L'ancre de tes yeux (troisième mât de la Frégate)

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J'ai décrit des murmures, par les mots
que j'écris sur les murs. Ton écho
résonne sans bruit, j'en suis sûr, sonne faux :
on définit nos fractures par nos lambeaux.

Mais les définitions oublient les existences
et les sens profonds ont brûlé leur essence :
plus rien ne veut rien dire, ici-bas, et les espérances
sont nées pour se mentir dès la naissance.

À quoi j'ai cru ? Je ne sais plus. À quoi bon croire ?
Je suis venu mais j'ai rien vu : tout était noir !
Alors, j'ai pris ce chemin semé d'incertitudes
et je conte mes chagrins à ma seule solitude.

Sous la pendule, j'ai traîné ma carcasse
le long d'années nulles à respirer dans tes traces,
et tout ce temps perdu, comme moi,
et ce que je ne sais plus, et puis toi...

Au théâtre des amours se jouent les mêmes comédies :
tristes adieux et beaux retours parsèment la tragédie
qui nous tue mais qui pourtant nous donne la vie
pendant un temps, puis la reprend, et puis s'enfuit...

Quand les tangos se changent en danses funéraires
et que même les anges semblent venir de l'Enfer,
est-ce qu'il nous reste un ami au moins au cœur du froid
pour nous prêter la veste qui nous réchauffera ?

Amour ultime, mon Éternel, je gèle tout en-dedans
de la fièvre nouvelle dont brûlent mes sentiments
mais je lègue ma voix au silence entendu,
puisque tout amoureux que je sois, tu ne le seras plus.

Alors, tel l'enfant du chagrin tout tordu de douleur
de se voir nouvellement orphelin d'âme sœur,
je supplie le Père de tous les fils miséricordieux
d'accoster à nouveau ma chair à l'ancre de tes yeux...

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