— La tournée s'est-elle bien déroulée ?Demanda ma mère, tandis que son regard, qui s'était brièvement posé sur moi, se détourna rapidement pour se concentrer sur la casserole qui mijotait sur le feu.
Le parfum chaleureux de la soupe emplit l'air, me rappelant la familiarité de la maison.
Moi: Très bien !
Répondis-je, en vidant d'un trait le contenu de mon gobelet.
Je passai ma langue sur mes lèvres afin d'en savourer les derniers restes, avant de me servir à nouveau du précieux nectar de citron que ma mère avait préparé avec un soin tout particulier.
Je remplis mon gobelet en plastique d'une nouvelle portion, puis je pris place sur la chaise, la sensation de confort envahissant mes membres.
Moi : C'était fort satisfaisant, en effet. Nous avons rencontré une grande quantité de personnes, et il semble que la ferveur chrétienne ait touché de nombreuses âmes.
Dis-je, tout en savourant un second trait de mon jus, les yeux fermés, savourant la fraîcheur de ce doux breuvage.
Lorsque je les rouvris, je constatai que ma mère, elle aussi, s'était assise, et, poussant un soupir pensif, elle se servait elle-même de ce nectar qu'elle chérit.
Je la contemplai, un sourire paisible naissant sur mes lèvres. Elle m'avait vraiment manqué au cours de ces trois derniers jours.
Maman : J'ai aussi appris pour Alex !
Un frisson indescriptible parcourut mon être à l'instant même où ses mots atteignirent mes oreilles.
Mon souffle se suspendit, et mon doigt, presque malgré moi, se crispa autour du gobelet, signe d'une tension qui naissait au fond de moi.
Maman : Il a perdu un ami proche lors de la tournée !
Une exclamation presque dédaigneuse s'échappa de mes lèvres, un rictus moqueur que je parvins à réprimer de justesse, consciente de la nécessité de garder une contenance devant ma mère. "Perdu un ami ?" Ainsi, telle était l'excuse qu'il avait choisi de présenter ?
Je demeurai estomaquée.
Il semble qu'Alex, dans sa maîtrise de l'art du mensonge, ait toujours su enrober la vérité dans des tissus de faussetés habilement tissés.
Après tout, qu'espérais-je ? Qu'il dévoile la réalité toute crue ?
Qu'il avoue, non pas à cause d'un ami perdu, mais parce qu'il y a quelques semaines, il avait tenté de tuer le prince Akzak, et que ce dernier le recherchait désormais avec insistance ?
Même l'esprit le plus dérangé ne commettrait une erreur aussi grotesque.
Et pourtant, une déception sourde et persistante s'insinua dans mon cœur, une amertume dévorante née de l'illusion brisée que l'on puisse un jour croire en l'authenticité de ceux qui nous entourent.
La réalité se révèle parfois plus cruelle que l'illusion, et la constatation que les êtres humains ne sont pas toujours à la hauteur de nos attentes crée un vide douloureux.
En tant que chrétienne, je suis bien placée pour comprendre que la vie chrétienne n'est pas synonyme de perfection ou d'irrémédiable pureté.
Chacun de nous porte en son âme des fardeaux, des forces et des faiblesses qui façonnent notre condition humaine ; nous luttons tous contre le péché, ce qui nous empêche de vivre pleinement dans la sainteté que le divin désire pour nous.
Cependant, une déception profonde m'envahit à l'égard d'Alex, une déception qui, loin de s'atténuer, ne cesse de croître.
En vérité, je peine même à qualifier son comportement de simple faiblesse humaine.

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LE PRINCE ET LA CHRÉTIENNE
RomanceTravailler au palais royal ? Ce n'était pas dans ses rêves. À vingt ans, Merveille n'avait qu'un seul objectif : réussir ses études en médecine , aider sa famille, et garder pour elle certaines blessures qu'on préfère ne pas nommer. Quand une oppor...