Nous courrons pour notre vie. Alors que nous sommes de nouveau côte à côte les autres nous talonne de peu. Je vois dans le regard de Jules qu'il a une idée, qu'elle soit bonne ou mauvaise je prends tout de suite.
A un tournant, il tourne à gauche et me crie :
-On se retrouve là où tout a commencé ! Puis il s'élance vers l'inconnue un des deux mecs qui nous poursuit encore à ses trousses. Comprenant soudainement son plan, je prends la ruelle de droite.
Et commence à accélérer la cadence, allongeant petit à petit mes pas. Quand j'étais petite, je courrais tout le temps, j'étais même très forte pour ça...C'est peut-être ce qui va me sauver aujourd'hui.
Par malchance celui qui veut ma peau est rapide lui aussi, je vais devoir l'avoir autrement. Je suis nul en endurance et je sais pertinemment que je finirais pas ne même plus pouvoir courir. Et avec cette foutue neige, mes traces de pas laisse un énorme sillon facile à pisté. Je commence à sprinter pour essayer de mettre de l'avance entre moi et lui. La nouvelle ruelle dans laquelle je m'engage et jonché d'ancienne benne à ordures, et soudain une idée de génie me vient. Je ralentis un peu pour lui faire croire qu'il va réussir à m'attraper et pile au moment où il est presque à ma hauteur, je pousse une des poubelles derrière. Je l'entends tomber lourdement par terre et jurer par la même occasion. Cette fois, je ne l'attends plus et je cours si vite que je m'étonne moi-même. Je n'arrive plus à sentir mes jambes, j'avance c'est tout...
Le coup de la poubelle m'a laissé un léger répit. J'enchaîne les virages, jusqu'à qu'il ne puisse plus me voir directement. Alors que j'emprunte une grande avenue, je fais semblant de continuer ma course un peu puis je saute vers un des cadavres de voiture pour me mettre à couvert.
L'illusion est parfaite, mes traces de ne pas s'arrêter en plein milieux de l'avenu. Ça y est je crois que j'ai réussi à le semer, je me force à respirer doucement. Je le vois courir comme un dératé, son souffle laissant une large traîné de vapeur dans l'air. Il voit la fin de mes traces et s'arrête quelques instants. Je me recroqueville presque en espérant qu'il ne me verra pas. Il regarde à droite et à gauche, et même derrière lui. Ne comprenant pas où je suis.
Il s'avance dans ma direction, les yeux plissé son couteau dans sa main. Aussitôt mon cœur se met à battre la chamade et j'aimerais presque ne pas exister à cet instant.Suspicieux il observe les carcasses de voiture. Puis il se ravise et s'éloigne en courant dans la direction opposé à la mienne...
Même si j'ai un pistolet, je pouvais pas courir le risque d'alerter toute la ville. Et un combat au couteau aurait été trop en sa faveur, c'est un adulte moi non. Il a forcément plus de force que moi alors c'était peine perdu. Heureusement que je cours vite, je sais pas si c'est le cas pour Jules, j'espère pour lui. J'espère qu'il s'en est sorti...Même si c'est lui qui nous a autant foutus dans la merde, je n'ai pas envie qu'il en paye le prix...
Bon maintenant qu'un problème est régler, il faut que je trouve une solution à l'autre. Je sais pas du tout où je suis ! Et encore moins où se trouve l'appartement. Si je quadrille le quartier, je pourrais peut-être le trouver au plus tard ce soir...J'attends quelques minutes avant de me mettre en route, au cas où....Peut-être que le taré qui me poursuivait à eu la soudaine envie de revenir sur ses pas. Avec tout ça; je ne sais même pas si on mangera ce soir, et je sens déjà mon ventre gargouiller misérablement, la même douleur que je connais si bien maintenant me prend aux tripes. La barre de chocolat n'a pas suffi....
Traînant des pieds, je me place devant la porte de l'appartement. Je suis remplis d'appréhension...Et si, ils l'ont attrapés ? Qu'est-ce que je vais faire ? Je pose ma main sur la poignet et l'ouvre avec soulagement. Je vois Jules s'affairer dans le salon. Une sourire apparaît sur son visage et je souris légèrement moi aussi...
-Salut...Lançais-je soulagée.
Il abandonne sa besogne et se dirige vers moi
-Salut Kat'...J'ai crus qu'ils t'avaient eu...Dit-il lui aussi soulagée.
-Ah bon ? Dis-je avec étonnement. J'ai été vraiment aussi longue ?
La route pour rentrer ici n'a pas été un long fleuve tranquille. Je me suis perdu, j'ai tourné en rond, je me suis même tromper de bâtiments, mais finalement j'y suis arrivé ce n'est pas tout ce qu'y compte ?
-Je suis rentré il y a 5 heures...Avoua-t-il. J'ai eu si peur pour toi, je m'en serais voulu à vie, si t'étais morte à cause de ma connerie...
-Tu ne pouvais pas savoir qu'il y avait des mecs pas très amicales qui se terrait dans le resto...C'est comme ça on a pas eu de chance.
-Mouais, tu m'avais prévenu avant de partir...Dit-il peiné.
Il n'ose même pas me regarder, il se tient un peu loin de moi par crainte ?
-Je ne t'en veux pas arrête ça... Soufflais-je.
Il relève la tête alors, plongeant ses yeux dans les miens. Je suis incapable de le quitter du regard, c'est comme si j'étais totalement absorbé par le noir de ses yeux.
Il me prend soudain dans ses bras, et pose sa tête sur mon épaule.
Mais qu'est-ce qu'il fait ?! Étonné, je reste aussi droite qu'une statue un instant puis je l'entoure à mon tour avec mes bras.
C'est encore un inconnu pour moi, mais me laisser prendre dans ses bras à quelque chose....de rassurant ? C'est plutôt agréable même, j'ai l'impression qu'avec ce geste, je suis protégée de tout.
Nous nous détachons tous les deux presque avec regret, il pointe alors du doigt avec un air fier la table.
-J'ai préparé à manger pour me faire pardonner.
Il a disposé sur la table deux assiettes et des couverts avec des serviettes qui ont été presque épargné par la fin du monde...
-Au menu, tomate, ragoût et en dessert des ananas. Le tout-venant tout juste de sortir de sa conserve.
Nous rions tout les deux, heureux d'être en vie, heureux de s'être retrouvé. Et que ça fait du bien de rire à nouveau, j'en avais même oublier la sensation...
Nous finissons par nous installer sur nos chaises avec un sourire complice.
-Bon appétit !
-Bon appétit Madame, j'espère que vous allez apprécier ce que le chef à préparer...Dit-il amusé.
J'ai l'impression que nous revenons presque en enfance, mais ça fait du bien...De décompresser à ce point, après avoir failli mourir. N'importe qui deviendrait fou, à juste survivre au lieu de vivre. On n'est plus humain quand on oublie comment s'amuser.
Il me fait un clin d'œil alors que nous dégustons ce que j'appelle un festin. Et avec un sourire malicieux, il sort de son sac une bouteille de bière qu'il pose sur la table.
-Je l'ai trouvé dans un bar il y a quelques jours, et j'ai pas trop envie de la déguster seule. Ça te tente ? Demande-t-il emplit d'espoir.
Où il veut en venir ? J'ai déjà bu de l'alcool, bien sûr...Quand c'est la fin du monde les gens s'autorise tout ce qu'il s'interdisait auparavant. Je ne suis pas une exception, et ça semble être le cas pour lui aussi. Le truc c'est que j'avais pas vraiment aimer ça...Mais c'est toujours mieux que boire de l'eau de pluie non ? Et puis si ça peut lui faire plaisir, pourquoi pas ?
J'attrape la bouteille et je prends en même temps le décapsuleur qu'il me tends. Je me sers un grand verre de bière et le sers aussi.
-Santé Jules. Lançais-je avec un petit sourire.
Je bois cul sec le verre et le repose sur la table, un sentiment de bien-être prenant possession de mon corps. Il fait de même...
-Je ne savais pas que t'étais une grande buveuse. Plaisanta-t-il.
-Moi même, je n'en avais pas conscience. Répondis-je avec humour...
Cette soirée promet d'être pleine de rebondissements.
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Secteur 2 : La ville des morts.
HorrorIls sont deux, face à la mort. Deux orphelins, qui ont survécu au Fléau qui s'est abattu sur la France. Ils ont un seul espoir de survie, une chance de couler des jours heureux. Mais le destin à décider de se mettre en travers de leurs chemins.