Ça y est, j'y suis ! Le moment où je décide du reste de ma vie.
Attablés à la terrasse d'un café, John protège ses yeux de ses lunettes noires. Impossible de déchiffrer son regard, il porte son masque d'indifférence ...
- Je vais partir. Pas parce que tu fais mal les choses, mais parce que c'est ce que je veux.
Cette simple phrase vient d'envoyer valser 10 ans de vie commune.
De toute ma longue vie, de trentenaire donc, jamais je n'aurais pensé avoir le courage de faire ça. Et je n'aurai jamais pensé le faire comme ça, en terrasse de notre café fétiche, comme dans la chanson de Patriiiick Bruel alors on va se quitter, comme ça, comme des cons devant le café d'en bas ! Mais la vie est ainsi faite, peut être que je suis plus romantique que je ne le pense ? En attendant ces mots, viennent de signer le glas de notre histoire. C'était pourtant une belle journée d'automne, le soleil brille et nous réchauffe alors que les arbres rougissent, le commun des mortels reste étanche à la scène qui vient de se dérouler, le monde continue de tourner, et nous, nous sommes là, figés.
Il est évident que j'ai un sérieux manque de confiance en moi, mais cette fois, je décide pour moi et par moi et putain je suis libérée !John a le menton qui tremble, peut être pensait il que je n'en serais pas capable ?
Il faut dire qu'on ne balais pas 10 ans comme ça. Nous avons vécu des choses formidables, construit un palais de nos mains, une maison somptueuse, mon mec (enfin mon ex du coup) est un brillant chef d'entreprise, il parait improbable que je puisse décider de tout stopper et pourtant... c'est fait.
Je ne lui laisse aucune chance, je nous laisse aucune chance.- Dis moi ce que je peux faire pour te retenir ?
- Rien, ma décision est prise, je ne reviendrai pas en arrière, ça fait trop longtemps qu'on est dans cette situation, je suis épuisée de me battre pour t'arracher un sourire, j'ai besoin de libertés, c'est égoïste mais c'est comme ça.
Ça fait un moment que cette décision me trotte dans la tête. John n'est pas un mauvais garçon, bien que certaine de ses attitudes m'aient fait beaucoup de mal. Je pense qu'il a toujours agit inconsciemment et sans voir comme ses mots pouvaient être blessant. J'avais besoin qu'on m'aide a prendre confiance en moi, il a fait l'inverse. Il est extrêmement intelligent. Malheureusement il s'évertue a le prouver sans cesse, en toute modestie bien-sur, mais à coté, je suis toujours passée pour la blonde de service, j'étais finalement là pour faire jolie.
Je me suis jurée de ne lui faire aucun reproche, à quoi bon ? Nous n'allons pas nous détruire. Il semble sincèrement blessé, presque à m'en faire culpabiliser ! Mais je tiendrai bon, je sais comme il est capable de me faire sentir coupable pour tout, je ne lâcherai pas, cette fois je pars.- Il faut que tu comprennes que je ne reviendrai pas en arrière, j'ai déjà trouvé un appartement en ville comme je le désire tant depuis des année, comme tu le sais, j'emménage dans 2 semaines.
- Déjà ? Ça va tu n'as pas traîné, ça fait longtemps que tu es partie en fait, super ça fait plaisir.La colère, je m'y attendais a ça aussi, c'est légitime après tout, il est difficile d'imaginer qu'une personne puisse sauter de joie à l'annonce d'une rupture. Soit, je prends sur moi et ne répond rien. Je me lève et vais régler l'addition, en revenant, je m'excuse, lui dit a ce soir puis je retourne travailler. Depuis que je le connais, j'ai toujours souhaité un appartement en hyper centre, il me l'a toujours refusé, aujourd'hui je réalise un petit rêve, je ne le laisserai pas me gâcher ça.
Au fait, je n'ai pas fais les présentations !
Je suis Maxine, j'ai eu 30 ans cette année, blonde, souvent qualifiée de plus large que longue, fraîchement séparée. Je suis secrétaire dans une petite agence d'assurances, un travail absolument pas épanouissant et pour lequel je ne tire aucune reconnaissance de mes patrons.
Je vie à Digne, petite ville de vingt mile habitants où rien ne peut être caché et où tout fini par se savoir.
Il y a 4 ans j'ai dérapé et John l'a découvert. Une histoire que j'avais enfouie au fond de moi, comme ci elle n'avait jamais existé, comme ci cette parenthèse n'avait été qu'un rêve (ou un cauchemars) , j'avais tout fait pour dissimuler cette information afin de préserver mon couple. Je ne voyais pas l'intérêt d'aller exposer cette erreur, pour moi, l'aveu n'était qu'un élan de faiblesse sous couvert d'honnêteté. Je devais être la seule a vivre avec ça, et ma culpabilité. Je ne m'étais pas trompée, lorsque John l'a appris (alors que je l'avais sincèrement oublié moi cette histoire !) ça a été la douche froide. Pour l'un comme pour l'autre. Il était blessé dans son ego, sa fierté et dans son cœur, et moi je lui en voulais d'avoir craqué mon téléphone pour y découvrir tout ça... Nous avons essayé d'avancer, je crois, mais il n'était plus heureux, plus aucun sourire, des reproches, de la haine, du dégoût, ... Quand j'avais l'impression de passer de beaux moments, je me prenais un revers de médaille en apprenant ensuite que pour lui, ces bons moments étaient des supplices et qu'il faisait semblant. Nous avions toujours de nombreux rapports a en faire pâlir nos amis par leurs fréquences, loin de nous les une fois par semaine les bons mois, nous étions très actifs corporellement parlant, mais j'avais de plus en plus l'impression de devenir un trou, et de partager de moins en moins, le sexe est devenu une corvée que je devais réaliser pour rester normale. Alors que nous étions tellement fusionnel au début... Finalement il a fini par me traiter comme l'a fait mon amant de l'époque, il m'a séduite, consommé, puis il faisait son affaire sans se soucier de moi. J'ai fini par me lasser de me battre pour une histoire morte. Je sentais monter en moi un besoin de reconnaissance que je n'avais plus à la maison, comme 4 ans auparavant, j'ai commencé à essayer de capter le regard des hommes, et j'ai su que je risquais de recommencer, que j'allais retomber dans mes travers et devenir la chose d'un autre, mais j'ai mûri et je me respecte désormais, enfin je crois, alors je suis partie.Qui peut me blâmer ? Nous vivons dans une société d'hypocrite, d'après une étude toute à fait sérieuse, réalisée par moi et mes amies, le nombre de couples confrontés à l'infidélité réelle ou virtuelle est d'au moins 50 %... Et ce n'est que ceux qui acceptent d'en parler ! Certains ce tairont a jamais... Qui n'a jamais flirté ? Qui n'a jamais ressenti cette chaleur dans le corps quand un étranger un peu trop séduisant fixe son regard sur nous ou effleure absolument pas par hasard notre corps ?
Je n'étais finalement pas si exceptionnelle que ça, juste normale. Après tout, à l'époque des grands rois, l'infidélité faisait partie intégrante de la cours... Les maîtresses n'étaient elles pas exhibées devant tous, même devant la reine ? Étais je une si mauvaise personne ? Suis-je une mauvaise personne de vouloir explorer ça ?
Une chose est sure, j'aime plaire, j'aime être regardée, je n'aime pas passer inaperçue, c'est bien ce qui pose problème... Ce qui posait problème; parce que maintenant, je suis de nouveau célibataire et officiellement sur le marché de l'occasion et je compte bien mener une nouvelle étude scientifique ! Est il toujours possible de faire des conquêtes, beaucoup de conquêtes, même à trente ans ? Ou suis définitivement périmée ?L'orgueil est un des sept péchés capitaux, il est claire et nette maintenant que je suis orgueilleuse, mais finalement nous le sommes tous, combien d'entre nous n'a pas au moins une photos de lui dans son smartphone ? AH ! On me juge, mais je suis comme vous tous, simplement aujourd'hui, j'ai décidé de l'accepter et de vivre avec, de l'assumer. Mais avant, il me faut me reconstruire, savoir qui je suis vraiment, ce que j'aime, ce que je veux faire pour moi et moi seule.
Deux semaines après ma séparation, j'emménage dans l'appartement que j'ai trouvé en centre ville de Digne. Deux semaines de cohabitations qui se sont finalement plutôt bien déroulées, John m'a aidé a faire le tri de nos affaires et a finir mes cartons. Pas un mot plus haut que l'autre, à croire que finalement ça le soulage que je parte, si c'est le cas alors tant mieux, qu'il puisse lui aussi se reconstruire et avancer.
Il est parti dans sa famille dans le sud de la France, quand il rentrera, il n'y aura plus de trace de moi dans notre maison, je serai définitivement partie.
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journal d'une ado de 30 ans
Short StoryLa crise de la trentaine ! Personne en parle et pourtant ! Elle est là ! Dans nos petites vies provenciales à 30 ans on a fait tout ce que la société attendait de nous. Et si pour une fois on envoyait tout balader ?