J'ai froid partout, j'ai l'impression d'être gelé de l'intérieur et de n'être plus qu'un spectateur de mon propre corps. Et bon sang j'ai si mal, comme si un couteau m'avait transpercé de partout à la fois.
Recroquevillé devant mon feu de fortune, je peine à me réchauffer. J'ai la gorge sèche et mon ventre gargouille de temps en temps. Bientôt je devrais éteindre le feu, bientôt il va faire nuit. Je redoute tant la nuit en ce moment. Chaque soir je fais face à un choix cornélien...Soit j'endure une nouvelle nuit de froid, soit je me laisse tomber dans les bras de la mort. Eh bon sang que le choix est difficile. Parfois je me demande même pourquoi je suis encore là, à survivre tel un rat. «Qu'elle est ma raison de vivre ?» voilà ce que je me demande en boucle depuis tant de temps. 2 ans, 4 mois et 15 jours pour être exact, depuis que mon chez-moi à été détruit par ceux qui ont tués l'intégralité de ma famille. Ces putains de pillard, chaque jour je m'en veux toujours de m'être caché, d'avoir fui. Peut-être était ce que voulaient mes parents. Nous avions survécu à tant de choses, pour voir notre maison finalement détruite par nos semblables. Depuis lors, je n'ai plus jamais parlé à personne. J'ai toujours fui devant d'autres survivants. Je ne sais même plus si je sais parler, les conversations sont loin d'être passionnante quand on vit entouré d'Errants, c'est comme ça que moi et mes parents nous les avons appelés...
Je termine ma conserve de maïs,savourant chaque boucher de celle-ci. J'ai de plus en plus de mal à trouver de la nourriture en ville, tout ce fait plus rare. Je crois que je vais devoir changer de quartier bientôt. Aller vers ceux qui sont plus infestés, c'est souvent là-bas qu'ils restent encore des réserves mais c'est aussi dans ces lieux que la mort peut plus facilement vous cueillir mais c'est un risque à prendre.
Même si je me plais bien dans ce quartier...Aujourd'hui je me suis même surpris à retourner dans cet appartement alors que d'habitude je ne dors jamais au même endroit pour éviter de revivre ce qui m'est arrivé il y a 2 ans. Ici, je ne me sens pas non plus à l'abri. Mais la décoration me rappelle ma maison, je crois que j'ai besoin d'avoir quelque chose à quoi me rattacher...Sauf que je n'ai aucune attache. Chaque fois c'est la même routine, je me lève difficilement, j'inspecte l'endroit où j'ai dormis, je sors, je pille et je pars dormir autre part. Je vis comme une bête. Je n'ose même pas imaginer la gueule que je dois avoir, je dois ressembler à la caricature d'un enfant sauvage abandonné par ses parents dans la jungle.
Voilà, le monde dans lequel je vis, l'enfer dans lequel je grandis depuis que mes parents m'ont abandonné depuis cette date fatidique il y a 865 jours.
Perdu dans mes pensées, mon esprit commence à s'embrumer, je suis déjà fatigué. Il faut dire qu'aujourd'hui n'a pas été une journée facile. Je commence alors à somnoler.
La fatigue m'a frappé tellement vite que j'en ai même oublié d'éteindre le feu que j'avais allumé.
Les secondes, les minutes, les heures passent. La flamme commence à s'essouffler et moi je suis toujours là à moitié entre l'inconscient et le conscient, toujours sur le qui-vive. J'ai entendu des cris d'Errant tout à l'heure et des coups de feu au loin, tout ça ne m'inspire pas confiance mais je ne peux pas prendre le risque de sortir, je dois juste espérer que les coups de feu n'en ait pas attirer dans ma direction. Dieu merci ces choses sont un peu sourde d'oreilles alors il y a peut-être une chance qu'elle se trompe de direction. Mais si un malheureux à la malchance de se faire voir par plusieurs d'entre eux...Et bien il peut signer son arrêt de mort.
Soudain, un grincement particulièrement bruyant me fait sortir de mon état semi-inconscient. Aussitôt, je me relève lentement aux aguets, guettant le moindre bruit qui pourrait m'indiquer où se situe l'intrus. Je détache la couteau accroché à la cuisse, et me dirige à pas feutré vers la porte. Je me colle contre le mur et j'attends...
Alors que je venais juste de me mettre en place, la porte d'entrée de l'appartement ce met à s'ouvrir tout doucement un rai de lumière s'en échappant. Alors que la personne imprudente venait de poser un pied dans l'appartement, je lui sauta dessus, nous faisant basculer tout le deux par terre, j'ai le réflexe de poser aussitôt contre son cou et je me rends compte que c'est une fille de mon âge que j'ai en face de moi.
-S'il te plaît ! Ne me tue pas, je te veux rien de mal. Je cherchais juste un endroit où dormir. Je te le jure ! Cria-t-elle
Je l'observe d'un œil inquiet et méfiant puis la relâche finalement de mon emprise.
-Jette tes armes. Dis-je froidement, le regard dur.
Eh bien, je ne pensais pas que ma première rencontre avec un humain depuis des mois et des mois se passerait comme ça...
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Secteur 2 : La ville des morts.
TerrorIls sont deux, face à la mort. Deux orphelins, qui ont survécu au Fléau qui s'est abattu sur la France. Ils ont un seul espoir de survie, une chance de couler des jours heureux. Mais le destin à décider de se mettre en travers de leurs chemins.