Ma plus belle souffrance

Chapitre 1

Au secours.

Son cri déchirait l'obscurité, perdu à jamais dans les profondeurs des ténèbres. Ses yeux, remplis d'une terreur froide, me suppliaient. Je voulais la faire taire, une bonne fois pour toute, cependant c'était impossible. L'obscurité enveloppait mon corps, s'insinuant lentement sous ma peau. Elle influait en moi comme un venin, m'empêchant de bouger. Je suffoquais. Je tombais, m'enfonçant toujours plus dans la noirceur de ce puits sans fond. Son visage planait inlassablement au dessus de moi, tel un fantôme. Elle m'appelait. Elle prononçait mon nom dans un cri strident. Ses hurlements rebondissaient sur les parois de ce gouffre et terminaient leur course au fin fond des ténèbres.

Je ne pouvais détacher mes yeux de ses pupilles dilatées par la peur. Qui es-tu? De qui es-tu terrifiée? Les mots restèrent bloqués dans ma gorge, incapables de franchir la barrière de mes lèvres. Ce visage insaisissable, qui me hantait jour et nuit, planait au dessus de mon petit corps fragile. Ce fut lorsque je vis sa main tendue fendre mon âme que mes paupières se fermèrent.

J'ouvre brusquement les yeux apercevant une ombre penchée au dessus de mon corps encore quelque peu endormi. De douces caresses effleurent ma peau rougie par le sommeil. Non. Impossible. Pas encore. Mes paupières se ferment automatiquement. Je reste quelques instants immobile, vidant totalement mon esprit. Les paupières closes, je tente d'oublier sa présence, lorsque tout à coup, la voix de mon indomptable conscience Rebelle, résonne dans mon esprit. Ouvre les yeux! Bats toi! Mon cerveau se concentre sur cette pensée mais soudain, mon corps est secoué de spasmes violents. Ne le laisse pas te détruire une nouvelle fois. Je me débats alors furieusement afin de me débarrasser de cette emprise. Je suffoque. L'air devient irrespirable, brûlant comme un feu de cheminée. Je rassemble alors toute la force dont je suis capable afin de prononcer quelques misérables mots.

-  Lâche moi! Non! Je t'en prie!

- Bea. Calme toi. Tu es en sécurité, je suis là, souffle une voix douce.

Des mains glissent dans mes cheveux, les caressant délicatement. Ce geste si tendre me rassure instantanément. Mes muscles se détendent subitement et j'émerge, posant mon regard sur mon grand frère. Ses grands yeux turquoises sont braqués sur moi, brillant d'inquiétude.

Je reste dans ses bras quelques minutes, mon regard plongé dans ses yeux couleur océan. J'admire cette immense étendue d'eau qui ondule gracieusement sous mes yeux ébahis. Ma main effleure la surface hypnotisante de ce liquide turquoise. Mon corps se laisse alors lentement glisser dans cette eau fraîche. Je flotte tranquillement, laissant les vagues me porter loin du rivage. Lorsque j'ouvre les yeux, mon frère me tient fermement contre lui et me berce doucement.

-  Tout va bien, Bea. C'est fini.

Non c'est faux. Tellement faux. Plus rien n'ira jamais. Ce cauchemar ne cessera jamais.

***

- ... alors il a posé sa veste sur mes épaules. C'était tellement romantique. Juste lui et moi face au couché de soleil. Il m'a alors raccompagné et... Bea tu m'écoutes?

Ma meilleure amie agite sa main devant mes yeux, me sortant de ma rêverie.

-Oui... Tu disais?

- Sur quelle planète étais tu partie? Tu as l'air contrariée. Tes vacances ne se sont pas bien passées? s'inquiète alors mon amie.