l'autre rongeur.

Une étoile dans un ciel d'hiversOù les histoires vivent. Découvrez maintenant