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01.

P R E M I E R  C H A P I T R E ﻬ

Mercredi 02 Juillet.

« Le train de 16h43 en direction de Paris prendra départ en voie 7. »

J'avançais tête baissée. Je n'avais jamais été si inquiet de partir en vacances, ce n'était peut-être pas de simples vacances, j'avais peut-être menti. J'errais dans cette petite gare, où les gens semblaient tous si heureux, heureux d'avoir leurs proches à leurs côtés, heureux de se retrouver, heureux de partir.

Je devais être l'exception ; qui n'aurait pas été ravi d'aller visiter Paris ? À part moi, personne.

Je me postai là, comme une pauvre tâche, et attendis l'arrivée de ce foutu train. Celui qui allait m'amener dans la ville de mes rêves, la ville des lumières, celle de l'amour et de la poésie. Certes, j'avais mieux à faire : je venais de quitter l'école secondaire et allais bientôt entrer à l'université. Mais je le lui avais promis, et une promesse se doit d'être respectée, n'est-ce pas ? J'essayais en vain de me convaincre moi-même que j'allais y arriver, qu'elle allait me sourire à nouveau, qu'elle était tout sauf morte, mais je savais pertinemment qu'elle aurait pu le faire, Barbara était courageuse, tellement courageuse que ça pouvait en devenir péjoratif.

Lorsque le train arriva, j'entrai à l'intérieur et me posai sur mon siège. Le trajet durerait deux heures et dix-sept minutes pour être exact, puis j'arriverais à Paris, Gare de l'Est, et j'y serais enfin.

Trois mois, cela faisait trois mois que je n'avais aucune nouvelle d'elle. Les nombreux appels à travers tous les hôpitaux de Paris ainsi que son ancien lycée et ses proches, m'avaient rappelé la triste réalité : elle avait disparu de la circulation. Aucun d'eux ne savait où elle se trouvait et personne ne cherchait à le savoir : elle les avait prévenus, elle allait partir.

J'étais donc le seul à être au courant, le seul à savoir la vérité. Ses parents pensaient qu'elle avait besoin de liberté, ayant toujours été quelqu'un de très réservée, mais si seulement ils savaient...

*

Deux heures et dix-sept minutes plus tard, je fis mes premiers pas sur le sol parisien. Ah ! Paris, quelle belle ville, j'en étais épaté. Mais ma joie se dissipa bien vite quand je me rappelai la cause de ma venue précipitée. Elle était là, quelque part : je pouvais sentir sa présence ici, c'était sa ville, sa fabuleuse ville, là où elle sortait pour aller acheter une baguette et boire une tasse de thé sur une terrasse ensoleillée.

Je ne connaissais personne ici, mais j'avais trouvé une collocation dans le dixième arrondissement, près de la gare où j'étais arrivé. Je m'y rendis à pieds, l'appartement n'étant pas très loin - à une dizaine de minutes de la gare si j'accélérais le pas. Le temps m'était compté : je n'avais que deux mois, l'été tout entier, pour retrouver celle qui faisait chavirer mon cœur. Est-ce que je l'aimais ? C'était certain, je ne serais jamais venu sinon, je n'aurais jamais espéré, j'aurais fait l'idiot – comme ses proches, et aurais juste pensé qu'elle ne voulait simplement plus me parler. Mais entre elle et moi, c'était bien plus que cela, bien plus qu'une relation frère/sœur, ou bien meilleurs amis, ou même petits-amis, nous étions liés.

J'arrivais Impasse Boutron, c'était ici que j'allais habiter durant les prochaines semaines. Je poussais la porte de l'immeuble typiquement parisien, tout en inspectant les lieux, je montais les quelques étages et arrivais devant la colocation. Ils devaient être là. Marie, Christian ainsi que Brice et Claire, deux filles et deux garçons, j'étais le troisième. Pour peu de temps je l'espérais.

Des questions vinrent à mon esprit lorsque mon index s'appuya contre la sonnette « Et si je la retrouve ? Que vais-je faire ? Qu'allons nous vivre ? Où allons-nous aller ? Va-t-elle me prendre dans ses bras ou bien m'écraser sa paume contre la joue ? » pensai-je. J'avais les idées en pagaille, mais la porte s'ouvrit soudainement et me retira de ces réflexions bien trop rapides à mon goût ; je venais seulement d'arriver et je n'avais pas encore commencé les recherches, cela dit : ça n'allait pas tarder.