Chapitre 1 : L'Héritage de Poirot

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7h00
L'alarme résonna dans la petite chambre, un son strident qui perça le silence du matin. Alice Hart se redressa brusquement, les cheveux ébouriffés, l'esprit encore embrouillé. Comme chaque jour, elle mit quelques secondes à se rappeler qui elle était, où elle était, et pourquoi elle devait se lever si tôt.

Elle jeta un regard autour de la pièce : un appartement modeste mais impeccablement rangé, un reflet de son esprit méthodique. La lumière grise du matin s'infiltrait à travers les stores mal fermés. Sans perdre de temps, elle se leva, traversa la chambre pieds nus et s'enferma dans la salle de bain.

Une demi-heure plus tard, Alice était prête. Pas de maquillage, pas de fioritures : un pantalon noir pratique, une chemise blanche impeccable, et son éternel gilet en cuir. Elle vérifia son sac d'un geste rapide : téléphone, badge, arme de service, clés de voiture. Tout était là.

7h45
Le moteur de sa vieille berline ronronna doucement alors qu'elle quittait le garage. En route vers le bureau, elle s'arrêta au Coffee&More, un café local qu'elle appréciait autant pour son ambiance chaleureuse que pour son café noir impeccable.

Dès qu'elle entra, une voix familière s'éleva depuis le comptoir.

— Bonjour, M'ame Alice ! Sublime comme toujours, lança Grégory, un jeune serveur au sourire éclatant.

Alice leva un sourcil amusé en s'approchant.

— Grégory, tu flirtes avec moi depuis combien de temps déjà ? Tu n'as pas peur des filles qui portent une arme ?

— Au contraire, c'est intrigant. Et puis, vous ne parlez qu'à moi ici. N'est-ce pas un signe ?

Alice éclata d'un petit rire.

— Grégory, tu es mignon, c'est vrai. Mais si je te parle, c'est parce que tu es le plus rapide et que ton café est impeccable. Rien de plus. Maintenant, mon café, s'il te plaît.

Le jeune homme lui tendit son café avec un sourire un peu déçu. Alice tourna les talons, levant une main en guise d'au revoir.

8h00
L'ambiance au bureau était bien différente. Dès qu'elle passa la porte, elle sentit l'agitation dans l'air : les agents parlaient à voix basse, les téléphones sonnaient sans arrêt. Elle trouva Colbert, son second, visiblement stressé.

— Colbert, qu'est-ce qui se passe ici ? demanda-t-elle, fronçant les sourcils.

— Capitaine, c'est la panique... le Mosvick a encore frappé !

Alice sentit son estomac se nouer.

— Quoi ? Quand ? Et pourquoi je ne suis pas au courant ?

— On a essayé de vous appeler ce matin, mais vous ne répondiez pas.

Elle attrapa son téléphone dans sa poche et constata qu'il était toujours en mode silencieux. Un soupir agacé s'échappa de ses lèvres.

— D'accord. Racontez-moi tout.

Colbert prit une profonde inspiration.

— À 2h28 ce matin, le poste de police de Newway Avenue a reçu un appel anonyme. Une voix brouillée a donné une adresse : "Boulevard Asmont, 223 Fubris... bain de sang ! C'est Mosvick."

Alice sentit un frisson la parcourir.

— Et ensuite ?

— Sur place, on a découvert un carnage. Toute la famille Barslow : huit personnes au total. Sept morts. Le père, la mère, leurs quatre enfants... tous assassinés.

Alice posa une main sur son front.

— Et le huitième ?

— La nounou. Elle a été retrouvée attachée à une chaise dans la cuisine, inconsciente. Mais ce n'est pas tout.

Colbert baissa la voix, comme pour souligner la gravité de la situation.

— Les enfants ont été asphyxiés. Leurs corps étaient alignés face à ceux des parents. La mère a reçu une balle dans la tête, et le père deux dans le cœur. Les armes du crime ont été retrouvées : un Magnum .45 sur le bureau du père, et une autre arme sur le divan du salon.

Alice serra les poings.

— Aucune trace du tueur, je suppose ?

— Aucune. Pas de témoins, pas de bruits suspects. Mais... il y a un détail curieux.

— Je vous écoute.

— Sur le divan, on a retrouvé cinq sachets bleus de chez Coffee&More. C'est ce qu'il aurait utilisé pour asphyxier les enfants.

Alice sentit son cœur s'accélérer.

— Coffee&More... murmura-t-elle. Intéressant. Colbert, je veux un rapport complet d'ici une heure.

— Oui, Capitaine. Mais il y a un problème. Cette affaire dépasse nos compétences.

— Que voulez-vous dire ?

Colbert lui tendit le téléphone.

— Le major Alexandre veut vous parler.

Conversation téléphonique

— Capitaine Alice Hart.

— Capitaine, ici le major Alexandre. La situation est critique.

— Je sais, major, mais pourquoi l'armée s'en mêle ? Ce n'est pas leur domaine.

— Henry Barslow était un ami proche. Je ne peux pas rester inactif. Cette enquête doit avancer. Vous avez besoin d'un détective de haut niveau, et j'en ai trouvé un pour vous.

Alice hésita.

— Mais, major...

— Ce n'est pas une suggestion, capitaine. C'est une recommandation venant de très haut. Vous recevrez son dossier sous peu.

La ligne coupa. Quelques instants plus tard, Colbert revint, un dossier à la main.

— Capitaine, voici le dossier.

Alice le prit et l'ouvrit avec une certaine appréhension. Son regard se figea sur une ligne.

— Attendez... Hercule Poirot ?

— Oui, capitaine. La détective qui arrive... c'est Helena Poirot, sa petite-fille.

Alice resta immobile, abasourdie.

— Helena Poirot... Une héritière de la légende.

Elle releva la tête, le regard empli d'espoir et de curiosité.

À suivre...

MISS POIROTOù les histoires vivent. Découvrez maintenant